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18/10/2020

Marseille rend hommage à Samuel Paty

Le sordide assassinat de Samuel Paty, enseignant d'histoire-géo dans un collège de Conflans-Sainte Honorine, vendredi 16 octobre, a généré partout en France une vague de manifestations pour la défense de la liberté d'expression et de la laïcité. Celle organisée à Marseille, dimanche 18 octobre, a rassemblé la foule des grands jours, comme le montrent nos photos. Plusieurs élus locaux, à commencer par la nouvelle maire Michèle Rubirola, étaient venus se mélanger aux nombreux manifestants massés sur le Vieux Port. Mais au delà des hommages compassionnels et des déclarations généreuses, de la Marseillaise entonnée en choeur et de la traditionnelle minute de silence, quelques voix discordantes s'élevaient pour réclamer des actes forts, et non des paroles, envers l'hydre de l'islamisme radical qui est loin d'être vaincu au pays de Voltaire. Souhaitons qu'elles soient davantage entendues en haut lieu. J L

12/10/2020

      Elections américaines : l'invité de la dernière heure

 

 

 

  Après des mois passés à minimiser l'importance de la pandémie de Covid-19, des mois passés à critiquer les états fédéraux qui ont pris des mesures sanitaires strictes (comme la Californie), des mois de meetings à visage découvert, Donald Trump a été finalement rattrapé par le coronavirus. Lui et son épouse Mélania ont été testés positifs et astreints à l'isolement dans la Maison Blanche.Il devient ainsi le troisième chef d'état « corona-sceptique », après Boris Johnson et Jaïr Bolsonaro, à être confronté à cet ennemi invisible – qui a déjà tué plus de deux-cent mille Américains. 

Cette infection, qui arrive un mois à peine avant les élections de novembre, n'est certes pas un bon augure pour lui. Elle va forcément ralentir son programme de campagne et accroître, dans l'opinion publique, le discrédit qui frappait déjà son action et ses déclarations douteuses. Elle est, en revanche, du pain bénit pour ses adversaires, à commencer par Joe Biden, son adversaire démocrate, avec lequel il a violemment ferraillé lors du premier débat télévisé, lundi dernier. Beaucoup, parmi eux, vont certainement se réjouir de cette contamination qui arrive à point nommé. Peut-être même y verront-ils une forme de justice immanente vis à vis d'un président qui a privilégié la santé de l'économie américaine sur la santé de ses concitoyens ? 

Quoiqu'il en soit  ce virus a une incontestable dimension politique. Après avoir infléchi gravement l'économie mondiale et bouleversé tous les codes sociaux, il est en passe de devenir un acteur à part entière de ces élections américaines (dont la portée internationale n'est plus à démontrer). C'est un peu l'invité surprise, l'étranger qu'on n'attendait pas, même s'il ne cesse d'obnubiler tous les dirigeants du monde.

Deux possibilités se dégagent à présent. Soit Trump, - septuagénaire en surpoids – voit sa santé se dégrader et, astreint à des soins intensifs, se retrouve mis à l'écart de la vie publique, ce qui rendrait quasiment impossible sa réélection en novembre. Soit, en bon asymptomatique, il guérit rapidement et repart en campagne, transformant cet épisode infectieux en un argument favorable à sa réélection, puisqu'il prouverait le bien-fondé de son attitude désinvolte jusqu'ici. Si l'on ajoute que Joe Biden peut lui-même se retrouver dans cette situation au cours des prochaines semaines, on mesurera à quel point ces élections américaines présentent une configuration inédite. Ce qui accroît certainement leur caractère passionnant.  

 

Jacques LUCCHESI

10/07/2020

Marseille : des élections municipales au forceps

 

 

 

Jamais des élections municipales, à Marseille, n'avaient ménagé un tel suspense, une telle incertitude jusqu'au bout. Pourtant, dès le premier tour le 15 mars dernier, Michèle Rubirola et le Printemps Marseillais avaient pris une option sur la victoire finale, démontrant que lorsque la Gauche parvient à se rassembler, elle peut encore s'imposer dans le jeu politique. Malgré un report inédit du second tour, une forte abstention et un confinement général de deux mois, la vague rouge et verte n'avait pas perdu son allant le 28 juin. Pourtant, dimanche dernier, si les premières estimations confirmaient en plusieurs secteurs le succès du Printemps Marseillais, les résultats définitifs tardaient à arriver dans les rédactions : il se passait forcément quelque chose et ce n'était pas du meilleur augure pour tous ceux qui espéraient un renouvellement politique à Marseille.

 

Quoique l'emportant nettement en nombre de suffrages exprimés, Michèle Rubirola n'avait qu'une majorité relative avec quarante deux conseillers contre quarante et un à Martine Vassal, sa rivale des Républicains. Comment obtenir les neuf voix nécessaires pour s'assoir enfin le fauteuil de premier magistrat de la cité phocéenne ? L'enjeu n'était pas mince. C'est ce qui allait, de négociation en tractation, occuper les jours suivants dans les deux camps. Mais alors qu'on s'attendait à un combat final de reines, Martine Vassal créait la surprise en annonçant, jeudi 2 juin, son désistement au profit de Guy Teissier, figure bien connue de la droite marseillaise. Son âge et sa notoriété à l'échelon local pouvaient jouer en sa faveur dans un ultime bras de fer.

Tous les regards, à présent, se tournaient vers les outsiders, Stéphane Ravier (Rassemblement National) battu dans son propre secteur par le républicain David Galtier, mais surtout Samia Ghali (Divers Gauches) qui , pour l'emporter dans le sien (15 et 16 emes secteurs), avait refusé de se désister au profit de Jean-Marc Coppola, candidat du Printemps Marseillais. C'était elle, l'élément déterminant de ces prolongations, et elle comptait bien en profiter. Sa condition pour se rallier au Printemps Marseillais : le poste de première adjointe. Une condition inacceptable pour Michèle Rubirola qui le lui faisait clairement savoir. Qu'allait faire la sénatrice des quartiers nord, dont l'engagement politique l'avait toujours opposée à Jean-Claude Gaudin ?

Samedi 4 juillet, dans l'après-midi, au terme d'un second tour à huis-clos du conseil municipal, elle a choisi de revenir vers sa famille politique et de permettre à Michèle Rubirola de concrétiser sa victoire dans les urnes. Michèle Rubirola devient ainsi la première femme à obtenir la magistrature suprême à Marseille, mettant ainsi un terme à vingt-cinq années de gouvernance droitière et libérale. Ce ne sera pas une sinécure pour elle, car d'énormes chantiers l'attendent. Sa victoire confirme, non seulement la poussée écologiste un peu partout en France, mais aussi la place de plus en plus importante des femmes dans la vie politique française. Qui osera encore dire, au vu des résultats de ces municipales, que le patriarcat leur interdit toujours d'accéder au pouvoir ?

 

Jacques LUCCHESI