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22/07/2013

Bruissements (23)

 

E-cigarette : alors que le prix du paquet de cigarettes n’en finit pas d’augmenter - + 40 centimes, ces jours-ci -, le marché de la cigarette électronique profite de ces hausses à répétitions. En France, on estime déjà à cinq cents le nombre de boutiques diffusant cet équipement. D’origine chinois, celui-ci implique un investissement de départ d’environ 100 euros, mais l’économie se fait ensuite sur le montant des recharges par rapport à la durée et au prix moyens des paquets ordinaires. En outre, l’E-cigarette éliminerait, exception faite de la nicotine, la plupart des substances toxiques contenues dans les cigarettes en papier. Si c’est à priori un mieux pour les fumeurs invétérés, elle n’en reste pas moins une incitation à fumer, surtout pour les adolescents – cibles privilégiées de l’industrie du tabac - : car pourquoi se priver d’un plaisir s’il est (presque) exempt de tout risque ? A cette banalisation assumée s’adjoint le problème de ceux qui se croient ainsi dispensés de l’interdiction de fumer dans les lieux publics et c’est, bien sûr, source potentielle de conflits. Pour couper court à la polémique, Marisol Touraine, ministre de la santé, a décidé de bannir l’E-cigarette dans les lieux déjà interdits aux fumeurs. Un geste courageux qui confirme son souci de l’intérêt général des Français et que nous tenons à saluer ici. Reste à savoir comment se fera son application sur le terrain.

Monsanto : bonne nouvelle, aussi, pour tous ceux qui ne croient pas à la parfaite innocuité des produits transgéniques. La firme américaine Monsanto a officiellement retiré, le 17 juillet, ses demandes d’homologation pour plusieurs de ses produits en Europe (dont le maïs, le soja et la betterave à sucre). Ce retrait renforce la volonté d’interdiction de la France, mais aussi de l’Allemagne et de l’Italie, qui se sont ainsi opposées en ce domaine aux directives européennes - lesquelles avaient initialement autorisé la culture transgénique dans l’U E. Du reste, le problème continue de se poser en amont, avec les importations de fourrage américain génétiquement modifié par l’Europe. Et jusqu’à nos propres cheptels qui sont déjà nourris avec de telles semences. Chassez le transgénique par la porte, il revient par la fenêtre.

Tchernobyl : une récente étude épidémiologique, effectuée en Corse, a confirmé le lien entre la recrudescence des cancers de la thyroïde et le « nuage » de Tchernobyl, lequel fit alors (avril-mai 1986) une halte durable et remarquée sur le port d’Ajaccio. A l’époque, ses habitants avaient cru à une brume marine et des milliers de gens, au lieu de se renfermer chez eux, avaient continué d’aller et de venir, baignant ainsi dans une atmosphère radioactive. On sait désormais ce qui leur advint par la suite. Si les pouvoirs publics d’alors savaient, les populations concernées ignoraient ce qu’elles savent, presque toutes, aujourd’hui. Malgré tout, l’actuel gouvernement continue de jouer la montre vis-à-vis d’un problème qui exigerait des décisions rapides et courageuses. Ne fut-ce que pour honorer quelques promesses de campagne.

