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03/04/2007

Marseille: l'Hôtel Dieu à la casse

La nouvelle est tombée le 5 février dernier : au terme d’une séance particulièrement houleuse, le conseil municipal a fini par faire adopter le projet de vente de l’Hôtel-Dieu au groupe Axa. Une bonne affaire, assurément, car celui-ci l’a acquis pour seulement 7,5 millions d’euros, alors même que la Ville l’avait racheté à l’Assistance Publique pour 9,9 millions d’euros, quelques années auparavant. Rien n’ a pu ,encore une fois, arrêter le rouleau-compresseur de la logique libérale, pas même le rappel du passé quasi-millénaire de ce bâtiment pourtant classé monument historique. Sur les ruines de ce qui fut l’un des plus anciens hôpitaux de France – il fut actif jusqu’en 1993 – va bientôt se dresser un palace de 180 chambres et 14 suites. Inutile de préciser que les Marseillais n’en profiteront pas, même si – piètre aumôme - ce projet prévoit la construction de 75 nouveaux logements sur la face nord-est du site. Au demeurant, une petite promenade autour du Vieux Port suffit pour constater que d’autres chantiers hôteliers sont déjà avançés. Est-ce pour accueillir les touristes qui vont déferler lorsque Marseille sera élue ville culturelle européenne en 2013 ? Voilà une baudruche qui risque de se dégonfler bien vite, vu le peu de budget que l’actuelle munipalité octroît à la culture. Alors pourquoi une pareille frénésie de constructions ? « Que voulez- vous, messieurs-dames ? Pourrait dire notre bon maire avec l’accent qui fait avaler la pilule. Il faut bien que Marseille se refasse une beauté. ».
Il ne faudrait pas que ce soit toujours sur le dos des plus pauvres de ses enfants.Car ce sont eux que l’on expulse les premiers, même avec les garanties habituelles de relogement. Où iront, par exemple, ceux qui habitent l’un des 2600 logements que la municipalité a vendus, en ce même 5 février, à la Sogima pour 130 millions d’euros ? Personne, à Marseille, n’a oublié la mainmise des sociétés américaines sur une partie des immeubles de la rue de la République : on sait ce que pèse le facteur humain quand il y a des plus-values juteuses à réaliser. Jusqu’à quand ces braderies immobilières scandaleuses vont-elles se poursuivre sous nos yeux éberlués ? Monsieur Gaudin, si soucieux de redorer le blason de Marseille, ne devrait pas oublier que celle-ci est fondamentalement une ville populaire –c’est même l’un de ses charmes séculaires. Quels que soient les capitaux investis, jamais la cité phocéenne ne deviendra une seconde Nice. Mieux vaudrait, par conséquent, qu’il écoute davantage les désideratas de ses administrés plutôt que de courtiser les promoteurs immobiliers.

Hubert LONDRES

11:37 Publié dans Numéro 3 | Lien permanent | Commentaires (0)

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