03/08/2009
Un poème pour l'Iran
Elections truquées, pouvoir confisqué, répression féroce, procès expéditifs : l’Iran vit aujourd’hui sous la coupe d’un tyran et c’est une situation scandaleuse au regard de nos exigences démocratiques. Las ! Nous attendons toujours en France un mouvement protestataire, une grande manifestation en faveur d’un Iran libre comme il y en a eu récemment pour soutenir les sans-papiers, les Palestiniens ou les Kurdes – causes tout aussi honorables. Alors, en attendant le dégel des consciences et le printemps iranien, nous offrons à qui voudra bien le lire ce petit poème d’une de nos correspondantes, témoignage inspiré, mélange d’admiration, d’indignation et d’espérance pour ce grand pays millénaire. En souhaitant que ces quelques mots puissent avoir l’effet d’un battement d’aile de papillon…
Bruno Da Capo
Soleil Vert
IRAN
Dès que je t'ai vu, je t'ai reconnu.
Je t'ai contemplé et tu m'as enchantée.
Dès que je t'ai connu,
Je t'ai aimé...
C'est de toi qu'est née l'humanité.
Tu es le précieux berceau de notre culture.
Rien, ni personne, n'a le droit de te maltraiter.
Pour moi, tu resteras toujours libre et pure.
IRAN
J'entends tes mélodies et tes chants.
Je perçois tes subtils accents,
Et hume tes parfums odorants.
Je goûte tes saveurs d'antan,
Et frôle la douceur de ton vent.
IRAN
Tu m'imprègnes de ta beauté
Tu me révèles le sacré.
Je suis solidaire de tous tes instants
Et accompagne le feu ardent qui anime tes enfants.
IRAN
Je suis avec toi
Et je ne t'abandonnerai pas.
Des élans de paix et de liberté montent vers toi.
Iran, nous sommes tous unis pour toi.
"Peuple iranien, vous tous, nous vous soutenons.
Le monde entier est avec vous".
Françoise
15:17 Publié dans Numéro 4 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : corps 10
Malaise à versailles
Il y aurait beaucoup à dire sur le goût du président de faire son jogging dans les jardins de Versailles. Est-ce une manière de démontrer le sentiment de sa propre royauté ? A moins que ce ne soit l’expression républicaine d’un sentiment de revanche vis-à-vis d’un pouvoir royal depuis longtemps aboli ? Quoiqu’il en soit, le « mythe » du super-président, que Sarkozy a voulu incarner depuis deux ans, est maintenant bien entamé depuis le malaise qui l’a touché le 26 juillet dernier. Quelle idée, aussi, d’aller courir en été à l’heure où le soleil est au zénith ! Quelle idée de s’imposer, à 54 ans, un entrainement et un régime alimentaire drastiques, même pour plaire à son ex-top-model d’épouse ! Quelle idée de multiplier les interventions et les voyages, tant officiels que personnels ! Autant de facteurs susceptibles de provoquer ce malaise lipothymique défini sans gravité par ses médecins. On ne discutera pas ici de la véracité – ou de l’opacité – de leur diagnostic. Ce qui semble plus évident, c’est que Nicolas Sarkozy va devoir diminuer sa cadence et sa boulimie d’activités s’il veut raisonnablement aller jusqu’au bout de son mandat. Il pourrait, par exemple, déléguer à ses ministres les tâches et missions relevant de leurs compétences, alors même que, jusqu’à présent, il avait la fâcheuse habitude de les accomplir à leur place. Au fond, tout cela recèle une morale. Car notre président vient de montrer, par l’exemple, le caractère pernicieux de son volontarisme politique. Que ce soit pour gagner plus – et souvent moins -, on ne peut pas demander aux Français de travailler plus, de toujours tirer sur la corde au détriment de leurs loisirs et de leur santé. Le remède à ce surmenage est connu de tous. Encore faut-il oser en faire un article de programme politique !
Bruno DA CAPO
14:52 Publié dans Numéro 4 | Lien permanent | Commentaires (0)
07/04/2009
Excommuniés!
