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03/04/2007

Le diviseur

Qui n’a vu un jour, dans la presse ou à la télé, la caricature de Nicolas Sarkozy par Cabu ? Sous la plume du célèbre dessinateur, l’actuel candidat de l’UMP à la présidentielle n’est pas qu’écorné mais aussi cornu. Au demeurant, les cornes dont il est affublé ne sont pas celles du cerf – symbole bien connu du cocuage, ce qui pourrait, non sans désobligeance, renvoyer à ses récentes vicissitudes conjugales – mais celles, petites et fièrement pointues, qui caractérisent depuis belle lurette les représentations populaires du démon.
Une image, dit-on, vaut mille mots. A n‘en pas douter, Cabu a saisi intuitivement un élément fondamental du personnage Sarkozy ( même si l’intéressé s’en étonne ). Car le diable, sous l’angle étymologique, est bien celui qui divise. Certes, il n’y a pas de politique idéale ; toutes, en effet, reflètent les intérêts et les appétits humains. Mais il y a des personnalités qui, pour parvenir à leurs fins, n‘hésitent pas à la tirer un peu plus vers le bas et à user de méthodes qu’il faut bien qualifier de démoniaques. Un regard, même rapide, sur l’itinéraire de Nicolas Sarkozy suffit pour constater qu’il est bel et bien placé sous ce signe. Partout où il est passé, il n’a cessé de semer la division et cela n’a fait que s’amplifier depuis qu’il occupe une position stratégique dans la hiérarchie gouvernementale. Division interne, tout d’abord, au sein de son parti et, plus largement, de la Droite : ce ne sont pas Chirac et de Villepin qui diront le contraire. Division, par ses propos, entre la magistrature et la police placée sous son égide ministériel. Division dans son appréhension de la société française actuelle, en désignant à l’opinion publique des adversaires potentiels (les jeunes révoltés des banlieues, les chômeurs de longue durée), sinon les causes mêmes du malaise social. Car ce candidat de la rupture, comme il se proclame volontiers, est en fait un candidat de la fracture. S'il parvenait au pouvoir suprême, par quelque myopie singulière de l’électorat français, tout laisse supposer que les clivages – déjà inquiétants – entre riches et pauvres dans notre pays ne feraient que s‘accroître. Nous nous dirigerions vers une société « à l’américaine » ( pour laquelle le mythe libéraliste de « l’american way of life » est depuis longtemps une vieille baderne ). Et ce ne sont pas les réformes populistes qu’il propose sur un ton patelin qui peuvent faire oublier ses accointances avec le grand patronat français dont il est le fils préféré. A la dernière campagne présidentielle, Jacques Chirac s’était – avec quelle hypocrisie ! – présenté comme le rassembleur des Français. Nicolas Sarkozy ne risque pas de reprendre à son compte cette image consensuelle. Il n’est pas plus clair, cependant, sur ses véritables intentions. Une chose et au moins certaine : cet affamé de pouvoir ne fera croire à personne qu’il est au service de la France.

Erik PANIZZA

11:25 Publié dans Numéro 3 | Lien permanent | Commentaires (0)

26/09/2006

Contretemps

( nouvelle d’anticipation)

de Jacques Lucchesi

Editions le Manuscrit


« Une invitation littéraire à regarder autrement notre quotidienneté »
( Bruno Da Capo)

Contact : www.manuscrit.com




Page 4 : monsieur François Charpentier, retraité, nous écrit :
« Je partage presqu’entièrement les idées de m. Panizza et de m.Kent au sujet des transports en commun et de l’insolence des conducteurs de véhicules. J’ai participé, en tant que représentant de l’association pré-citée ( l’association Rendez-Vous-Au-Quartier) à plusieurs réunions dites « de concertation » avant les travaux du tramway : tous les représentants d’associations ont fait remarquer qu’il était important de desservir en priorité les quartiers défavorisés et d’éviter le double-emploi avecle métro, au moins du côté de la Joliette. Mais le métro de Marseille est très en profondeur, il n’y a pas assez d’escaliers mécaniques, les stations sont souvent éloignées les unes des autres et la sécurité est douteuse. » ( extrait de sa lettre )



Le Franc-Tireur marseillais est une publication de l’association Flatus Vocis, 7 rue de l’Eglise Saint-Michel, 13005 Marseille.
Numéro d’ISSN : en cours. Reproduction interdite des textes publiés, même partielle.
Retrouvez le Franc-Tireur marseillais et son forum de discussion sur le Net : Blogspirit.com

16:30 Publié dans Numéro 2 | Lien permanent | Commentaires (0)

Résidents étrangers : le parcours du combattant

Les récentes affaires de sans-papiers et la loi de Nicolas Sarkozy en faveur d’une immigration choisie donneraient à penser que, jusqu’ici, la France était une terre d’accueil particulièrement perméable aux étrangers. Une petite enquête « sur le terrain » pourrait facilement balayer cette idée. Voici, à cette fin, le témoignage de mademoiselle B., résidente algérienne en France de façon parfaitement légale depuis dix ans. Il y a quelques temps de ça , à l’occasion d’un changement de statut professionnel, elle a dû se rendre à l’annexe de la Préfecture, rue Saint-Sébastien, qui traite , à Marseille, ces dossiers-là. Suivent ces extraits édifiants de son récit :
« 4 heures du matin. J’arrive devant les bureaux de la rue Saint-Sébastien (ils n’ouvriront qu’à 8h30 ). Surprise ! Je pensais, à cette heure-ci, être l’une des premières . Or, le grand escalier menant à la porte d’entrée est déjà saturé par trois rangées de personnes. Des enfants, des femmes et des jeunes se sont assis sur les marches. D’autres dorment à même le sol sur des cartons ; certains ont d’ailleurs pensé à amener une couverture .Il faut tenir le coup. Très peu de paroles s’échangent entre les gens. J’apprends quand même que, parmi ceux qui attendent, il y en a plusieurs qui ont été mal renseignés et sont déjà venus une ou deux fois.
Dès 8 heures, c’est la bousculade. Les bureaux vont ouvrir. Certains, qui arrivent à peine, ne font pas la queue ; ils sautent par dessus les barrières métalliques. Les policiers en faction font semblant de ne pas les voir. Indignée, j’avise un agent :
« Monsieur l’agent, si vous tolérez ces agissements, ceux qui attendent, comme moi, depuis 4 heures du matin ne pourront même pas prendre leur ticket. »
« Ce n’est pas mon problème. »
Une femme avec cinq enfants se débrouille pour passer devant tout le monde. Les policiers la laissent faire car, disent-ils, elle est prioritaire.
A l’intérieur, après avoir pris mon ticket, c’est une autre attente interminable qui commence. Au bout de plusieurs heures, mon numéro apparaît enfin. Un guichetier renfrogné me reçoit et écoute ma requête. Sa réponse me déçoit. Selon lui, travailler à mi-temps ou à plein-temps n’entraine aucun changement . Voilà ce qu’il m’invite à dire à mon employeur. Et de revenir, cas échéant. Je repars, épuisée par la faim et le manque de sommeil. »
Voilà ce que l’on peut vivre à Marseille quand on est de nationalité étrangère et qu’on a un problème administratif. Reconnaissons que ce n’est guère encourageant, surtout au pays des Droits de l’Homme.

Hubert LONDRES

16:25 Publié dans Numéro 2 | Lien permanent | Commentaires (0)