le Franc-Tireur marseillaisblog de libre parole sur des problèmes de société2022-06-14T15:16:32+02:00All Rights Reserved blogSpiritblogSpirithttp://lefranc-tireurmarseillais.blogspirit.com/gorge profondehttp://lefranc-tireurmarseillais.blogspirit.com/about.html Retour au pèretag:lefranc-tireurmarseillais.blogspirit.com,2021-12-16:32623712021-12-16T14:03:08+01:002021-12-16T14:03:08+01:00...
<p><strong><span style="font-size: 14.0pt;"> </span></strong><span style="font-size: 18.0pt;"> </span></p><p> </p><p><span style="font-size: 14.0pt;"> </span></p><p><span style="font-size: 14.0pt;"> Eric Zemmour a mis fin au faux suspense qui entourait sa candidature à l’élection présidentielle et est entré officiellement en campagne. Si, la semaine précédente, son déplacement à Marseille avait été pour le moins houleux, son premier meeting, dimanche à Villepinte, a viré à l’affrontement ouvert. On sait depuis longtemps que la politique est un sport de combat, qu’elle entraîne souvent la violence verbale, mais aussi physique, dans son sillage. Les candidats et les élus, malgré l’important dispositif de sécurité qui les entoure, ne sont jamais à l’abri d’un attentat incontrôlable sur leur personne. François Hollande, enfariné en janvier 2012 à la Porte de Versailles, ou Emmanuel Macron, giflé cette année par un militant royaliste lors d’un déplacement dans la Drôme, en savent quelque chose. Mais là aussi il y a des degrés et ce qu’on a vu à Villepinte était d’un autre ordre : c’était une violence destinée à tuer Eric Zemmour – qui s’en tire avec une blessure au poignet. </span></p><p><span style="font-size: 14.0pt;"> </span></p><p><span style="font-size: 14.0pt;">Cette agression, qui fait suite à des menaces de mort déjà proférées à l’encontre du leader d’extrême-droite, devrait interroger tout observateur de la vie politique. Elle est l’expression d’une haine individuelle, profonde, passionnelle, spéculaire. D’une certaine façon, elle constitue un choc en retour à la haine verbale – et maintenant programmatique – que le polémiste distille depuis de nombreuses années dans les médias et dans ses livres. En se faisant l’avocat d’un régime autocratique et raciste comme le fut l’état de Vichy, en s’en prenant ouvertement aux femmes et aux « racisés » (accusés de ne pas suffisamment s’assimiler), en faisant des amalgames grossiers entre étrangers et immigrés clandestins, entre l’Islam et le terrorisme, il ne pouvait que s’attendre à des réactions violentes – et il y en aura d’autres, certainement, d’ici la fin de cette campagne présidentielle. Tant que ses thèses restaient dans l’aire médiatique, elles pouvaient être seulement contestées par des arguments rationnels. Mais lorsqu’elles deviennent les éléments d’un projet politique, on peut comprendre qu’elles hérissent et provoquent une partie de la population française.</span></p><p><span style="font-size: 14.0pt;"> </span></p><p><span style="font-size: 14.0pt;">Pourtant, ce qui s’est passé dimanche dans son meeting (expulsion des journalistes, tabassage des militants de <em>SOS racisme </em>venus manifester leur hostilité, attaque physique sur le candidat) a comme un air de déjà-vu. Cela rappelle l’ambiance qui régnait dans les réunions du Front National première manière. Car, dans les années 80-90, les échauffourées entre partisans du FN et militants de gauche n’étaient pas rares. Elles valurent quelques procès à son chef historique qui, d’ailleurs, n’hésitait pas à se jeter dans la bagarre – comme en 1997 à Mantes- la- Jolie -. C’est tout ce qu’a voulu gommer Marine Le Pen depuis son accession à la tête du parti et sa requalification en Rassemblement National. C’est tout ce que fait ressurgir Eric Zemmour avec ses thèmes de campagne sans filtre et son arrogance machiste. A tel point que l’on peut parler d’un retour au père avec lui. Mais il n’est pas certain qu’il soit le fils naturel rêvé par Jean-Marie Le Pen. </span></p><p><span style="font-size: 14.0pt;"> </span></p><p><span style="font-size: 14.0pt;"> Jacques LUCCHESI</span></p><p><span style="font-size: 14.0pt;"> </span></p>
gorge profondehttp://lefranc-tireurmarseillais.blogspirit.com/about.html Bal tragique chez les Windsortag:lefranc-tireurmarseillais.blogspirit.com,2021-04-14:32509332021-04-14T19:31:09+02:002021-04-14T19:31:09+02:00 ...
