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23/12/2013

Lettre au Père Noël

 


En ces temps de crise je sais, Père Noël, qu’on ne peut te demander la lune. Je serai donc raisonnable pour une fois et ne m’en tiendrai qu’à de très simples doléances. Sur le plan intérieur, je pourrais ainsi te demander plus de sérénité dans la gestion des affaires de l’Etat, plus de rigueur aussi, moins de cafouillages en somme... Du boulot bien sûr, mais es-tu toi-même capable d’en donner ? Moins de misère, des logements pour les SDF, du pain pour les démunis qui ne vont même plus aux Restos du Cœur... Je souhaiterais aussi que le parti dit socialiste porte un avenir et un réel projet, comme il put le faire en d’autres temps... Que tu fasses en sorte, cher Père Noël, que l’opposition soit constructive comme son rôle l’exige... Je devine que rien n’est simple pour toi et qu’il te faudra bien du temps pour réconcilier Copé, Fillon et tous les autres...Ta hotte ne sera pas assez grande, je le présume, pour tenter de raisonner Marine. Je sais bien que Mélenchon s’entichera de ta robe rouge et qu’il s’emploiera à redistribuer tous tes cadeaux...Ne lui tiens pas trop rigueur : il voudrait que le monde change ! Pour le devenir du monde, je pourrais te demander moins de violences, moins de guerres, moins de carnages mais je sais déjà que ton traîneau n’arrêtera pas toutes ces folies... De même que je subodore que tes rennes ont de grandes chances d’être asphyxiés par les émanations de CO2 et de terminer en steaks de cheval... Je pourrais te dire qu’en sauvant les enfants martyrs, tu donnerais à mon Noël un goût moins amer comme d’aider nos vieux, nos malades à pouvoir mourir dans la dignité... Mais je crois savoir que tu as toi-même des soucis. Ainsi, quand tu ôteras ta tenue de Père Noël, tu sais que ton CDD s’arrêtera, qu’après le Pôle Nord tu devras pointer à Pole Emploi. Que rien ne sera facile pour toi, qu’on ne te fera aucun cadeau. Tu devras partir en quête du manger-boire-dormir dans l’attente d’un stage-parking, d’un petit boulot ou d’allocations chômage qui tardent à venir... Dans un an, jour pour jour, tu sais qu’une grande surface aura besoin de toi pour conditionner nos chers bambins à consommer ! Je t’embrasse, cher Père Noël. Cette année, pas de cadeaux : j’ai horreur qu’on m’embobine !

                         

                                Yves CARCHON

18/12/2013

Bruissements (29)

 


 

Mandela : de mémoire d’homme, on n’avait encore jamais assisté à un tel hommage funéraire. Même Gandhi – qui fut, lui, assassiné en 1948 – n’avait pas bénéficié d’une telle grand messe planétaire. Mardi 10 décembre, dans le stade national de Soweto plein à craquer, pas moins de 80 chefs d’état étaient présents pour commémorer la mémoire de Nelson Mandela, dont François Hollande et Nicolas Sarkozy réunis, ou presque, pour la circonstance. Que Mandela puisse fédérer à ce point n’est pas sans poser des questions. Si le combat qu’il mena contre l’Apartheid fut juste, assurément, il  reste celui d’une majorité d’opprimés contre une minorité oppressive, c'est-à-dire  une approche totalement partisane dans un pays particulier : l’Afrique du Sud. Quant aux méthodes qu’employa son parti, l’ANC, pour se hisser au pouvoir, elles demeurent plus que contestables, surtout vis-à-vis de militants noirs appartenant à d’autres formations politiques. Finalement, la vraie grandeur de Mandela sera sans doute d’avoir refusé la vengeance contre les blancs lorsqu’il fut élu président en 1994, essayant ainsi d’établir une coexistence pacifique entre ethnies que tout opposait. A l’heure actuelle, nombreux sont les régimes, en Afrique et au Moyen-Orient, qui gagneraient à s’inspirer de son exemple. Oui, à Soweto, mardi dernier, il fallait « en être », afin de prouver son attachement aux valeurs démocratiques- lesquelles n’empêchent en rien l’exploitation des peuples. Et continuer le travail de repentance qui caractérise, depuis quelques décennies, l’attitude du monde occidental vis-à-vis des anciens pays colonisés.

 

Centrafrique : Et c’est reparti dans l’ancien fief de Bokassa. Après l’intervention au Mali, en janvier dernier,  les troupes françaises vont maintenant faire la police du côté de Bangui. Mission délicate – pour ne pas dire impossible – que celle qui consiste à désarmer les factions rivales, chrétiennes et musulmanes, qui s’entre-massacrent depuis plusieurs semaines. Surtout quand c’est l’une de ces milices - la Seleka - qui assure la protection du président centrafricain, comme on l’a vu dimanche dernier, lors de la visite éclair de François Hollande. A peine de retour à Paris c’est une cérémonie aux deux (premiers) soldats tués qui l’attendait. Décolonisés mais pas trop, les Centrafricains… Car comme d’autres jeunes républiques africaines, la Centrafrique manque cruellement de structures étatiques ; situation qui fait la part belle à tous les combattants de l’ombre qui ambitionnent d’exercer un pouvoir sans limite sur les populations. D’où l’appel au secours au grand frère français qui est rappelé, contraint et forcé, dans son ancien pré carré. Du reste, ça commence à devenir une vieille habitude : rappelons que depuis les années 60, l’armée française est intervenue une quarantaine de fois dans cette région du monde. De  l’Afrique, on peut dire qu’elle est l’épreuve du feu obligée pour tout engagé qui veut faire carrière.

