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01/04/2011

Petites affaires en famille

  



 Naguère, le nom des Guérini, à Marseille, était associé au milieu, à la pègre la plus farouche – pègre sur laquelle, rappelons-le, s’est appuyé Gaston Defferre pour asseoir son pouvoir municipal. Aujourd’hui, ce nom-là évoque spontanément la politique, avec la figure de proue du Parti Socialiste local qu’est Jean-Noël Guérini. Autres temps, autres mœurs. Et l’on pourrait penser que l’engagement du second a largement racheté la mauvaise réputation des premiers. Ce serait, comme on dit, pécher par angélisme. Car, s’il n’y a sans doute aucun lien de parenté entre eux, le « système » mis en place par les nouveaux Guérini se rapproche, par bien des points, de celui des anciens. A tel point que, l’an dernier, Arnaud Montebourg a jeté un pavé dans la mare en diligentant une enquête sur leurs méthodes peu orthodoxes. Le résultat fut un rapport accablant où apparaissaient, notamment, des expropriations forcées, des attributions frauduleuses de marchés publics, des votes truqués et des pressions sur d’autres élus socialistes. La conclusion de Montebourg était qu’il fallait mettre la fédération socialiste des Bouches du Rhône sous tutelle, afin de ramener un peu d’ordre dans ce creuset de toutes les corruptions. Peine perdue, car si ce document a bien atterri sur le bureau de Martine Aubry, la première secrétaire du PS a préféré le mettre sous le boisseau pour ne pas accroître les divisions à l’intérieur de son parti, à un an des présidentielles. Une sage décision qui n’en a pas moins donné du grain à moudre à ses nombreux adversaires politiques.
Est-ce que, malgré tout, Jean-Noël Guérini pourrait être rattrapé par les « affaires » et devoir s’en expliquer à la justice (tout comme son frère Alexandre, actuellement en prison) ? La question, comme on dit, est sur toutes les lèvres, mais on imagine aisément la difficulté d’une telle procédure, au vu des soutiens dont il dispose encore. Le 30 mars dernier, il a même été réélu à la présidence du Conseil Général du département (poste qu’il occupe depuis 1998). Réélu « à l’africaine », avec 84,6% des suffrages exprimés, étant le seul candidat de son camp à sa propre succession, malgré bien des protestations. Bon prince, il a annoncé qu’il renoncerait à son poste de premier secrétaire de la fédération socialiste des Bouches du Rhône – un cumul parfaitement illégal mais effectif depuis six mois. C’est beau, la démocratie. 


                                            Bruno DA CAPO

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