<p><strong><span style="font-size: 14.0pt;"> </span></strong></p><p><span style="font-size: 14.0pt;"> </span></p><p><span style="font-size: 14.0pt;"> </span></p><p><span style="font-size: 14.0pt;"> Le prince Philip est mort à 99 ans : paix à son âme. Mais ce non-événement – la mort d'un quasi centenaire – méritait-il que le journal télévisé du vendredi 9 avril lui consacrât la moitié de son temps d'antenne. Comme si ce jour-là, dans le monde, il n'y avait pas d'information plus importante. Est-ce que cette disparition nécessitait que France 3 bouleverse ses programmes pour diffuser, en première partie de soirée, un documentaire sur le royal défunt ? Comme si ce dernier – dont le principal titre de gloire aura été d'épouser une reine d'Angleterre – était un des grands personnages de ce monde, doté d'une réelle efficience politique ou auteur d'une invention capable d'influer sur notre destin collectif. Passe encore que les Anglais, névrotiquement attachés à leur régime monarchique, suspendent le cours de leurs activités à l'annonce de cette disparition. Mais en France, pays républicain (et régicide), une telle information ne devrait pas avoir de quoi remuer les foules. Cela n'a pas été le cas. Comme quoi il n'y a pas que l'ineffable Stéphane Bern pour éprouver chez nous la nostalgie de la monarchie.</span></p><p><strong><span style="font-size: 14.0pt;"> </span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 14.0pt;">Jacques Lucchesi</span></strong></p>
gorge profondehttp://lefranc-tireurmarseillais.blogspirit.com/about.htmlMarseille rend hommage à Samuel Patytag:lefranc-tireurmarseillais.blogspirit.com,2020-10-18:31561542020-10-18T18:51:23+02:002020-10-18T18:51:23+02:00 Le sordide assassinat de Samuel Paty, enseignant d'histoire-géo dans un...
<p><span style="font-size: large;">Le sordide assassinat de Samuel Paty, enseignant d'histoire-géo dans un collège de Conflans-Sainte Honorine, vendredi 16 octobre, a généré partout en France une vague de manifestations pour </span><span style="font-size: large;">la défense de la liberté d'expression et de la laïcité. Celle organisée à Marseille, dimanche 18 octobre, a rassemblé la foule des grands jours, comme le montrent nos photos. Plusieurs élus locaux, à commencer par la nouvelle maire Michèle Rubirola, étaient venus se mélanger aux nombreux manifestants massés sur le Vieux Port. Mais au delà des hommages compassionnels et des déclarations généreuses, de la Marseillaise entonnée en choeur et de la traditionnelle minute de silence, quelques voix discordantes s'élevaient pour réclamer des actes forts, et non des paroles, envers l'hydre de l'islamisme radical qui est loin d'être vaincu au pays de Voltaire. Souhaitons qu'elles soient davantage entendues en haut lieu. J L</span></p>
gorge profondehttp://lefranc-tireurmarseillais.blogspirit.com/about.html Elections américaines : l'invité de la dernière heuretag:lefranc-tireurmarseillais.blogspirit.com,2020-10-12:31560042020-10-12T19:54:23+02:002020-10-12T19:54:23+02:00 Après des mois passés à...