Sarkozy : Une fatalité. Voilà comment Nicolas Sarkozy a présenté à la presse française la perspective de son retour en politique et de sa candidature en 2017. Une fatalité ou une plaisanterie ? Devant l’état actuel de la France, « il ne pouvait pas ne pas revenir ». On appréciera la phrase doublement négative et le dévouement affiché pour justifier son insatiable appétit de pouvoir. D’autres avant lui –  dont  un certain Philippe Pétain – nous ont déjà fait le coup du sacrifice personnel ; et il n’est pas du tout certain que les Français se laissent attraper, une nouvelle fois, à ses boniments.

 

Pollution : pendant ce temps, la France connaît un nouveau pic de pollution aux particules fines. En cause le redoux et les conditions anticycloniques au dessus de nôtre territoire. Un coup d’œil sur le ciel de Paris – mais ce n’était pas mieux à Marseille – suffisait, la semaine dernière, à s’épouvanter devant l’ampleur du phénomène. Voilà l’air que les citadins respirent dans nos rues engorgées d’automobiles. Et que fait le gouvernement Ayrault pour enrayer cette lente asphyxie ? Rien. Rien de suivi, en tous les cas. A la trappe le projet de taxation majorée du diesel ! A la trappe l’écotaxe devant la colère des routiers ! Un pas en avant, un pas en arrière. Avec Hollande et sa bande, les meilleures intentions finissent toujours au fond des tiroirs. Faut-il lui rappeler que la pollution aux particules fines est responsable de 42 000 décès prématurés en France ?

 

Bitcoin : connaissez-vous le bitcoin ? C’est une monnaie numérique achetable sur le Net en vue de contourner l’hégémonie bancaire. Avec elle plus d’intermédiaire. Chacun devient son propre courtier pour spéculer ou simplement acheter en ligne. La mésaventure survenue récemment à un jeune Anglais (qui a jeté son disque dur avec 7500 bitcoins engrangés, soit l’équivalent de 7,5 millions de dollars) illustre le caractère volatile et aléatoire de cette nouvelle unité monétaire. Avec elle, les investisseurs peuvent gagner gros si elle progresse. Mais ils peuvent aussi tout perdre si elle s’effondre, et aucune banque, aucun état, ne se portera garant de leur mise. Le bitcoin, c’est le règne absolu du libre-échange. Une alternative qui en dit long sur le progressif effritement de nos institutions.

 

SMIC: eux n’achèteront certainement pas des bitcoins. Eux, c'est-à-dire les trois millions de Français dont le salaire est aligné sur le SMIC. Comme chaque année, en décembre, il a été revalorisé, mais de la façon la plus chiche qui soit : 1,1%. Autrement dit, le SMIC horaire va passer de 9,43 à 9,53 euros. Sur la base de 35 heures hebdomadaires, cela ajoutera 12 euros aux 1113 euros nets que perçoit mensuellement cette catégorie de salariés. Pas de quoi acheter des truffes à Noël. Quand on sait l’envolée des prix et le coût actuel de la vie, on aurait presque envie d’en rire si ce n’était aussi affligeant. Non, ce n’est pas avec des hausses de salaires aussi dérisoires que le gouvernement Ayrault relancera la consommation et la croissance. Car le grand problème, le principal problème en France, ce sont les salaires planchers trop bas. Et les socialistes, maintenant aux affaires,  ne s’en préoccupent pas davantage que la Droite avant eux.

 

 

                     Erik PANIZZA

10/12/2013

Mandala pour Mandela

 


C’était au temps de l’apartheid, un régime ségrégationniste qui pourchassait les Noirs parce qu’il les regardait comme des sous-hommes, un système ayant fait florès dans les démocratiques USA... C’était au temps où Nelson Mandela, premier Noir à devenir avocat en Afrique du Sud, avait été jeté en prison pour de longues années. De sa prison, il poursuivait la lutte. Il avait foi en ses idées qui devaient triompher et qui ont triomphé. Le colosse magnifique, du fond de sa cellule, livra ce qui resta le combat de sa vie : la lutte pour les Droits des Noirs à devenir des citoyens à part entière. Ce qu’ils devinrent grâce à son opiniâtre volonté et sa ténacité sans faille. C’était au temps où je lisais les grands romans de Brink qui nous donnaient le pouls de la patrie de Mandela. Puissants romans, violents et courageux, mais qui restituaient l’insoutenable vérité. Brink fut de ces éveilleurs Blancs qui dénoncèrent l’inqualifiable et qui durent s’exiler pour leurs écrits. Breyten Breytenbach fut de ceux-ci aussi. D’autres encore partagèrent ce combat en y laissant la vie. Des femmes, des hommes, Blancs, Noirs, sans distinction de peau. Tout nous paraît si loin et pourtant combien proche ! C’était au temps où tous ces écrivains faisaient une halte chez Pivot, qu’on écoutait religieusement parce qu’ils disaient la vérité d’Afrique du Sud. Brink, c’est un peu le Soljenitsyne du Cap qui nous aida à ouvrir grand les yeux et à combattre les racistes. Pour revenir à lui, il est une anecdote qui, à elle seule, résume le grand combat que menèrent Blancs et Noirs contre ce satané système. C’est celle de Mandela qui dit avoir gardé espoir dans le plus noir de sa geôle en lisant qui, je vous le donne en mille : André Brink lui-même !

                             

                                       Yves CARCHON