De temps à autre, l’actualité nous offre involontairement des sujets de réflexion morale. Tout se passe alors comme si une succession d’éléments dramatiques s’abouchait en exemple, échappant ainsi à la fugacité du fait-divers pour éclairer plus largement l’état d’esprit d’une nation, voire d’une époque. Le dernier en date vient du Brésil où une excommunication (contre une équipe médicale et la mère d’une victime) a été prononcée, voici deux semaines, par un archevêque particulièrement dogmatique. Avant de s’interroger sur le caractère anachronique de cette sentence, il convient de résumer les faits qui l’ont entraînée. Une fillette de 9 ans, fréquemment violée par son beau-père depuis l’âge de 6 ans, s’est retrouvée précocement enceinte, qui plus est de jumeaux. Le médecin qui l’examine prescrit logiquement une interruption de grossesse, d’autant plus qu’un accouchement pourrait lui être fatal, vu sa constitution chétive. Cette mesure médicale a tout pour faire l’unanimité, y compris chez les catholiques, puisque la grossesse résulte d’un viol et qu’elle peut mettre en danger les jours de la mère. Elle rencontre cependant un opposant de taille en la personne de Dom José Cardoso Sobrinho, archevêque de Recife, pour qui « le viol est moins grave que l’avortement ». Et de frapper d’excommunication – autrement dit d’exclusion de la communauté chrétienne – la mère de l’enfant qui l’a amené à consulter, ainsi que le docteur Severiano Cavalcanti et son équipe qui l’ont avortée. La gamine, quant à elle, est épargnée en raison de son âge, de même que son abominable parâtre qui, démasqué, a été mis sous les verrous. Cette mesure, qui peut paraître dérisoire à des laïques, est gravissime pour des catholiques et tous les acteurs de cette triste histoire le sont, comme d’ailleurs la majorité des habitants du Brésil. L’affaire se répand et fait grand bruit dans l’opinion ; au point que le président Lula (lui-même chrétien) intervient dans le débat en faveur du médecin sanctionné. Le Vatican en est, bien entendu, informé et, finalement, par la bouche amène du porte-parole pontifical, le cardinal Giovanni Battista Re, il avalise la décision du prélat brésilien, car « le vrai problème, c’est que les jumeaux conçus étaient des personnes innocentes qui ne pouvaient être éliminés. »
On reste consterné devant tant de rigidité morale ; consterné par cette opiniâtreté à écarter la vérité criante des faits au profit d’une loi abstraite. Finalement, cet intégrisme-là n’a rien à envier à celui des fatwas décrétées par d’autres dignitaires religieux en d’autres parties du monde. Certes, il y a des causes historiques à ce durcissement de la parole écclésiale. On se souvient sans doute que le Brésil, voici quelques décennies, fut le champ d’expérience de la théologie de la libération professée par Dom Helder Camara. La lutte contre la misère, l’ignorance et les oppressions de toutes sortes était au centre de son programme. Un programme jugé un peu trop marxiste par Jean-Paul II qui s’appliqua, dès 1985, à y remettre de l’ordre. La nomination de Dom José Cardoso Sobrinho en est une conséquence. Il n’en reste pas moins que sa décision n’est guère propre à redorer le blason de l’Eglise. Elle donne non seulement du grain à moudre à tous ceux qui, pour une raison ou une autre, la rejettent mais elle aussi est de nature à diviser les chrétiens eux-mêmes. Une grande partie d’entre eux souhaite, on le sait, que l’Eglise ajuste davantage son discours à la réalité du monde d’aujourd’hui. Ce n’est donc pas cet arbitraire d’une autre époque, illustration assez parfaite de la lettre primant sur l’esprit, qui va apaiser leurs interrogations. Comment comprendre, en effet, qu’une telle sentence puisse être prononcée par le représentant d’une religion d’amour et de compassion, au vu du scandale que constitue en soi l’histoire de cette malheureuse fillette ? Comment justifier un pareil manque d’humanité de la part de ceux qui sont censés la protéger ? Ce sont là des questions graves et, pour une fois, reconnaissons que le vieux proverbe « vox populi, vox dei », est sans doute la conclusion qui s’impose ici.
Jacques LUCCHESI
13:37 Publié dans Numéro 4 | Lien permanent | Commentaires (0)