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23/05/2014

Le mufle du FN

 

 

On parle d’une vague FN en France pour les européennes et d’une vague populiste dans nombre pays européens. Ce qui signifie à long terme un affaiblissement de la communauté, voire une négation de ce qui fut l’esprit de ses pères fondateurs. A qui la faute ? On pourrait s’en prendre justement à nos élites qui se sont perdues dans des luttes intestines et des finasseries d’experts que personne n’a compris. Aux politiques en général qui ne voyaient que leur boutique, dont les programmes et les slogans étaient chargés d’arrière pensées. On pourrait s’émouvoir sur le manque de charisme des dirigeants européens qui se sont relayés, excepté les Delors qui avaient une vision mais pas assez d’appuis pour aller de l’avant. Aujourd’hui, l’Europe est essoufflée. Personne n’y comprend plus rien tant les intérêts de chacun des pays rassemblés sont et restent divergents. L’Europe serait-elle donc une utopie ? On pourrait le penser. L’ennui, c’est que sa demi-réussite a fait le lit à l’impatience des peuples et ce qui se profile comme un nouveau fascisme rampant. A qui la faute ? Sans doute aux peuples, à nous tous qui nous en sommes parfois remis complaisamment aux dirigeants dans lesquels on croyait. Aujourd’hui, le mufle du FN n’a jamais tant humé avec délectation le fruit d’un travail de sape qu’il mène depuis quatre décennies. Manifestement sa patience est payée de retour. Mais pour quoi ? Pour quelle anachronique impasse ? Voter FN, c’est se tirer une balle dans le pied. Sans l’Europe, la France — notre France, comme ils disent — ne pourrait affronter le rouleau compresseur de la nouvelle donne économique. Je ne parle pas de ce qu’il adviendra un jour si nos concitoyens persévèrent dans ce qu’il faut bien nommer un suicide collectif. Y penser me fait froid dans le dos. Dimanche sonnera-t-il le triomphe populiste ? Gageons que non.

 

                                         Yves CARCHON

13:54 Publié dans numéro 12 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : fn, europe, delors, utopie

19/05/2014

Sous les jupes des garçons

               

 

 Même si, en Europe, les mâles écossais arborent toujours le kilt bariolé, peu de vêtements comme la jupe sont autant associés à la féminité et à son image. Ne met-elle pas en valeur l’un des attributs sexuels principaux des femmes: leurs jambes. Voilà de quoi déplaire aux rigoristes de tout poil. C’est d’ailleurs contre ceux-là que des jeunes filles - issues de l’immigration maghrébine - l’ont remise à l’honneur, voici quelques années, dans les cités de la région parisienne. Ainsi, elles voulaient signifier leur refus d’abdiquer leur féminité face aux pressions pseudo-religieuses qu’elles subissaient quotidiennement. Avec elle le féminisme semblait trouver un souffle nouveau, plus vivant et plus sensuel que celui qui s’est depuis institutionnalisé. En 2009  un film, « La journée de la jupe » de Jean-Paul  Lilienfeld (avec Isabelle Adjani dans le rôle principal) vint faire écho à leur juste protestation avec le succès que l’on sait. Est-ce par émulation que des lycéennes de la région nantaise ont eu l’idée de créer une journée « tous en jupe » le vendredi 16 mai ? Avalisée par leur académie, cette initiative visait à brocarder les discriminations dont les filles seraient encore victimes. La nouveauté, c’est que les garçons de ces établissements  ont joué le jeu jusqu’au bout. Pour manifester leur solidarité avec leurs camarades féminines, ils ont momentanément délaissé le pantalon au profit de la scandaleuse jupe. De quoi leur faire une belle jambe ! C’était sans compter avec les questions liées aux genres qui agitent la société française depuis l’automne dernier. Et ce qui n’aurait dû être qu’un carnaval hors-saison a relancé la polémique, du moins dans les milieux traditionalistes. L’occasion était trop belle pour ne pas critiquer les décrispations identitaires portées par de récentes mesures éducatives. Voyez, braves gens, ce que ces théories absurdes  nous préparent. Tous nos repères foutent le camp. Bientôt  il n’y aura plus d’hommes dans ce pays. On connaît leur triste rengaine. Faut-il dire que ces militants alarmistes étaient encore à côté de la plaque ? Car, évidemment, les lycéens travestis voulaient exprimer tout autre chose qu’un désir de changement de sexe. Est-ce que, néanmoins, la cause qu’ils voulaient servir avait besoin d’une telle mascarade ? Ce n’est pas si certain, du moins sous l’angle théorique. On doit pouvoir encore protester contre les discriminations faites aux afro-descendants sans, pour autant se peinturlurer le visage en noir (si l’on est de race blanche). Et il en va de même pour défendre les droits des femmes si l’on est un homme. Autrement, la morale se ramène à du mimétisme. Du reste, le recours à l’imitation physique de l’autre est symptomatique, moins d’une tendance à l’indistinction des sexes (ou des races) qu’à une déperdition du logos face à l’image. Pour comprendre – et faire comprendre-, il faut montrer. C’est ce que nous disent ces sympathiques lycéens nantais qui ont remplacé le débat d’idées par le happening.

