03/04/2007
En bref
Au terme d’un an et demi de procés, Saddam Hussein a été pendu à Bagdad, le 30 décembre dernier. Il n’y a pas lieu de s’apitoyer sur l’exécution de celui qui fut l’un des plus féroces dictateurs de la seconde moitié du XXeme siècle. Mais ainsi, on ne saura jamais toute l’étendue de ses crimes durant les trente années qu’il passa à la tête de l’Irak. En outre, sa pendaison aurait pu attendre deux ou trois semaines de plus ( comme ce fut le cas pour ses deux lieutenants ). Car le mettre à mort au début de l’Aïd – fête de l’alliance et du pardon chez les musulmans - était on ne peut plus malvenu. D’ici que quelques fanatiques n’en fassent un martyre de l’Islam, il n’y a pas loin…
« Charlie Hebdo » et son directeur Philippe Val ont été relaxés, le 8 février dernier, à l’issue d’un procés qui les opposaient à deux associations islamiques ainsi qu’au recteur de la Mosquée de Paris, Dalhil Boubakeur. Ceux-ci avaient porté plainte pour insultes à l’Islam et racisme après que le journal satirique ait publié, par soutien, deux des caricatures danoises de Mahomet. Un procés important , donc, et qui a rappelé, à tous ceux que cela dérange, que la liberté d’expression a encore un sens en France. Coup de chapeau au journaliste algérien Mohamed Sifaoui, musulman lui-même, qui est venu courageusement témoigner en faveur de « Charlie Hebdo ».
L’actualité de l’Eglise n’est guère reluisante et pourrait aussi donner lieu à maintes caricatures. Pas besoin de revenir sur les bourdes du Pape, à propos de l’Islam, à l’automne dernier. Mieux vaut se pencher sur l’attitude frileuse des autorités catholiques vis-à-vis de la recherche médicale, comme l’a de nouveau montré la polémique autour du populaire Téléthon. Au motif que certaines maladies – de plus en plus, en fait – impliqueraient la culture d’embryons humains pour des clonages thérapeutiques, l’Eglise tire sa sonnette d’alarme. Le droit à la vie d’êtres qui ne sont pas encore nés a sa préférence sur le droit à la vie – et à la santé - de ceux qui sont nés et qui souffrent. Bel exemple de charité ! Combien de fois faudra-t’il répéter que les embryons , constitués par quelques centaines de cellules, ne sont pas des fœtus et encore moins des personnes ? Si les choses doivent évoluer – et forcément elles évolueront -, mieux vaut , pour le bien de tous, que ce soit dans le sens de la médecine moderne. Quant aux récents scandales qui ont éclaboussé le clergé polonais, ils montrent , une fois de plus, que la résistance, sous un régime totalitaire, vient rarement de ceux qui devraient pourtant l’incarner. Mais la collusion de l’Eglise et du pouvoir est une vieille histoire, n’est-ce pas ?
Le réchauffement du climat n’est pas ce qu’on appelle une hypothèse scientifique. Chacun de nous peut en prendre la mesure sur la base des températures printanières qui ont caractérisé ce récent hiver. La principale cause de ce facteur alarmant est, on le sait bien, l’émission de co2 dans l’atmosphère, autrement dit la pollution par les carburants de transport. Il est évident que nous allons tous devoir apprendre à consommer moins d’énergie au cours des prochaines décennies. Ce qui, bien entendu, ne fait pas l’affaire de tout le monde, à commencer par les industries du pétrole et de l’automobile. C’est ainsi qu’aux USA, certaines firmes ont grassement payé des scientifiques pour qu’ils laissent planer le doute, dans leurs articles, sur les causes précises du réchauffement actuel de la planète. Le pot-aux- roses a heureusement été découvert, ce qui permet de mieux voir le lien de cause à effet entre le profit et la dégradation des conditions de vie sur terre. « Après nous la fonte des glaces » : voilà qui pourrait être la devise de General Motors. Ou de Total, ce fabriquant accidentel d’un nouveau type de galettes. Au fait, vous avez dit « galette » ?