<p><strong><span style="font-size: 18.0pt;"> </span></strong></p><p><span style="font-size: 12pt;"><strong> </strong></span></p><p><span style="font-size: 12pt;"><strong> </strong></span></p><p><span style="font-size: 12pt;"> Après des mois passés à minimiser l'importance de la pandémie de Covid-19, des mois passés à critiquer les états fédéraux qui ont pris des mesures sanitaires strictes (comme la Californie), des mois de meetings à visage découvert, Donald Trump a été finalement rattrapé par le coronavirus. Lui et son épouse Mélania ont été testés positifs et astreints à l'isolement dans la Maison Blanche.Il devient ainsi le troisième chef d'état « corona-sceptique », après Boris Johnson et Jaïr Bolsonaro, à être confronté à cet ennemi invisible – qui a déjà tué plus de deux-cent mille Américains. </span></p><p><span style="font-size: 12pt;">Cette infection, qui arrive un mois à peine avant les élections de novembre, n'est certes pas un bon augure pour lui. Elle va forcément ralentir son programme de campagne et accroître, dans l'opinion publique, le discrédit qui frappait déjà son action et ses déclarations douteuses. Elle est, en revanche, du pain bénit pour ses adversaires, à commencer par Joe Biden, son adversaire démocrate, avec lequel il a violemment ferraillé lors du premier débat télévisé, lundi dernier. Beaucoup, parmi eux, vont certainement se réjouir de cette contamination qui arrive à point nommé. Peut-être même y verront-ils une forme de justice immanente vis à vis d'un président qui a privilégié la santé de l'économie américaine sur la santé de ses concitoyens ? </span></p><p><span style="font-size: 12pt;">Quoiqu'il en soit ce virus a une incontestable dimension politique. Après avoir infléchi gravement l'économie mondiale et bouleversé tous les codes sociaux, il est en passe de devenir un acteur à part entière de ces élections américaines (dont la portée internationale n'est plus à démontrer). C'est un peu l'invité surprise, l'étranger qu'on n'attendait pas, même s'il ne cesse d'obnubiler tous les dirigeants du monde.</span></p><p><span style="font-size: 12pt;">Deux possibilités se dégagent à présent. Soit Trump, - septuagénaire en surpoids – voit sa santé se dégrader et, astreint à des soins intensifs, se retrouve mis à l'écart de la vie publique, ce qui rendrait quasiment impossible sa réélection en novembre. Soit, en bon asymptomatique, il guérit rapidement et repart en campagne, transformant cet épisode infectieux en un argument favorable à sa réélection, puisqu'il prouverait le bien-fondé de son attitude désinvolte jusqu'ici. Si l'on ajoute que Joe Biden peut lui-même se retrouver dans cette situation au cours des prochaines semaines, on mesurera à quel point ces élections américaines présentent une configuration inédite. Ce qui accroît certainement leur caractère passionnant. </span></p><p><span style="font-size: 12pt;"> </span></p><p><span style="font-size: 12pt;">Jacques LUCCHESI</span></p>
gorge profondehttp://lefranc-tireurmarseillais.blogspirit.com/about.htmlMarseille : des élections municipales au forcepstag:lefranc-tireurmarseillais.blogspirit.com,2020-07-10:31520952020-07-10T17:42:20+02:002020-07-10T17:42:20+02:00 Jamais des élections municipales, à...