 

                         Jacques LUCCHESI

17:49 Publié dans numéro 12 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : kilt, jupe, genres, mimétisme

12/05/2014

Violences conjugales : les hommes aussi

 

 

 Les chiffres officiels du rapport 2013 sur les violences conjugales sont tombés: 146 personnes – 121 femmes et 25 hommes – ont été tués l’an dernier par leurs conjoints. Ce chiffre est inquiétant, important, trop élevé encore. Pourtant, il représente une diminution sensible des homicides domestiques  par rapport à 2012, où ce sont 174 personnes - 148 femmes et 26 hommes -  qui étaient morts ainsi. Rapporté au nombre global des assassinats commis en France chaque année, il correspond à près de 20% des victimes. Dire, par conséquent, qu’on doit les relativiser ne signifie pas – loin de là !- qu’il faille les négliger. Et l’on sait tous les efforts entrepris par l’état français – via le ministère des droits des femmes – pour lutter contre ce phénomène intolérable. La législation a été durcie contre les auteurs de violences, de nouvelles structures d’accueil et d’hébergement ont été créées et un numéro spécial – le 3919 – a été mis en service pour recueillir les appels de personnes s’estimant victimes de leur conjoint. Malgré les réticences à parler de ce problème, elles sont plus nombreuses à prendre le téléphone pour avouer l’insupportable. Ainsi, depuis janvier, le nombre des appels a largement augmenté, étant passé de 4000 à 7000. Tout cela est très bien mais force est de constater que ces mesures concernent avant tout les femmes. Certes, elles sont plus nombreuses à subir ces violences qui, encore une fois, sont intolérables. Mais que fait-on pour les 25 hommes tués dans ce cadre domestique et qui représentent quand même  un pourcentage non négligeable (20%) ? On aimerait en savoir davantage sur les conditions qui ont entrainé leurs décès. Etaient-ils homosexuels et avaient-ils un autre homme pour compagnon ? Etaient-ils des conjoints violents qui ont été tués par leurs épouses excédées ? On sait qu’en ce contexte, la violence des femmes est souvent réactive. Ou ont-ils subi, eux aussi, mais de la part de leurs épouses, un processus dégradant qui s’est avéré fatal ? Ce sont des questions qui doivent être posées et qui mériteraient une réponse claire pour mieux comprendre, mieux situer, les 25 décès masculins pointés par ce rapport. Ils disent, au moins, que la violence n’est pas le triste privilège des hommes sur les femmes. Dans ce cas, il faut réfléchir à protéger toutes les personnes, quel que soit leur sexe, de cet engrenage mortel. Repousser la violence, autant qu’elle peut l’être, de la sphère conjugale doit se faire dans un esprit plus juste et plus impartial qu’il ne l’est aujourd’hui. C’est le sens et l’invitation de ce rapport accablant.

 

 

                        Bruno DA CAPO