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11/04/2011

Retour des vieux démons


La Côte d’Ivoire que j’ai connue jadis prospère, - c’était en 1970 lors d’un voyage initiatique sur la terre africaine - semble aujourd’hui tombée dans le chaos. J’ai bien connu le dernier carré d’Abidjan – le quartier Cocody perché sur les hauteurs - dont on parle tant aujourd’hui. Quartier huppé et riche qui abritait déjà, il y a quarante ans, les riches villas des  Ivoiriens prospères, des politiques, des ambassades dont la nôtre. C’est là que, retranché derrière de hauts rangs de palmistes, Laurent Gbagbo s’accroche au cocotier terré dans un bunker, vocable qui nous rappelle la fin d’Hitler dans les décombres de Berlin. Evidemment, Gbagbo n’est pas Hitler mais les folies de fin de règne hélas se ressemblent. L’assaut des troupes d’Alassane Ouattara a échoué hier, dit-on. Voilà qui fait désordre ! Il y a pourtant sur le terrain des troupes françaises chargées, dixit Juppé, de protéger uniquement nos compatriotes de là-bas. Ouais, c’est disons chose possible, mais dans un même temps le même Juppé ne cache pas qu’il serait préférable et temps que l’obstiné Gbagbo cède la place. D’ici à dire qu’on fera tout pour que le « préférable » advienne, il n’y a qu’un pas. Ce qui n’empêche de déclarer qu’il ne peut être question d’intervenir dans les affaires internes de la Côte d’Ivoire. On voit bien combien est fallacieux, spécieux un tel discours et que les vieux démons sont de retour. Sarkozy avait pourtant bien juré avec mâle assurance qu’avec lui il en serait fini de ce qu’on nomme suavement la Françafrique. On voit qu’il s’agit là une fois de plus d’un effet de menton ! Donc, pour se résumer, il y a bien - qu’on le présente d’une manière ou d’une autre, ingérence de la France dans les affaires ivoiriennes. On ne fera croire à personne que nos soldats comptent là-bas tous nos ressortissants. Où est donc le problème ? Craint-on que l’opinion soit contre ? Drôle de façons que d’aborder les problèmes, alors qu’il suffirait qu’on en parle franchement sans prendre les Français pour des lanternes !

 

                                                  Yves CARCHON

01/04/2011

Petites affaires en famille

  



 Naguère, le nom des Guérini, à Marseille, était associé au milieu, à la pègre la plus farouche – pègre sur laquelle, rappelons-le, s’est appuyé Gaston Defferre pour asseoir son pouvoir municipal. Aujourd’hui, ce nom-là évoque spontanément la politique, avec la figure de proue du Parti Socialiste local qu’est Jean-Noël Guérini. Autres temps, autres mœurs. Et l’on pourrait penser que l’engagement du second a largement racheté la mauvaise réputation des premiers. Ce serait, comme on dit, pécher par angélisme. Car, s’il n’y a sans doute aucun lien de parenté entre eux, le « système » mis en place par les nouveaux Guérini se rapproche, par bien des points, de celui des anciens. A tel point que, l’an dernier, Arnaud Montebourg a jeté un pavé dans la mare en diligentant une enquête sur leurs méthodes peu orthodoxes. Le résultat fut un rapport accablant où apparaissaient, notamment, des expropriations forcées, des attributions frauduleuses de marchés publics, des votes truqués et des pressions sur d’autres élus socialistes. La conclusion de Montebourg était qu’il fallait mettre la fédération socialiste des Bouches du Rhône sous tutelle, afin de ramener un peu d’ordre dans ce creuset de toutes les corruptions. Peine perdue, car si ce document a bien atterri sur le bureau de Martine Aubry, la première secrétaire du PS a préféré le mettre sous le boisseau pour ne pas accroître les divisions à l’intérieur de son parti, à un an des présidentielles. Une sage décision qui n’en a pas moins donné du grain à moudre à ses nombreux adversaires politiques.
Est-ce que, malgré tout, Jean-Noël Guérini pourrait être rattrapé par les « affaires » et devoir s’en expliquer à la justice (tout comme son frère Alexandre, actuellement en prison) ? La question, comme on dit, est sur toutes les lèvres, mais on imagine aisément la difficulté d’une telle procédure, au vu des soutiens dont il dispose encore. Le 30 mars dernier, il a même été réélu à la présidence du Conseil Général du département (poste qu’il occupe depuis 1998). Réélu « à l’africaine », avec 84,6% des suffrages exprimés, étant le seul candidat de son camp à sa propre succession, malgré bien des protestations. Bon prince, il a annoncé qu’il renoncerait à son poste de premier secrétaire de la fédération socialiste des Bouches du Rhône – un cumul parfaitement illégal mais effectif depuis six mois. C’est beau, la démocratie. 


                                            Bruno DA CAPO

18/03/2011

L’honneur est sauf




Une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU a donc décidé non sans palabres et tergiversations de stopper l’extermination programmée des insurgés lybiens que mène Kadhafi depuis des jours. On ne peut qu’applaudir. Il était temps, si ce n’est pas déjà trop tard... J’évoquais récemment dans un billet au Franc Tireur Marseillais une éventuelle partition de la Lybie. Il semblerait que l’on s’y achemine. Il est trop tôt pour en parler, mais je vois mal un Kadhafi baisser les armes. Enfin, l’ONU a accouché d’une résolution, c’est déjà ça ! La France, en tête, et l’Angleterre ont relevé la tête. Tant mieux. Il faut bien saluer ici (une fois n’est pas coutume) le courage de Sarkozy et la pugnacité d’Alain Juppé. C’est dans ces actions-là (et non dans ses postures) que l’on se représente la France dans l’imaginaire collectif. Pas dans la chasse aux sans-papiers ou un débat tendant à opposer Islam et République. Pour autant, l’initiative quoique tardive va-t-elle nous entraîner dans un bourbier ? Car s’il est clair qu’on ne pouvait laisser le Caligula lybien se livrer sans vergogne à un massacre de son peuple, il est aussi très clair que nous ne savons pas où nous mettons les pieds. On a beau dire et seriner que nous serons d’abord « chirurgicaux », qui sait où cette intervention peut nous mener ? Entendons-nous : je ne dis pas qu’il ne faut pas intervenir. Je mets seulement en garde sur le comment et le jusqu’où. Cela dit, ce qui n’est pas une mince affaire, nous avons l’aval de la Ligue arabe qui, en acceptant l’intervention, favoriserait la confirmation du printemps arabe. Autant de cartes en mains qu’il nous faudra jouer avec finesse, sachant que Kadhafi est un adepte du poker-menteur.

                                Yves CARCHON