<p align="LEFT"> </p><p> </p><p> </p><p><span style="font-size: large;">Jamais des élections municipales, à Marseille, n'avaient ménagé un tel suspense, une telle incertitude jusqu'au bout. Pourtant, dès le premier tour le 15 mars dernier, Michèle Rubirola et le Printemps Marseillais avaient pris une option sur la victoire finale, démontrant que lorsque la Gauche parvient à se rassembler, elle peut encore s'imposer dans le jeu politique. Malgré un report inédit du second tour, une forte abstention et un confinement général de deux mois, la vague rouge et verte n'avait pas perdu son allant le 28 juin. Pourtant, dimanche dernier, si les premières estimations confirmaient en plusieurs secteurs le succès du Printemps Marseillais, les résultats définitifs tardaient à arriver dans les rédactions : il se passait forcément quelque chose et ce n'était pas du meilleur augure pour tous ceux qui espéraient un renouvellement politique à Marseille. </span></p><p> </p><p><span style="font-size: large;">Quoique l'emportant nettement en nombre de suffrages exprimés, Michèle Rubirola n'avait qu'une majorité relative avec quarante deux conseillers contre quarante et un à Martine Vassal, sa rivale des Républicains. Comment obtenir les neuf voix nécessaires pour s'assoir enfin le fauteuil de premier magistrat de la cité phocéenne ? L'enjeu n'était pas mince. C'est ce qui allait, de négociation en tractation, occuper les jours suivants dans les deux camps. Mais alors qu'on s'attendait à un combat final de reines, Martine Vassal créait la surprise en annonçant, jeudi 2 juin, son désistement au profit de Guy Teissier, figure bien connue de la droite marseillaise. Son âge et sa notoriété à l'échelon local pouvaient jouer en sa faveur dans un ultime bras de fer. </span></p><p><span style="font-size: large;">Tous les regards, à présent, se tournaient vers les outsiders, Stéphane Ravier (Rassemblement National) battu dans son propre secteur par le républicain David Galtier, mais surtout Samia Ghali (Divers Gauches) qui , pour l'emporter dans le sien (15 et 16 emes secteurs), avait refusé de se désister au profit de Jean-Marc Coppola, candidat du Printemps Marseillais. C'était elle, l'élément déterminant de ces prolongations, et elle comptait bien en profiter. Sa condition pour se rallier au Printemps Marseillais : le poste de première adjointe. Une condition inacceptable pour Michèle Rubirola qui le lui faisait clairement savoir. Qu'allait faire la sénatrice des quartiers nord, dont l'engagement politique l'avait toujours opposée à Jean-Claude Gaudin ? </span></p><p><span style="font-size: large;">Samedi 4 juillet, dans l'après-midi, au terme d'un second tour à huis-clos du conseil municipal, elle a choisi de revenir vers sa famille politique et de permettre à Michèle Rubirola de concrétiser sa victoire dans les urnes. Michèle Rubirola devient ainsi la première femme à obtenir la magistrature suprême à Marseille, mettant ainsi un terme à vingt-cinq années de gouvernance droitière et libérale. Ce ne sera pas une sinécure pour elle, car d'énormes chantiers l'attendent. Sa victoire confirme, non seulement la poussée écologiste un peu partout en France, mais aussi la place de plus en plus importante des femmes dans la vie politique française. Qui osera encore dire, au vu des résultats de ces municipales, que le patriarcat leur interdit toujours d'accéder au pouvoir ? </span></p><p> </p><p><span style="font-size: large;"><strong>Jacques LUCCHESI</strong></span></p>
gorge profondehttp://lefranc-tireurmarseillais.blogspirit.com/about.html L'amour au temps du coronavirustag:lefranc-tireurmarseillais.blogspirit.com,2020-06-05:31510442020-06-05T16:50:44+02:002020-06-05T16:50:44+02:00 ...
