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11/04/2014

De l’agression politique

 

 

 

 Répétons-le encore une fois : la violence a toujours, hélas, suivi la politique comme son ombre. En ce domaine, les exemples sont innombrables, même si celui de Jaurès s’impose entre tous dans la mémoire française. Oui, on se perdrait dans la recherche d’une classification des moyens employés pour faire taire, momentanément ou définitivement, un opposant ou un candidat un peu trop gênant. Du reste, c’est dans les régimes prétendument libres et démocratiques qu’elle est sans doute la plus choquante, car elle nie leur éthique politique, rejoignant insidieusement les méthodes des dictatures, leurs contre-modèles. Chez celles-ci, elle est en quelque sorte la règle et peut s’exercer n’importe quand sur n’importe qui, puisqu’il n’y a pas de lois intangibles. Certes, dans les démocraties, le pouvoir n’est pas confisqué aux citoyens mais périodiquement remis en jeu. Seulement, il s’y passe ce qui se passe dans tous les autres secteurs de la société : c’est la concurrence généralisée entre les prétendants au pouvoir, à quelque niveau qu’il se situe. Et comme le pouvoir, du moins aux yeux de ses zélateurs, constitue le bien suprême, il accroît d’autant les passions et les rivalités. Rien de paradoxal dans ce phénomène, même s’il n’en est pas moins scandaleux. Ainsi, la violence traduit l’impuissance des agresseurs et leur refus de jouer sans tricher le jeu démocratique de l’élection populaire. Sa dernière manifestation en date, c’est à Grenoble qu’on l’a vue au cours de cette récente campagne municipale. Vendredi 28 mars, Eric Piolle, candidat écologiste indépendant (depuis élu maire de Grenoble), a été frappé par le passager d’une camionnette alors qu’il circulait nuitamment en vélo. Rien de fortuit dans ce coup de pied qui l’a déséquilibré, même si cet acte minable peut sembler dérisoire au regard des violences - autrement plus graves - subies par des représentants politiques, en France et ailleurs. Rappelons que Grenoble offrait une configuration assez particulière dans ces municipales, puisque c’est la seule grande ville française – plus de 150 000 h – où un écologiste s’est retrouvé en tête dès le premier tour, devançant tant l’élu socialiste sortant que les candidats de l’UMP et du FN. On doit également souligner que les socialistes, si soucieux du « front républicain », ont maintenu leur liste au second tour contre ce candidat pourtant d’une formation alliée. Alors, dépit et vengeance d’un « gros » sur un « petit » jugé trop véloce ? L’enquête judiciaire nous le dira tôt ou tard. Peut-être grâce à l’une de ces caméras de surveillance que le nouveau maire de Grenoble voudrait – trop ingénument – retirer de sa commune.

 

 

                     Bruno DA CAPO

07/04/2014

Tandem

 

Après le scooter, le tandem ! Valls et Hollande : le feu et l’eau. L’un d’origine catalane donc de sang chaud. L’autre rompu à la manœuvre et à l’esquive mitterrandienne. Voilà qui promet de beaux jours ! Il n’est pas dit qu’Hollande nous grille Valls comme Rocard fut sacrifié en d’autres temps. Car enfin, rien ne change : ambitions qui s’affrontent, jalousies et rancoeurs qui attisent les haines, croche-pieds et peaux de banane... Le changement dans la continuité, ça ne mange pas de pain. L’ennui, c’est que continuer dans le même sens donnera les mêmes résultats que précédemment. En pire peut-être. Changer les hommes, c’est bien. Mais c’est du fond d’abord qu’il nous faudrait parler. Pourquoi ne pas annoncer clairement  aux Français les mesures draconiennes qu’ils auront à subir ? Cela suppose du courage et de la volonté, de la confiance dans ses concitoyens... Je crois que les Français sont prêts à affronter ce qui est devenu inéluctable : le redressement économique et social de notre vieux pays. Mais qu’on cesse de les balader. Qu’on n’ait crainte en haut lieu de mettre cartes sur table. Les peuples sont parfois plus sages qu’on ne croit. Mais s’il vous plaît qu’on ne tire plus un fil et sur l’autre pour entamer une réformette, ravaudant par ici de peur d’une explosion sociale par là. En mettant tout à plat, ce sera certes douloureux mais il vaut mieux tenter l’opération (avec anesthésie de préférence) que mettre un pansement sur une jambe de bois ! 