Tricastin: périodiquement, Green Peace se fait un devoir de tester la sécurité de nos centrales nucléaires et d’alerter ainsi l’opinion publique. Cette année, son choix s’est porté sur celle du Tricastin (Drôme) qui alimente en énergie la région lyonnaise et la PACA. Le 15 juillet, au petit matin, 29 de ses militants ont escaladé en toute tranquillité les murs de la centrale et ont passé ainsi trois niveaux de sécurité pour mettre le doigt là où ça fait mal, c'est-à-dire sur les fissures de la cuve du réacteur numéro 1 – dont une de 11 millimètres. Ce n’est que plusieurs heures après que les militants ont été délogés et interpellés par la police: imagine-t’on ce qu’aurait pu faire, en ce laps de temps relativement long, un commando de véritables terroristes? Mais la sécurité n’est pas plus certaine au niveau des structures internes, comme ils l’ont audacieusement montré. En fait, la vétusté de centrale du Tricastin, tout comme celles de Fessenheim, Gravelines, Bugey et Blayais, nécessiterait sa fermeture d’ici 2020. Mais quoiqu’un plan de transition énergétique soit actuellement en discussion, le poids des lobbys pro-nucléaire risque fort de peser sur les décisions gouvernementales. Dans ces conditions, ramener la part du nucléaire à 50% des fournitures énergétiques du pays a de grandes chances de revenir à un autre gouvernement que celui-ci, malgré tout ce qu’avait pu dire le candidat Hollande. C’est contre ce laxisme et ces atermoiements inquiétants que s’insurge, avec raison, Green Peace. Pour remercier l’ONG de ses actions salutaires, on envisage, place Beauvau, un renforcement des sanctions pénales pour ses membres toujours emprisonnés. Il y a quelque chose qui ne tourne pas rond chez nos dirigeants.

 

                             Erik PANIZZA

15/07/2013

La rose et la violette

 

                      

 

 Que la politique soit aussi une affaire de symboles, les maisons royales et nobiliaires nous l’ont appris depuis longtemps avec leurs armoiries et leurs blasons  rutilants - eux qui font aujourd’hui les beaux jours de l’héraldique. Plus près de nous, le coup de génie d’un François Mitterrand fut d’associer durablement le logo de la rose au parti socialiste. Une identité sans doute arbitraire et bousculée par la gouvernance de ses épigones, mais qui demeure toujours vivace dans la mémoire des Français. Est-ce que la violette arborée par les partisans de Nicolas Sarkozy, à la Ferté-Imbault, le 6 juillet dernier, aura la même postérité ? Rien n’est moins sûr. Outre qu’elle est déjà l’emblème de la ville de Toulouse, la modestie et le secret auxquels cette fleur est associée correspondent mal à la personnalité de l’ex-président. Quoiqu’il en soit celui-ci, même bardé de « casseroles » judiciaires, même désavoué par le Conseil Constitutionnel, revient peu à peu dans l’arène politique française. Ou plutôt il y est ramené par ses supporters, ce qui est différent ; comme si personne d’autre que lui, à l’UMP, ne pouvait redonner un second souffle à ce parti de pouvoir réduit, aujourd’hui, à la mendicité. Grandeur et misère de la politique ! Cela montre qu’en ce domaine – et il ne faudrait jamais l’oublier -, l’affectivité est prépondérante sur la raison. C’est pour cela que Fillon n’a aucune chance face à Sarkozy. Les militants de l’UMP ne peuvent pas entendre son discours rationnel de rénovation du parti; ils veulent un homme providentiel et croient le tenir dans l’énergique Nicolas. Et tout ce qui l’accable renforce paradoxalement leur détermination à plébisciter leur champion. De même Sarkozy fait penser à ces boxeurs que les coups de l’adversaire stimulent à la contre-attaque. Il a aussi une autre qualité : celle d’attirer l’argent. Que tant de Français soient encore prêts à mettre pour lui la main au porte-monnaie laisse dubitatif, mais c’est ainsi. Ont-ils déjà oublié les causes de sa défaite en 2012 ? Et pensent-ils naïvement qu’il pourrait faire mieux que lors de son premier quinquennat s’il revenait au pouvoir en 2017 ?  Au Franc-Tireur, évidemment, nous n’encouragerons personne à rejoindre cette secte qui n’avoue pas son nom. Quoique Copé puisse dire, la disparition de l’UMP n’entrainerait la fin de la démocratie dans ce pays. D’autres formations encore dans son ombre, d’autres hommes et femmes tout aussi pénétrés de l’idéal républicain, tout aussi désireux de gouverner, prendraient vite la relève avec, à la clé, les mêmes espoirs, les mêmes blocages, les mêmes échecs. Non, la France n’a pas besoin de l’UMP. Elle n’a pas, non plus, besoin du P S (qui pourrait bien connaître d’ici quatre ans les mêmes déboires que son concurrent). Mais eux tous à droite ou à gauche, qu’ils brandissent la rose ou la violette, ont besoin des Français pour leurs petites affaires. En ce lendemain de fête nationale, il est bon de remettre la vérité sur ses jambes.   