<p><strong><span style="font-size: 14.0pt;"> <span style="font-size: 12pt;"> </span></span></strong></p><p> </p><p> </p><p><span style="font-size: 12pt;"> Les grandes épidémies, lorsqu'elles apparaissent, surprennent toujours les gens. Aussi faut-il compter avec un moment, plus ou moins long, d'effroi et de sidération. Nous l'avons vu avec le SIDA, dans les années 80, et le froid qu'il soufflé sur les relations sexuelles, toutes orientations confondues. Maladie potentiellement mortelle, le SIDA a des modes de transmission – le sang et les secrétions sexuelles – qui ont été rapidement identifiées. Autrement dit, si l'on excepte les contaminations résultant d'une transfusion sanguine mal contrôlée, il fallait être engagé dans une relation intime pour risquer de le contracter. Et, très vite, le bon vieux préservatif s'est avéré être une barrière efficace contre lui. </span></p><p><span style="font-size: 12pt;">Avec la Covid-19, on a affaire à un virus respiratoire. Ce qui signifie que sa contagiosité est beaucoup plus aléatoire, plus immédiate que celle du SIDA. Une toux, des postillons, un éternuement peuvent en être les vecteurs si vous vous trouvez près de l'émetteur. Et c'est sans parler du toucher et des objets publics où le virus peut persister. Tout cela rend donc la transmission plus facile mais élimine aussi toute idée de faute et de culpabilité. </span></p><p><span style="font-size: 12pt;">Or, les relations humaines, qu'elles entraînent ou non des rapports sexuels, sont d'abord des relations de proximité. Elles impliquent non seulement la parole mais aussi, de manière plus sporadique, le toucher. Ce sont eux, précisément, qui sont mis à l'index par cette crise sanitaire. Comment, dans ce cas, peut-on encore draguer, badiner, voire flirter avec une telle menace ? Un masque sur le visage, même s'il met en valeur les yeux, rend difficile la parole et impossibles les baisers. Quant à caresser une main gantée de plastique, à moins d'être fétichiste du latex, ce n'est guère excitant pour la plupart d'entre nous.</span></p><p><span style="font-size: 12pt;">De fait la Covid-19, sans être une maladie spécifiquement sexuelle, peut avoir des répercussions importantes sur la sexualité de très nombreuses personnes, célibataires sans partenaire régulier, jusqu'à la suspendre pour une durée indéfinie. Bien entendu, on peut toujours outrepasser les consignes sanitaires, fut-ce au prix de l'inquiétude et de la mauvaise conscience.</span></p><p><span style="font-size: 12pt;"> Si cette épidémie perdure – ce qui risque d'être le cas -, elle sera une aubaine pour tous ceux qui, via Internet et les webcams, proposent du sexe dématérialisé. Une telle situation privilégie, en effet, l'oeil et son corollaire, l'imagination masturbatoire. Si prisé dans les années 8O-90, le téléphone érotique pourrait, lui aussi, retrouver une seconde jeunesse. Car, virus ou pas, la sexualité humaine cherche toujours à s'exprimer et s'accomplir par un moyen ou par un autre.</span></p><p> </p><p><span style="font-size: 12pt;"><strong> </strong></span></p><p><span style="font-size: 12pt;"><strong>Jacques LUCCHESI </strong></span></p>
gorge profondehttp://lefranc-tireurmarseillais.blogspirit.com/about.html Les deux écueils du politiquetag:lefranc-tireurmarseillais.blogspirit.com,2020-02-28:31473772020-02-28T18:07:44+01:002020-02-28T18:07:44+01:00 ...
<p><span style="font-size: 18.0pt;"> <span style="font-size: 12pt;"> </span></span></p><p><span style="font-size: 12pt;"> </span></p><p> </p><p><span style="font-size: 12pt;"> </span></p><p><span style="font-size: 12pt;"> C’est sans doute un lieu commun mais osons le répéter : le sexe et l’argent sont les deux principaux écueils qui menacent la navigation d’un homme politique en vue. Chaque fois que l’on veut faire échouer un candidat un peu trop ambitieux, on s’arrange pour faire émerger de son passé une affaire de malversation ou d’alcôve. Du reste, ces deux motifs d’accusation ne sont pas d’une égale indignité au regard de l’opinion publique. Le scandale financier a plus de classe, garde l’avantage sur le scandale sexuel. Parce que l’exercice du pouvoir est rarement intègre, parce qu’il est facile, à un certain niveau de responsabilité de détourner à des fins privées l’argent public (tous des pourris, c’est bien connu), l’électeur lambda a tendance à être indulgent avec ceux que le goût du lucre fait fauter : voyez<strong> François Fillon</strong> ou<strong> Patrick Balkany</strong>. Après une nécessaire période de purgatoire, certains reviennent même avec brio dans l’arène politique (comme <strong>Alain</strong> <strong>Juppé</strong>). Et si d’aventure on le leur rappelle, leurs indéfectibles supporteurs vous diront de balayer devant votre porte. Que celui qui n’a jamais péché…</span></p><p><span style="font-size: 