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10/03/2014

Mes cassettes ! Mais où sont mes cassettes ?

 

 

 

 

Patrick Buisson, qui a été directeur de Minute, ne peut être un agneau. Ce journal d’extrême droite n’a jamais fait dans la dentelle. Ni les moyens, ni la manière d’extorquer des informations pour nourrir ce journal — quand je parle de journal, je reste très poli — n’ont laissé un grand souvenir dans le monde médiatique. Dans l’ADN de Minute, il y a écoutes à l’insu des individus, captation de ragots et viols de la vie privée. Bref, comment Sarkozy et surtout ses plus fins conseillers ont-il pu s’en remettre à cet idéologue dans la filiation de Maurras et très marqué par son passé complice du FN ? Mystère. On dit même qu’aujourd’hui Copé fréquente ce Buisson... Les écoutes, on connaît : Mitterrand en son temps en usa... Là, il s’agit d’enregistrements de propos échangés entre l’ex-Président et ses proches collaborateurs et ce à leur insu, autrement dit d’un viol de la parole au sommet de l’Etat. Comment croire, comme le soutien l’avocat de Buisson, que le Président aurait pu donner son aval à ce genre d’exercice ? On attend la réponse de notre ex-président... On dit aussi que Buisson n’enregistrait que pour un verbatim futur... Peut—être. L’ennui, c’est que ces cassettes-là lui ont été volées (ou dispensées à bon escient ?...) et qu’elles échappent de fait à leur primo-détenteur. Buisson doit se rogner les ongles et clamer haut et fort ; tel un pâle Harpagon : « Mes cassettes ! Mais où sont mes cassettes ! » Tout cela pourrait être farce. Et l’on frémit rien qu’en pensant que nos énarques et l’ex—président ont lait la preuve d’une coupable légèreté en laissant pénétrer dans les salons de l’Elysée un loup comme Buisson.

 

                                            Yves CARCHON

 

 

07/03/2014

De la pédagogie féministe

                      

 

 

 Parmi les différents films et débats que diffuse, depuis près de quinze jours, la télévision française pour préparer la prochaine journée de la femme – rebaptisée justement « journée internationale des droits de la femme » -, un petit spot récurrent  mérite qu’on y accorde un peu plus d’attention. On y voit quelques symboles de notre civilisation (la chaîne de l’évolution humaine, l’homme du Nombre d’or de Léonard de Vinci, le couple figurant sur la sonde spatiale Voyager) réécrits par l’idéologie féministe actuelle. Dans les deux premiers, les hommes sont remplacés par des femmes ; quant au troisième, il montre un personnage féminin à la taille augmentée en lieu et place de son homologue masculin, de fait relégué au second plan.  Cela est à peu près aussi absurde que si un groupe de « masculinistes » critiquait le féminin du mot « république » et entreprenait de transformer Marianne en Marian.

Certes, les auteurs du clip précisent bien que ces images ne reflètent pas la réalité actuelle. Mais elles révèlent, à tout le moins, les désirs de celles qui orientent une partie de la politique gouvernementale depuis deux ans, lesquelles, regroupées en ordre de bataille derrière Najat Vallaud Belkacem,  voudraient bien favoriser ce changement de paradigme. En l’occurrence, force est de constater, une fois de plus, qu’elles ramènent le débat à la seule différence sexuelle, occultant – volontairement ? – la dimension universelle attachée à la notion d’homme. Car ce n’est pas, quoiqu’elles en pensent, l’individu de sexe masculin qui est  privilégié dans le terme « homo sapiens » (devenu, dans ce spot, « fémina sapiens »), mais la totalité de l’espèce humaine, fut-elle symbolisée par un être d’apparence masculine. Ce n’est pas, non plus, la seule partie masculine de l’humanité qui est impliquée dans l’homme cosmique de Léonard, même si celui-ci – comment pourrait-il en aller autrement ? – était conditionné par les critères esthétiques de son temps. Quant à la différence de taille entre les femmes et les hommes (au bénéfice de ces derniers), ce n’est pas la vision d’une culture phallocrate mais un fait de nature et une moyenne scientifiquement établie, constat que nous pouvons d’ailleurs faire chaque fois que nous allons nous promener. Dans l’improbable perspective d’un contact avec une civilisation extra-terrestre, il serait par conséquent fallacieux – du moins sous l’angle de l’espèce - de leur présenter un couple humain où la femme serait plus grande que l’homme.

On aurait tort de penser que ces quelques remarques portent sur des détails insignifiants, même en cette époque grevée par des menaces autrement plus concrètes. Car l’usage du neutre est fondamental dans notre langue et notre culture. Y renoncer, comme le souhaitent nos petites féministes, c’est abdiquer ce sens de l’universel inscrit au cœur de notre civilisation au profit d’une guerre permanente des valeurs liées aux genres. C’est s’engager dans une entreprise de déconstruction symbolique  où nous avons tous plus à perdre qu’à gagner. L’égalité des droits entre les femmes et les hommes, légitime et souhaitable partout sur cette planète, devrait pouvoir se faire sans ces manœuvres  pernicieuses.    

                                                 

                               Bruno DA CAPO

14:15 Publié dans numéro 12 | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : spot, vinci, marian, neutre

03/03/2014

La courbe du chômage selon Ubu

 

On se croirait parfois dans Ubu roi ! « La courbe du chômage est sur le point de s’inverser » mais ne s’inverse toujours pas, « un frémissement au niveau de l’emploi semble se dessiner » mais se profile difficilement. « Dans peu, nos entreprises devraient voir le bout du tunnel » : l’obscurité s’éclaircit certes mais la lueur paraît bien pâle... Derrière le galimatias de nos bons politiques se cache une impuissance à peine déguisée. Le bon docteur Sapin n’ose plus commenter les chiffres mensuels, d’autant quand ils remontent. L’opposition — enfin celle qui ne chicane l’os du voisin — semble aussi démunie que le gouvernement. Aux dernières nouvelles, la courbe du chômage s’envolerait dans une spirale à contre—sens, ce qui laisse augurer que le retour du plein emploi serait prévu pour 2016. D’ici là, il nous faudrait continuer à vivre, à gouverner, à supputer un avenir meilleur, à chômer — cela va de soi — en attendant des jours meilleurs. Plaisanterie mise à part, face aux Diafoirus de l’information et au déferlement de leurs amphigouriques commentaires, que reste—t—il pour espoir au citoyen chômeur ? Même plus de larmes pour pleurer. La rage, peut—être, avec le goût amer de ne pouvoir entrer dans une vie sociale normale. Des jeunes, beaucoup de jeunes, qui se demandent s’ils commenceront un jour leur vie d’adulte. Dur, dur. Et il faudrait aller voter, sachant qu’aucun de nos futurs élus ne changera vraiment le fond des choses. Ubu à une époque était franchement drôle. Aujourd’hui, il donne le tournis et a troqué ses habits de parade pour une redingote kafkaïenne !

 

                                 Yves CARCHON