12/07/2016
Grise mine ? Non, Griezmann !
Quel match ! Historique pour certains, revanchard pour d’aucuns... Dans cette rencontre qui a pulvérisé tous les records d’audience, l’équipe d’Allemagne ne manquait pas d’atouts. Mais les Bleus ont joué. Vraiment joué. Avec l’allant qui leur manquait depuis des lustres, et la jeunesse, et cet esprit d’équipe sans lequel il n’est pas de victoire. Dommage pour l’Allemagne car elle n’a pas conclu. Elle a été souvent à deux doigts de marquer et peut-être même aurait-elle pu égaliser… Les dieux n’étaient pas avec eux, ni leur rigueur métronomique puisque leurs tirs manquaient parfois de précision. Il est vrai qu’on avait une défense en béton. Et Lloris était là ! Quel gardien ! Et Pogba ! Et Evra ! Et Giroud qui a perdu une occasion de battre le gardien allemand ! Et Griezmann, l’homme du match, le héros, un lutin intrépide qui semblait se moquer du mur de la défense allemande. Il fonçait, il dribblait, passait la balle avec finesse mais comme un gosse sans complexes et bien sûr sans manières. On le sentait impatient d’en découdre, vibrionnant, courant, volant. Un elfe bravant et agaçant la forteresse teutonne grâce à son seul talent. Oui, en voyant Griezmann évoluer sur le terrain, je pensais à Gavroche qui n’avait peur de rien et se moquait des balles. Certes, Griezmann ne jouait pas sa vie comme le gamin d’Hugo, mais il avait son insolence, sa tranquille détermination et sa rapidité d’action. La mouche du coche en quelque sorte, piquant la peau de l’adversaire pour qu’il lui ouvre l’angle où ajuster son tir. Dimanche, la finale sera un grand match car les Bleus, en lévitation, vont se sentir pousser des ailes. Qu’ils continuent à se jouer de l’adversaire tout en jouant au foot. Cette « petite grande âme » qu’est Griezmann pourrait encore nous en montrer et faire des siennes !
Yves Carchon
NDLR: Même si, depuis, la France s’est inclinée face au Portugal en finale, cela ne dévalorise en rien le mémorable match qu’ont livré les Bleus contre l’Allemagne jeudi dernier à Marseille. On n’oubliera pas de sitôt les deux buts inscrits par le jeune Antoine Griezmann. Ce qui justifie pleinement la publication, même un peu décalée, de cet article.
13:57 Publié dans numéro 16 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : match, bleus, allemagne, griezmann
08/07/2016
Bruissements (65)
Autriche : En mai dernier, tous les regards étaient tournés vers l’Autriche. Norbert Höfer, le candidat d’extrême-droite, allait-il accéder à la présidence du pays ? Ce fut, néanmoins, son rival, l’écologiste Alexander van Der Bellen qui l’emporta in-extrémis avec 50,3% des suffrages exprimés. Mais voilà, après enquête, la Cour Constitutionnelle autrichienne a invalidé, le 1er juillet, le résultat de ces élections pour de supposées irrégularités. Les deux rivaux vont donc se présenter à nouveau devant les électeurs. Y aura-t’il, une nouvelle fois, un sursaut démocrate ? Réponse le dimanche 2 octobre au soir.
Hongrie : c’est aussi le 2 octobre prochain que le chef du gouvernement hongrois Viktor Orban a choisi pour lancer son référendum sur la révision des quotas d’immigrés dans son pays. Un scrutin qui s’annonce sans surprise, tellement les hongrois tiennent à leurs repères ethniques. Ici on ne veut plus entendre parler de la solidarité entre les états membres. Quant à la Slovénie, elle envisage aussi un référendum pour rester ou non dans l’UE et, conséquemment, dans l’OTAN. Voilà deux répercussions du séisme provoqué par le Brexit anglais en Europe. C’est Poutine, au Kremlin, qui doit se frotter les mains.
OTAN : C’est à Varsovie que les pays membres de l’UE se sont donné rendez-vous, cette semaine, pour un nouveau sommet de l’OTAN. Car si pour certains états la menace vient du sud, avec le terrorisme islamique, pour d’autres, comme la Pologne et les pays baltes, elle viendrait plutôt de l’est, de la Russie exactement. En cause la politique un peu trop agressive de Poutine vis-à-vis de ses voisins immédiats - comme la Géorgie et l’Ukraine -, ces dernières années. Aussi, les pays qui ont des frontières communes avec la Russie commencent à s’inquiéter. Car personne, ici, ne veut revivre le traumatisme des années 40. D’où des demandes d’aide à l’OTAN, jugée plus solide que les maigres forces de défense européennes pour parer à une telle éventualité. D’ores et déjà, quatre bataillons multi-nationaux vont être déployés aux frontières de pays baltes et de la Russie. De quoi faire monter la pression plutôt que de la faire retomber. Car ce ne sont pas quelques milliers d’hommes qui pourraient empêcher une invasion russe en Europe de l’est si le Kremlin la décidait. Dans cette affaire, l’argument économique reste autrement plus dissuasif.
