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26/09/2006

Résidents étrangers : le parcours du combattant

Les récentes affaires de sans-papiers et la loi de Nicolas Sarkozy en faveur d’une immigration choisie donneraient à penser que, jusqu’ici, la France était une terre d’accueil particulièrement perméable aux étrangers. Une petite enquête « sur le terrain » pourrait facilement balayer cette idée. Voici, à cette fin, le témoignage de mademoiselle B., résidente algérienne en France de façon parfaitement légale depuis dix ans. Il y a quelques temps de ça , à l’occasion d’un changement de statut professionnel, elle a dû se rendre à l’annexe de la Préfecture, rue Saint-Sébastien, qui traite , à Marseille, ces dossiers-là. Suivent ces extraits édifiants de son récit :
« 4 heures du matin. J’arrive devant les bureaux de la rue Saint-Sébastien (ils n’ouvriront qu’à 8h30 ). Surprise ! Je pensais, à cette heure-ci, être l’une des premières . Or, le grand escalier menant à la porte d’entrée est déjà saturé par trois rangées de personnes. Des enfants, des femmes et des jeunes se sont assis sur les marches. D’autres dorment à même le sol sur des cartons ; certains ont d’ailleurs pensé à amener une couverture .Il faut tenir le coup. Très peu de paroles s’échangent entre les gens. J’apprends quand même que, parmi ceux qui attendent, il y en a plusieurs qui ont été mal renseignés et sont déjà venus une ou deux fois.
Dès 8 heures, c’est la bousculade. Les bureaux vont ouvrir. Certains, qui arrivent à peine, ne font pas la queue ; ils sautent par dessus les barrières métalliques. Les policiers en faction font semblant de ne pas les voir. Indignée, j’avise un agent :
« Monsieur l’agent, si vous tolérez ces agissements, ceux qui attendent, comme moi, depuis 4 heures du matin ne pourront même pas prendre leur ticket. »
« Ce n’est pas mon problème. »
Une femme avec cinq enfants se débrouille pour passer devant tout le monde. Les policiers la laissent faire car, disent-ils, elle est prioritaire.
A l’intérieur, après avoir pris mon ticket, c’est une autre attente interminable qui commence. Au bout de plusieurs heures, mon numéro apparaît enfin. Un guichetier renfrogné me reçoit et écoute ma requête. Sa réponse me déçoit. Selon lui, travailler à mi-temps ou à plein-temps n’entraine aucun changement . Voilà ce qu’il m’invite à dire à mon employeur. Et de revenir, cas échéant. Je repars, épuisée par la faim et le manque de sommeil. »
Voilà ce que l’on peut vivre à Marseille quand on est de nationalité étrangère et qu’on a un problème administratif. Reconnaissons que ce n’est guère encourageant, surtout au pays des Droits de l’Homme.

Hubert LONDRES

16:25 Publié dans Numéro 2 | Lien permanent | Commentaires (0)

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