 

 

                                 Yves CARCHON

04/04/2014

Bruissements(34)

 

 

Municipales: elle a fini par déferler sur l’échiquier politique français, cette terrible « vague bleue », si attendue, si commentée. Un tsunami ? Pas vraiment, même si 142 villes (de plus de 10 000 habitants) ont été gagnées par l’UMP sur la Gauche, tandis que le Front National, si redouté, se contentait de 14 villes à l’issue de ce second tour des municipales. Il n’empêche : cela change quand même la donne et les observateurs scruteront avec attention ce qui va se passer, au cours des prochains mois, dans des villes comme Hénin-Beaumont et Béziers. On épluchera aussi la gestion de Stéphane Ravier, dans le 7eme secteur de Marseille (13eme et 14eme arrondissements), lui qui représente quelques 150 000 résidents. Pour le reste, c’est sans surprise que Jean-Claude Gaudin s’est imposé sur la coalition rose-rouge-vert emmenée par Patrick Mennucci. En revanche, Avignon est restée à gauche (malgré les craintes d’Olivier Py, directeur du festival de théâtre bien connu). Tout comme Lyon, Nantes et Strasbourg. Quant à Paris, elle a préféré - avec raison -   Anne Hidalgo à la trop ambitieuse NKM (53% contre 47%). Elle devient ainsi la première femme à occuper la fonction de maire de la capitale française. De toute cette fièvre électorale, il ressort bien des divisions, tant à droite qu’à gauche. Le fameux front républicain, pour barrer la route au FN, n’a que peu fonctionné, chaque candidat en lice songeant surtout à ses propres intérêts – d’où des triangulaires et des quadrangulaires en hausse exponentielle. L’autre point noir de ces élections, c’est bien entendu l’abstention galopante (38%, au total, soit 8% de plus qu’en 2008). Elle a été particulièrement importante chez les électeurs habitués à voter à gauche. Mais comment les en blâmer, au vu des errements gouvernementaux de ces derniers mois ? Les Français se désintéressent moins de la politique que de leurs politiques et aspirent, c’est certain, à un renouvellement. Encore faut-il que ce ne soit pas au détriment de la démocratie elle-même. Et l’on peut s’en inquiéter quand un récent sondage IPSOS fait apparaître que, pour  24% d’entre eux, elle ne serait pas indispensable.

 

Remaniement : conséquence de cette défaite cinglante pour la Gauche (et plus encore pour le gouvernement), François Hollande a accéléré le remaniement ministériel annoncé depuis quelques semaines. C’est Jean-Marc Ayrault, trop impopulaire premier ministre depuis deux ans, qui en d’abord fait les frais. Mais est-ce que le choix de Manuel Valls à la tête de l’exécutif est judicieux ? Certes, l’ex- ministre de l’Intérieur, davantage par sa personnalité que ses résultats, jouissait d’une côte de popularité durable auprès des Français. Néanmoins, il divise beaucoup dans son propre camp - beaucoup voyant en lui un Sarkozy de gauche -  et doit toujours justifier son engagement socialiste. Il confirme, en tous les cas, le virage à droite de François Hollande, même s’il entend nuancer son pacte de responsabilité par un pacte de solidarité qui allègerait la fiscalité des classes populaires. La Gauche, en tant que projet politique, apparaît de plus en plus reléguée dans les marges. Aux écologistes et au Front de Gauche d’en tirer les conséquences.

 

 Gouvernement : un gouvernement ramené à 16 portes-feuilles ministériels (plus quelques secrétaires d’état encore à désigner), une équipe bien paritaire (8 hommes et 8 femmes) : voilà ce que Manuel Valls a proposé au président pour poursuivre sa politique crypto-libérale. Pas de grand changement, comme on pouvait s’y attendre. A l’exception de Ségolène Royal (à l’écologie) et de François Rebsamen (au travail), il n’a fait que recaser, souvent sans les changer de poste, la plupart des ministres du précédent gouvernement. Les Français apprécieront. Evidemment, on n’y trouve aucune personnalité extérieure au parti socialiste – Cécile Duflot ayant, avec raison, refusé d’y participer. « Nous sommes tous des hollandais » a-t’il proclamé fièrement à la presse qui a repris le lapsus en chœur. Dans ce cas, comment doit-on désigner les habitants des Pays-Bas ? Car, évidemment, c’est « hollandiste » qui s’imposait, même à l’heure de la construction européenne. Mais qu’importe le parler juste dans une époque qui s’en soucie comme d’une guigne. L’important est d’occuper le plus possible l’espace médiatique.   

 

Football : gouverner par les passions : l’idée n’est pas nouvelle et plus d’un philosophe – on ne peut que citer ici Charles Fourier – l’a intégré à sa pensée politique. Comment est-elle arrivée jusqu’au club italien ASD Pro Calcio de Fiumicino ? Nous ne l’expliquerons pas. Toujours est-il que son entraineur a décidé de réagir à sa façon contre le décrochage scolaire. Désormais, seuls les jeunes joueurs qui auront des notes satisfaisantes pourront participer à des tournois de football. Quant aux autres, momentanément privés de pelouse, leurs résultats ont tendance à remonter sensiblement. Car le football est, sans conteste, l’une des grandes passions modernes. Et si l’Italie en est l’une des terres d’élection, cette expérience pourrait tout aussi bien s’appliquer à d’autres pays, dont la France. Voilà qui devrait inspirer Benoit Hamon, nouveau ministre de l’Education, dans la dure tâche qui l’attend.

 

 

 

                Erik PANIZZA