Bruno DA CAPO
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Marseille: l'Hôtel Dieu à la casse
La nouvelle est tombée le 5 février dernier : au terme d’une séance particulièrement houleuse, le conseil municipal a fini par faire adopter le projet de vente de l’Hôtel-Dieu au groupe Axa. Une bonne affaire, assurément, car celui-ci l’a acquis pour seulement 7,5 millions d’euros, alors même que la Ville l’avait racheté à l’Assistance Publique pour 9,9 millions d’euros, quelques années auparavant. Rien n’ a pu ,encore une fois, arrêter le rouleau-compresseur de la logique libérale, pas même le rappel du passé quasi-millénaire de ce bâtiment pourtant classé monument historique. Sur les ruines de ce qui fut l’un des plus anciens hôpitaux de France – il fut actif jusqu’en 1993 – va bientôt se dresser un palace de 180 chambres et 14 suites. Inutile de préciser que les Marseillais n’en profiteront pas, même si – piètre aumôme - ce projet prévoit la construction de 75 nouveaux logements sur la face nord-est du site. Au demeurant, une petite promenade autour du Vieux Port suffit pour constater que d’autres chantiers hôteliers sont déjà avançés. Est-ce pour accueillir les touristes qui vont déferler lorsque Marseille sera élue ville culturelle européenne en 2013 ? Voilà une baudruche qui risque de se dégonfler bien vite, vu le peu de budget que l’actuelle munipalité octroît à la culture. Alors pourquoi une pareille frénésie de constructions ? « Que voulez- vous, messieurs-dames ? Pourrait dire notre bon maire avec l’accent qui fait avaler la pilule. Il faut bien que Marseille se refasse une beauté. ».
Il ne faudrait pas que ce soit toujours sur le dos des plus pauvres de ses enfants.Car ce sont eux que l’on expulse les premiers, même avec les garanties habituelles de relogement. Où iront, par exemple, ceux qui habitent l’un des 2600 logements que la municipalité a vendus, en ce même 5 février, à la Sogima pour 130 millions d’euros ? Personne, à Marseille, n’a oublié la mainmise des sociétés américaines sur une partie des immeubles de la rue de la République : on sait ce que pèse le facteur humain quand il y a des plus-values juteuses à réaliser. Jusqu’à quand ces braderies immobilières scandaleuses vont-elles se poursuivre sous nos yeux éberlués ? Monsieur Gaudin, si soucieux de redorer le blason de Marseille, ne devrait pas oublier que celle-ci est fondamentalement une ville populaire –c’est même l’un de ses charmes séculaires. Quels que soient les capitaux investis, jamais la cité phocéenne ne deviendra une seconde Nice. Mieux vaudrait, par conséquent, qu’il écoute davantage les désideratas de ses administrés plutôt que de courtiser les promoteurs immobiliers.
Hubert LONDRES
11:37 Publié dans Numéro 3 | Lien permanent | Commentaires (0)
Edito
En politique il n’y a pas d’homme – ou de femme – providentiel. Or, c’est bien de cela que cherchent à nous convaincre tous les candidats de cette campagne présidentielle. A les entendre, il n’y aurait qu’eux – à l’exclusion de tous les autres – qui détiendraient les solutions pour sortir les Français de leur morosité. Et pour satisfaire leur ambition personnelle mal déguisée en altruisme, ils sont prêts à tous les paradoxes, toutes les palinodies, toutes les contradictions, toutes les concessions. Avez-vous remarqué, dans ces nouveaux talk-shows télévisés qui offrent à un échantillon de Français moyens la possibilité de poser une question à un candidat, que celui-ci répond toujours par l’affirmative ? Oui, il a, dans son programme, la réponse à votre question et à votre attente. Oui, il est toujours disposé – du moins face aux caméras – à traiter votre cas en priorité. En somme, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes.
Seulement, à présent, personne n’est plus assez stupide pour prendre pour argent comptant leurs boniments. On sait bien où iront nos doléances quand l’un d’eux arrivera à la présidence : à la trappe ! Aussi, nous nous garderons bien, au Franc-Tireur marseillais, de donner des consignes de vote. Nous nous bornerons simplement à rappeler que la politique est l’art de gérer le plus grand nombre et que si, dans cet exercice, aucun ne peut être parfait, il y en a toutefois qui sont pires que d’autres. C’est dire que nous devrions compter davantage sur nous-mêmes pour établir, à la base, des rapports plus justes et plus harmonieux. En attendant, Marseille continue de brader son patrimoine et les sectes, ma foi, ne s’y portent pas trop mal ( voir l’article de P.C. Arcadis en page 4). Pas de quoi vraiment dormir sur ses deux oreilles.
Bruno DA CAPO
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