Nantes : Depuis quelques mois les casseurs s’en donnent à cœur-joie et leurs projectiles n’épargnent pas – loin de là ! – les permanences des partis politiques. Celles du PS sont particulièrement visées, tellement la politique gouvernementale est devenue impopulaire. Aussi, pour prévenir d’éventuelles attaques, par manque d’effectifs policiers mobilisés ailleurs, le PS a annoncé l’ajournement de son université d’été qui devait se tenir à Nantes. En fait, il y en aura une, mais de portée seulement locale. Une première dans un pays comme la France, ce qui a fait les gorges chaudes de l’opposition. Mais, comme on dit, rira bien qui rira le dernier.
Hulot : Pressenti par les écologistes pour être leur candidat à la prochaine présidentielle, Nicolas Hulot, l’ex-globe-trotter de la télévision française, a finalement jeté l’éponge. Il estime, en effet, ne pas être l’homme de la situation. Mais qui ne sait qu’il a encore le désagréable souvenir d’une première tentative avortée en 2011, lors de la primaire des Verts? Mieux vaut, dans ce cas, se mettre en vacance de la politique et garder son indépendance. Reste que son refus – lucide – détonne dans le paysage politique français où tant de gens (encore moins compétents que lui) rêvent d’un destin présidentiel.
Plastiques : Nous avons tous en mémoire les images de cette masse énorme de plastiques agglutinés qui dérivait quelque part sur le Pacifique. Car ce matériau a une durée de dégradation qui court sur plusieurs siècles. Pour lutter contre cette autre forme de pollution, le gouvernement a décidé, depuis le 1er juillet, d’interdire les sacs plastiques dans les grandes surfaces. Ou plutôt d’interdire leur gratuité, car on pourra toujours en acheter. A chacun de se doter de son contenant réutilisable pour faire ses courses. Du reste, certaines enseignes – comme U – avaient anticipé de plusieurs mois cette nécessaire mesure. Cela va bousculer un peu nos habitudes de consommateurs, mais c’est quand même une bonne chose pour la planète. Une question cependant : que faire de tous les sacs plastiques qui restent en circulation ?
Erik PANIZZA
15:50 Publié dans numéro 16 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : autrice, hongrie, varsovie, nantes
05/07/2016
Du nouveau sous le soleil
Au début des années 80 le monde découvrait, à l’occasion d’un cri d’alarme lancé par quelques scientifiques, un aspect essentiel de l’environnement terrestre : la couche d’ozone. A l’observation celle-ci laissait apparaître un trou de plusieurs dizaines de millions de kilomètres carrés au dessus de l’Antarctique. Rappelons que cette pellicule de gaz bleuté a pour fonction de filtrer le rayonnement ultra-violet, par là d’en atténuer les effets négatifs. Très vite on comprit quelle menace pour la santé humaine représentait cette annonce. Les climatologues en détectèrent vite la cause : l’émission de gaz chlorés contenus massivement dans les aérosols et les réfrigérateurs. Le facteur humain était donc responsable au premier degré de cette inquiétante détérioration, ce qui fut clairement exposé en 1987, à Montréal, au cours d’un congrès qui fit date. Des mesures drastiques furent prises à cette occasion, suivies par l’ensemble de la communauté internationale. L’heure n’était plus aux tergiversations ; il fallait traquer ces gaz délétères partout où nous les avions introduits si on voulait éviter une épidémie de cancers cutanés. Tout comme le « trou de la Sécurité Sociale », le « trou de la couche d’ozone » venait de faire son entrée dans le panthéon des expressions médiatiques et n’allait plus quitter les bulletins d’informations.
Près de trente ans plus tard, après quelques phases de rétraction et d’expansion, la couche d’ozone s’est en partie reconstituée, gagnant ainsi plus de quatre millions de kilomètres carrés sur son déficit initial. Dans le concert de catastrophes médiatisées qui nous accable quotidiennement, cette bonne nouvelle a de quoi nous réjouir (surtout en cette saison). Voilà au moins une virginité dont la reconstruction ne prête pas à sourire. Ce constat encourageant ne signe pas la fin de nos efforts en ce domaine – loin de là ! Il faudra encore tenir ce régime pendant plus de quarante années si on veut parvenir à la complète résorption du fameux trou. Mais elle montre au moins que les dérèglements climatiques ne sont pas inéluctables, pour peu que nous prenions au sérieux les risques dont ils sont porteurs. Et, dans ce combat-là, chacun de nous est concerné. C’est encore la meilleure attitude à adopter si nous voulons garder notre Terre habitable pour les siècles à venir.
Jacques LUCCHESI
16:00 Publié dans numéro 16 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : ozone, santé, climatologues, dérèglements