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20/08/2013

Vergès l’insolent

 

      

 

 

 Jacques Vergès s’est éteint à Paris, le 15 août dernier, à l’âge de 88 ans. Sa dernière provocation aura été de mourir dans l’appartement qui avait recueilli le dernier soupir de Voltaire voici 235 ans. Entre le philosophe des Lumières et « l’avocat du diable » – comme on l’a si souvent surnommé -, un parallèle peut être esquissé. Si Voltaire a pris la défense des opprimés et des insoumis de son temps  - comme le chevalier de La Barre -, Vergès, lui, a formé sa pensée à l’aune de l’anticolonialisme, sans doute aiguillé par ses origines (père réunionnais, mère vietnamienne). Courageusement il a défendu, au risque de sa  vie, ceux que la république rejetait dans les marges ou condamnait d’avance, comme les terroristes algériens lors de la guerre d’indépendance. Comme Voltaire qui contestait parfois les institutions politiques quand elles lui semblaient injustes ou intolérantes, Vergès axera ses plaidoiries sur la remise en question du système judiciaire comme reflet de la loi du plus fort : ce sera sa fameuse « défense de rupture ». Ce parti-pris politique l’entrainera à défendre principalement des personnalités criminelles honnies par l’opinion publique, tels Klaus Barbie ou Carlos. Pour Vergès, en effet, il n’y avait pas de client indéfendable, aussi monstrueux soit-il. C’était sa conception du métier d’avocat et si bien des critiques sont montées de la société civile et des associations de victimes, aucune en revanche n’est venue de ses pairs. Quoiqu’irréprochable d’un point de vue déontologique, la parcours de Jacques Vergès n’en est pas moins émaillé de zones d’ombre, la plus importante étant sa « disparition » pendant huit ans, entre 1970 et 1978. Par ailleurs, il a souvent affiché ses accointances avec le pouvoir, que ce soit celui, douteux, de la Françafrique ou celui, franchement exécrable, de dictateurs comme Pol Pot ou Saddam Hussein. Cultivant volontiers l’ambiguïté et l’insolence face aux médias, il réservera à ses nombreux ouvrages – dont « Le salaud lumineux » - sa vérité et sa réflexion sur la justice. Ces derniers temps, son narcissisme l’avait même poussé à se raconter sur la scène, mettant en lumière les liens existant entre le théâtre et le tribunal. Au cœur des drames et des conflits qui ont déchiré le XXeme siècle, Jacques Vergès laisse derrière lui l’image séduisante d’un homme de liberté plus que de convictions. Il n’empêche que les défis qu’il a relevés tout au long de sa carrière n’ont pas fini d’être médités par tous ceux qui sont engagés ou qui s’engageront dans la belle et difficile profession d’avocat.

 

 

                           Bruno DA CAPO

11/04/2011

Retour des vieux démons


La Côte d’Ivoire que j’ai connue jadis prospère, - c’était en 1970 lors d’un voyage initiatique sur la terre africaine - semble aujourd’hui tombée dans le chaos. J’ai bien connu le dernier carré d’Abidjan – le quartier Cocody perché sur les hauteurs - dont on parle tant aujourd’hui. Quartier huppé et riche qui abritait déjà, il y a quarante ans, les riches villas des  Ivoiriens prospères, des politiques, des ambassades dont la nôtre. C’est là que, retranché derrière de hauts rangs de palmistes, Laurent Gbagbo s’accroche au cocotier terré dans un bunker, vocable qui nous rappelle la fin d’Hitler dans les décombres de Berlin. Evidemment, Gbagbo n’est pas Hitler mais les folies de fin de règne hélas se ressemblent. L’assaut des troupes d’Alassane Ouattara a échoué hier, dit-on. Voilà qui fait désordre ! Il y a pourtant sur le terrain des troupes françaises chargées, dixit Juppé, de protéger uniquement nos compatriotes de là-bas. Ouais, c’est disons chose possible, mais dans un même temps le même Juppé ne cache pas qu’il serait préférable et temps que l’obstiné Gbagbo cède la place. D’ici à dire qu’on fera tout pour que le « préférable » advienne, il n’y a qu’un pas. Ce qui n’empêche de déclarer qu’il ne peut être question d’intervenir dans les affaires internes de la Côte d’Ivoire. On voit bien combien est fallacieux, spécieux un tel discours et que les vieux démons sont de retour. Sarkozy avait pourtant bien juré avec mâle assurance qu’avec lui il en serait fini de ce qu’on nomme suavement la Françafrique. On voit qu’il s’agit là une fois de plus d’un effet de menton ! Donc, pour se résumer, il y a bien - qu’on le présente d’une manière ou d’une autre, ingérence de la France dans les affaires ivoiriennes. On ne fera croire à personne que nos soldats comptent là-bas tous nos ressortissants. Où est donc le problème ? Craint-on que l’opinion soit contre ? Drôle de façons que d’aborder les problèmes, alors qu’il suffirait qu’on en parle franchement sans prendre les Français pour des lanternes !

 

                                                  Yves CARCHON