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19/04/2013

Barjot, jobards and Co

 

 

Mariage pour tous ou non ? Les Barjot et autres défenseurs de la Sainte Famille semblent vouloir jouer la montre et renverser en leur faveur l’opinion des Français qui, il y a peu encore, étaient largement favorables à l’élargissement du principe du mariage.  Mais depuis quelque temps, les « anti » ont repris du poil de la bête, usant de leur liberté de parole d’un plateau de télé à un autre. Des manifestations sont annoncées ici et là. Leur impudente passionaria a même prédit « du sang » au pouvoir hollandiste. Holà ! Serions-nous revenus aux guerres de religion ? Hélas, des extrémistes sectaires semblent tenir le haut du pavé, n’hésitant pas à remettre en question les bases de la démocratie ! En fait, ce que recherchent les « anti-mariage pour tous » c’est la confrontation brutale, voire la bavure qui pousserait Hollande à procéder à un référendum où tout serait remis en cause. Déjà, on parle dans les sondages d’une majorité plus circonspecte de Français sur la question. Si on devait passer par un référendum, rien ne dit qu’un oui franc et massif aurait des chances de l’emporter. On peut même dire, quand on connaît l’esprit frondeur, incorrigible de nos concitoyens, qu’il y aurait fort à parier que le non l’emportât. La précipitation à faire voter le texte montre il est vrai aussi un manque de sang-froid et une sainte trouille que l’affaire dégénère. Que faut-il faire ? Lâcher une nouvelle promesse de campagne – emblématique celle-là – pour retrouver la paix sociale ou s’armer de courage et laisser le Sénat faire son travail démocratique ? Pour ma part, je ne lâcherais pas, non pas uniquement pour honorer une promesse faite mais parce qu’un tel texte après bien des débats a vu le jour, qu’il ouvre à des concitoyens (qu’on ne considérait pas totalement comme tels) des droits égaux aux nôtres.


                                               Yves CARCHON


14:53 Publié dans 11 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : barjot, passionaria, famille, mariage

15/04/2013

Quelle république irréprochable !

 


L’affaire Cahuzac jette un sérieux doute sur les mœurs du pouvoir hollandiste. Où sont donc les déclarations grandiloquentes de la campagne ? Et où est la volonté de rendre la république irréprochable ? On aimerait croire que ni François Hollande, ni Jean-Marc Ayrault, ni Manuel Valls n’étaient au courant de la « double vie » du ministre du Budget. Voilà qui pourtant sème plus que du trouble dans les esprits mais une réelle suspicion : ou nos hauts dirigeants étaient naïfs, voire incompétents de n’avoir rien su sur les placements financiers et l’itinéraire de Cahuzac fréquentant des affidés du Front National, ou – ce qui est pire – ils ont couvert les choses, pensant que Médiapart ne serait pas suivi et que l’affaire n’irait pas à son terme... L’incompétence, certes, ne rassure pas, mais l’indignité encore bien moins. Nous sommes là devant une crise extrême. Il en va de la crédibilité de tout l’Exécutif, à commencer par le Président qui semble être mis à mal, voire soupçonné des pires manœuvres. En plus, comme une antienne, revient une sorte de soupçon quant à l’autorité même du chef de l’Etat. Car comment Jérôme Cahuzac a pu mentir « droit dans les yeux » au Président ? Comment a-t-il menti à ses collègues au sein du Parlement ? Si autorité il y avait, on doute qu’un ministre aurait osé défier les règles de la République. Beaucoup de suspicion, de doute, de malaise donc entoure cette incroyable affaire. On peut se réjouir que la justice ait pu faire son travail (ce qui n’était, hélas, pas le cas avec le pouvoir précédent) mais la démocratie pour fonctionner s’en trouve du coup éclaboussée, ce qui bien sûr donne des armes aux populistes de tous poils. Serions-nous retournés dans les calamiteuses années trente où nos démocraties battaient de l’aile et où chômage, faillites financières, crise morale due en partie à la faiblesse de nos élites nous préparaient l’apocalypse ? On voit bien aujourd’hui que le mal est profond, qu’il n’est pas seulement en Grèce, en Italie...Il est aussi chez nous, prêt à saper les fondements de l’exception française.


                                               Yves CARCHON



09/04/2013

Cinéma: In another country, de Hong Sang-Soo

 


Ce film sud coréen, sous des allures de cinéma à la Rohmer, nous parle d’un autre pays, la Corée du Sud, dont on perçoit même dans le titre l’étrangeté. Car il est clair que cet « autre » pays est bien évidemment celui dont veut parler le cinéaste. Une Corée du sud en pointillé, suggérée, esquissée dont on comprend qu’il manque l’essentiel. Au spectateur d’entendre ces dialogues décalés qui nous disent plus qu’un long discours. Trois histoires dans ce film, sans lien direct, si ce n’est un même lieu et un personnage féminin ayant le même prénom mais n’étant pas la même femme, jouée par Isabelle Huppert qui est ici l’Occidentale en visite dans le pays, somme de tous les fantasmes des mâles sud-coréens... On boit beaucoup, on fume sur cette plage où l’héroïne a trouvé une chambre dans un pittoresque bungalow tenue par une jeune femme affable et souriante. La rencontre avec un maître-nageur intrigue Anne, notre héroïne, qui finira dans l’une des trois histoires par partager une nuit avec l’athlète de bord de mer. Mais on voit bien que là n’est pas l’essentiel du film. L’essentiel est palpable, sans être vraiment montré. Et c’est dans ces chassés-croisés entre comique de situation et mal de vivre antonionien qu’il s’insinue. La métaphore du maître-nageur est celle du protecteur qui peut sauver des vies, celle du metteur en scène - se sentant épié sur la plage – nous renvoie à une société éternellement surveillée... Celle du phare, enfin, que cherche notre héroïne sur la plage, que personne ne connaît, symbolisant la lumière qui éclaire les consciences. Les scènes de séduction très souvent maladroites que tentent les hommes avec Anne traduisent la forte fascination qu’exerce notre monde (et donc nos valeurs) sur ces machos tournant à vide. Hong Sang-Soo, par petites touches drolatiques, souvent risibles nous donnent à voir une humanité sans espoir, sans réel avenir et dont le seul contact avec le monde occidental reste un malentendu. Mais nous, même à travers les chemins de traverse qu’il a cru emprunter pour nous parler de son pays, nous l’avons entendu. Rohmer serait ravi d’avoir fait des émules à l’autre bout du monde !

                                          


                                                    Yves CARCHON