                                                           

                                Bruno DA CAPO

17:19 Publié dans 11 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : rose, violette, ump, porte-monnaie

08/07/2013

Virée !

 

                                   

 

  Le changement, on y a cru encore une fois ; on l’attendait même impatiemment. Las ! Un an après l’arrivée de François Hollande à l’Elysée, la France- de gauche – découvre qu’il n’y a pas de changement, et surtout pas dans la manière de gouverner. Comme avec ses prédécesseurs, un ministre doit toujours fermer sa gueule ou démissionner. Il peut aussi être viré, purement et simplement, en cas de désaccord avec la ligne directrice du gouvernement. Delphine Batho, ex-ministre de l’Ecologie depuis mardi dernier, en sait quelque chose, elle qui n’a pas accepté la rigueur budgétaire imposée aux différents corps d’état pour 2014. D’autres, en apprenant une réduction de 7% pour leur ministère, s’en seraient tenus à une grimace ; pas elle qui, dès le lendemain, vitupérait publiquement sur une radio. Rappel à l’ordre du premier ministre lui demandant de revenir sur ses déclarations intempestives. Refus catégorique de l’intéressée qui s’est vu aussitôt notifiée son renvoi du gouvernement. Sa liberté de parole entièrement retrouvée, elle ne s’est pas privée de continuer à vider son sac. Doit-on, pour autant, en faire un contre-modèle du pouvoir socialiste ? Non. Car si sur le fond, il est difficile de lui donner tort, sur la forme, en revanche, elle a failli à un élémentaire devoir de réserve. Ayrault a raison quand il exige, au sein de son gouvernement, une unité de parole et d’action. Le hic, c’est sans doute que d’autres ministres, avant Delphine Batho, ont allègrement enfreint ce commandement politique de base - à commencer par Arnaud Montebourg dans l’affaire Mittal - sans les mêmes conséquences. Au moins l’opinion sait-elle, à présent, qu’il ne faut pas se fier à la bonne mine de notre président et de son premier ministre.

Au-delà de ce cas d’espèce ministériel, c’est aussi le rapport de François Hollande à l’écologie qui est remis en question. Le limogeage de Delphine Batho dit clairement le caractère négligeable de son ministère dans le contexte actuel - et sans doute aussi l’importance des lobbys anti-écologiques en France. Si Jean-Vincent Placé, chef de file des Verts au Sénat, enfonce une porte ouverte en déclarant  qu’Hollande n’est pas écologiste, cela a quand même le mérite d’être clairement exprimé. Autrement dit, tous ceux qui appartiennent à cette sensibilité politique savent à quoi s’attendre avec lui. Ses promesses de campagne  (alors objets d’âpres négociations) ont toutes les chances de ne pas être honorées durant son quinquennat ; pas même la nécessaire fermeture de la vieille centrale nucléaire de Fessenheim ; pas même les mesures rognant le privilège fiscal du diesel qu’avait initiées Delphine Batho. Cela aurait été pourtant la marque d’un vrai changement…Reste à savoir si les candidats écologistes en tireront toutes les conséquences lors des prochaines élections.

L’ironie de l’histoire est que cette sanction envers une ministre est survenue à peu près au même moment où le gouvernement présentait un nouveau plan en faveur de la parité. Quant à son remplacement illico par Philippe Martin, le moins qu’on puisse en dire est qu’il ne laisse pas augurer une amélioration des choses en ce domaine hyper sensible.

 

                          

                                   Noël MONPERE      

19:51 Publié dans 11 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : batho, ecologie, limogeage, fessenheim