30/06/2015
Les Trissotins européens
La Grèce, mauvais élève de l’Europe ? Peut-être. J’avoue avoir toujours eu un faible pour les mauvais élèves. Pourquoi ? Parce que très souvent, ils sont les révélateurs d’un système qui ne marche plus très bien. Bien souvent, nos maîtres préfèrent s’occuper des bons élèves, délaissant les autres qui, eux, ont besoin d’être guidés. L’Europe, comme hélas l’Education chez nous, bat — on le sait depuis longtemps — de l’aile. La Grèce, certes, n’a pas toujours été à la hauteur mais l’Europe et ses maîtres es—économie n’ont rien fait pour intervenir quand il l’aurait fallu. Ils ont sciemment fermé les yeux, préférant mettre un mouchoir sur sa dette devenue aujourd’hui abyssale. Les Grecs devraient maintenant la rembourser illico, alors qu’on sait qu’une telle chose est impossible. On parle de « restructurer » la dette : eh bien, faisons-le ! Que la Grèce rembourse, pourquoi pas, mais sans qu’on la presse ou la pressure. Pourquoi ne pas concevoir un calendrier plus long, qui s’étendrait sur une bonne décennie, voire plus ? Un calendrier, certes rigoureux , mais qui serait plus souple sur le long terme ? L’Angleterre, première puissance économique au XIXème siècle, était endettée elle-même jusqu’au cou. Elle a jugulé sa gigantesque dette avec le temps. Alors, que cherche-t-on à nous jouer, FMI en tête avec une Lagarde moulée dans une chape de fer ? Une tragédie antique avec fatum où la Grèce devrait mourir, immolée sur l’autel de l’Argent-Roi ? Ou une farce moliéresque où les bons docteurs sont trois fois sots comme Trissotin et plus hypocrites que Tartuffe ? Je laisse à chacun le soin de cocher l’une des deux cases !
Yves CARCHON
14:51 Publié dans numéro 15 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : grèce, europe, dette, lagarde
23/05/2014
Le mufle du FN
On parle d’une vague FN en France pour les européennes et d’une vague populiste dans nombre pays européens. Ce qui signifie à long terme un affaiblissement de la communauté, voire une négation de ce qui fut l’esprit de ses pères fondateurs. A qui la faute ? On pourrait s’en prendre justement à nos élites qui se sont perdues dans des luttes intestines et des finasseries d’experts que personne n’a compris. Aux politiques en général qui ne voyaient que leur boutique, dont les programmes et les slogans étaient chargés d’arrière pensées. On pourrait s’émouvoir sur le manque de charisme des dirigeants européens qui se sont relayés, excepté les Delors qui avaient une vision mais pas assez d’appuis pour aller de l’avant. Aujourd’hui, l’Europe est essoufflée. Personne n’y comprend plus rien tant les intérêts de chacun des pays rassemblés sont et restent divergents. L’Europe serait-elle donc une utopie ? On pourrait le penser. L’ennui, c’est que sa demi-réussite a fait le lit à l’impatience des peuples et ce qui se profile comme un nouveau fascisme rampant. A qui la faute ? Sans doute aux peuples, à nous tous qui nous en sommes parfois remis complaisamment aux dirigeants dans lesquels on croyait. Aujourd’hui, le mufle du FN n’a jamais tant humé avec délectation le fruit d’un travail de sape qu’il mène depuis quatre décennies. Manifestement sa patience est payée de retour. Mais pour quoi ? Pour quelle anachronique impasse ? Voter FN, c’est se tirer une balle dans le pied. Sans l’Europe, la France — notre France, comme ils disent — ne pourrait affronter le rouleau compresseur de la nouvelle donne économique. Je ne parle pas de ce qu’il adviendra un jour si nos concitoyens persévèrent dans ce qu’il faut bien nommer un suicide collectif. Y penser me fait froid dans le dos. Dimanche sonnera-t-il le triomphe populiste ? Gageons que non.
Yves CARCHON
13:54 Publié dans numéro 12 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : fn, europe, delors, utopie
14/10/2013
Vers la fin de l’Europe ?
L’Europe est-elle en voie de désagrégation ? Après avoir été « en panne », comme l’ont scandé tous nos commentateurs, la voilà « en sursis ». Certains disent même qu’elle est en état de mort avancée. Une chose est sûre : rien ne va plus entre les citoyens européens et tous leurs eurocrates. Ce projet collectif, qui devait faire du continent européen une puissance économique et politique, et dont les pères croyaient possible, ce grand dessein paraît en 2013 exténué, en bout de course, paralysé par trop de désaccords que partagent ses membres. Son impuissance semble notoire, pointée du doigt par des observateurs aigus et compétents comme Delors, Rocard, voire Attali. Beaucoup – de plus en plus nombreux – s’accordent à dire que l’impuissance qui la ronge lui a fait pondre un œuf de serpent. De partout en Europe les populismes montent, gagnent du terrain, faisant leur nid dans la colère des peuples qui ne supportent plus leurs dirigeants. Pourquoi ? Ces mêmes dirigeants ont trop souvent rendu l’Europe responsable des crises nationales. Juste retour de boomerang : de s’être défaussés souvent et lâchement sur l’Union, ils en ont oublié qu’ils étaient les premiers artisans de l’Europe et que sans volonté de bâtir cet espace, les peuples lassés d’être baladés sont devenus sceptiques, voire plus, hostiles, et qu’une majorité d’entre eux semble se retrouver pour retomber dans le bercail de la sainte Nation, seul antidote au malheur qui les frappe. En France, le FN surfe sur cette colère rentrée du peuple qui voit dans cette funeste Europe l’image de son propre déclin. On craint d’ailleurs que cette même colère ne tarde à s’exprimer dans le secret des urnes, à commencer par les Municipales, voire les Européennes. Si, au niveau européen, une force anti Europe (qui se profile déjà) voyait le jour lors de ces élections, on peut penser qu’elle ferait tout pour saper les fondements de l’Union et que celle-ci ne vaudrait plus très chère. Adieu alors à ce qui était une des plus belles idées du 20ème siècle, préfigurée par notre visionnaire Hugo ! Si cette aventure advenait, les partis populistes prendraient le pas sur les partis démocratiques rendus à leur déliquescence. Je n’ose imaginer la suite...
Yves Carchon
16:01 Publié dans numéro 12 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : europe, panne, nation, hugo