12pt;">A l’inverse la luxure – quoique moins grave en soi pour le corps social – laisse une tâche indélébile sur une carrière politique. Elle révèle la nature d’un homme qui, bien qu’appelé aux plus hautes fonctions publiques, ne sait pas maîtriser ses pulsions. Et cette faiblesse est sans appel pour la réputation de ceux qu’elle corrode. Dans l’histoire récente la liste est longue de ceux qui ont été, du jour au lendemain, évincés de leur piédestal pour une affaire de coucherie (<strong>André Le Troquer</strong>, <strong>John Profumo</strong>, <strong>Gary Hart</strong> entre autres). A la faute sexuelle sont en plus associées la honte et la moquerie : on sait le déluge de caricatures dont <strong>DSK</strong> a fait l’objet après l’affaire du Sofitel de New-York. Ce qu’il avait fait et produit jusque là ne comptait plus pour l’opinion ; on ne voyait plus en lui que l’obsédé sexuel, le pauvre type qui a un problème de libido. </span></p><p><span style="font-size: 12pt;">Avec la mise en circulation de ses vidéos intimes, <strong>Benjamin Griveaux</strong> risque fort, lui aussi, de subir le même coup d’arrêt fatal à sa carrière. Porte-parole de l’Elysée puis tête de liste du parti présidentiel pour la mairie de Paris, il était l’une des figures de proue de la « macronie » et pouvait, à 42 ans, espérer gravir d’autres échelons. Le voici maintenant à terre, pitoyable et sans aura, malgré le soutien de la classe politique. Tout cela pour un petit moment de plaisir : quelle disproportion entre la cause et l’effet ! </span></p><p><span style="font-size: 12pt;">Son retrait immédiat de la campagne municipale a mis LREM dans l’embarras, même si on lui a aussitôt trouvé une remplaçante en la personne d’<strong>Agnès Buzyn</strong>. Est-ce néanmoins un choix judicieux ? L’ex-ministre de la santé se serait bien passée de cette désignation forcée dans le contexte actuel (crise de l’hôpital, menace du coronavirus). En outre, même si elle est parisienne, elle n’a jamais jusqu’ici brigué les suffrages des électeurs. C’est dire qu’elle a fort peu de chances de remporter cette stratégique campagne face à des candidates (<strong>Anne Hidalgo, Rachida Dati</strong>) plus légitimes qu’elle. </span></p><p><span style="font-size: 12pt;">La question qu’on doit se poser porte moins sur la moralité sexuelle de Benjamin Griveaux – qu’il soit un époux adultère, après tout, ne regarde que lui - que sur son ingénuité politique. Comment a-t-il pu, avec les responsabilités qui étaient les siennes, se laisser filmer dans une telle situation et, ainsi, favoriser ce genre de divulgations ? C’est ce qu’on appelle, sans mauvais jeu de mots, donner les verges pour se faire battre. Personne, dans son entourage, ne l’aurait donc alerté sur les risques liés à ce type d’exhibition numérique ? Cette pratique peut sembler aberrante pour tous ceux qui n’ont pas trouvé un smartphone dans leur berceau. Elle s’est pourtant répandue comme une traînée de poudre depuis quelques années. Dans une récente enquête, le magazine Hot vidéo et Cam4 révèlent que de plus en plus de jeunes français ont pris l’habitude de se filmer en situation d’intimité sexuelle, histoire de s’émoustiller. Ils seraient 46% à le faire chez les moins de 30 ans et ce goût pour le « <em>dick pik</em> » atteindrait les 53% chez les quadras – comme Griveaux -, malgré les risques de fuites malveillantes sur les réseaux sociaux (« <em>revenge porn</em> »). Est-ce là un fait de génération ? Reste que tous les exhibitionnistes du web ne briguent pas la mairie de Paris.</span></p><p><span style="font-size: 12pt;">On ne terminera pas cet article sans nommer celui par qui le scandale est arrivé, l’activiste russe <strong>Piotr Pavlenski</strong>. Dans cette affaire, on peine à comprendre la motivation artistique de ce trouble individu – la dénonciation de l’hypocrisie en politique - et surtout à l’avaliser, tellement son acte est d’une infinie bassesse. Réfugié politique depuis plusieurs années, il ne sera pas néanmoins expulsé vers son pays d’origine et c’est une générosité à mettre au compte des lois françaises. Dommage, diront certains.</span></p><p><span style="font-size: 12pt;"> </span></p><p><span style="font-size: 12pt;"><strong>Jacques Lucchesi</strong></span></p>