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24/12/2016

Bruissements (70)

 

 

 

Primaires : On se demande parfois pourquoi tant de gens veulent devenir président de la république quand on sait les épreuves qui attendent ensuite celui qui y parvient. A gauche, malgré tout, ils n’étaient pas moins de vingt-quatre postulants pour les primaires de janvier. Après examen des candidatures et des conditions de recevabilité (parrainages suffisants, programmes cohérents, cotisations à jour), le conseil des sages de la haute autorité n’a retenu que sept candidats, quatre socialistes (Manuel Valls, Vincent Peillon, Arnaud Montebourg, Benoit Hamon) et trois divers gauche (Sylvia Pinel, Jean-Luc Benhamias et François de Rugy). On voit déjà sur quel quatuor les regards seront braqués dès le premier débat du 8 janvier. Mais on sait aussi qu’il faut compter avec l’humeur des électeurs et que des surprises pourraient bien s’inviter, là aussi. Pour le vainqueur, de toutes les façons, les vrais problèmes ne commenceront qu’après son élection.

 

Accommodements : tout à peaufiner sa statue de présidentiable, François Fillon est revenu sur les outrances de ses propos de campagne, en particulier ceux qui concernaient la diète drastique de l’assurance-maladie. Non seulement la couverture santé des petits assurés ne sera pas touchée mais en plus elle devrait être renforcée par l’application de son programme. Personne n’en croit un mot, bien sûr, et la critique la plus cinglante est venue de Florian Philipot. Selon lui, soit Fillon ment soit il recule et, dans les deux cas, il se discrédite. Notez bien qu’il n’y a pas que Fillon qui cherche à se montrer plus consensuel. A gauche, Valls ne fait pas autre chose quand il promet, s’il est élu, d’abolir le fameux article 49-3, lui qui l’a utilisé à six reprises lorsqu’il était premier ministre. Tous des pourris ? Non. Mais tous des opportunistes, oui.

 

Trump : on connaît à présent les principales personnalités que Donald Trump va nommer à des postes-clés pour le seconder durant son mandat présidentiel. Au Trésor, il y aura Steve Mnuchin, un ex-dirigeant de Goldman-Sachs. Un autre milliardaire, Wilbur Ross, est nommé au Commerce : quand on sait qu’il a bâti sa fortune sur le rachat d’entreprises en faillite, on se dit que l’Amérique sera bien gérée. Quant à l’environnement, c’est le climato-sceptique Scott Pruit qui sera en charge des dossiers les plus sensibles du moment ; ceux-là même qu’il a niés ou entravés lorsqu’il était procureur général de l’Oklahoma. Bref, une équipe de gros richards pour diriger un pays où les pauvres sont de plus en plus nombreux. (C’est peut-être pour leur insuffler le virus de la réussite). Et dire que ceux-là ont cru élire un candidat anti-système !

 

 

 

Obama : si, à plusieurs reprises, Donald Trump a publiquement affirmé son respect – voire son admiration – pour Vladimir Poutine, il n’en est pas de même pour Barack Obama. Plus d’une fois, dans des réunions internationales, les présidents russe et américain se sont ignorés ou serré la main sans se regarder. A un mois de son départ de la Maison Blanche, Obama semble redoubler de colère contre son homologue du Kremlin. Il l’accuse ouvertement d’avoir contribué, par des attaques informatiques, à affaiblir le camp démocrate durant les dernières élections présidentielles. Il a ainsi diligenté une enquête du FBI qui devrait rendre ses résultats courant janvier. Bien entendu Moscou dément ces accusations et demande des preuves à l’appui. Mais, comme le dit Obama, il ne se passe pas grand-chose en Russie sans l’aval de Poutine. D’autre part, nous savons que les possibilités de nuisance informatique défient l’imagination. Aussi attendons-nous impatiemment les conclusions de cette enquête. Tout en doutant qu’elle puisse remettre en cause les résultats de ce scrutin. Hélas…

 

 

Berlin : Le tueur au camion de Nice a-t’il fait un émule en Allemagne ? Toujours est-il qu’un tunisien de 24 ans a réussi à prendre le contrôle d’un camion (tuant son chauffeur polonais) pour le jeter sur un marché de Noël berlinois, lundi soir. Bilan : douze morts et une cinquantaine de blessés. Malgré des recherches policières très actives, le tueur a réussi à prendre la fuite avant d'être interpellé et abattu à Milan. Il était, lui aussi, connu des services de renseignement, ce qui met encore une fois l’accent sur les failles de la sécurité en Europe. Bien entendu, Daesh a revendiqué dès le lendemain ce nouvel attentat contre des civils européens. Quoique frappée par des actes terroristes isolés, ces derniers mois, l’Allemagne n’avait pas encore connu un attentat d’une telle ampleur. Et, contrairement à la France, elle est moins bien préparée à y faire face. Du coup, Angela Merkel est montrée du doigt par tous ceux qui lui reprochent son accueil trop généreux des réfugiés de guerre, l’an dernier. En France, par réaction, tous les marchés de Noël ont vu leur surveillance redoublée. Et l’état d’urgence est prolongé jusqu’au 15 juillet prochain. Des mesures certainement nécessaires, mais quid de leur efficacité ?

 

Erik PANIZZA

 

17/12/2016

La valse des ex

 

Après le désistement attendu de Hollande — le pire pour tout le monde aurait été qu’il se présente _ , l’émoi est grand à Gauche. Valls s’est déclaré en lice, ce qui n’est pas une surprise. On le savait piaffant, n’hésitant pas à enterrer Hollande. L’homme a du caractère, mais une fougue qui lui jouera des tours. Rien ne dit qu’il pourra rassembler son camp, d’autant que Montebourg, Hamon, d’autres encore, sont dans les starting-blocks. On nous dira : c’est normal pour une primaire que des tenants d’un même camp confrontent leurs idées. Certes, sauf quand elles sont « irréconciliables » comme l’a prétendu le petit Valls… Il est aussi question de Vincent Peillon, l’ex-ministre de l’Education de l’ex-Premier ministre, Valls. Macron, l’ex ministre de l’Economie, joue les cow-boys en solitaire et nous crie : En avant ! Mélenchon, lui, se défiant des primaires « socialistes » pense s’en tirer à meilleur compte s’il déplie son programme. Pourquoi pas ? Lui a au moins le grand mérite d’être cohérent. La valse des primaires de Gauche donne un peu le tournis. Comment croire à de tels prétendants ? Tous sont issus de cette Gauche qui justement a fait faillite. Même le jeune Macron avec son air d’enfant de chœur a été à la soupe hollandaise. Il s’en est écarté, c’est vrai, mais tout de même ! Il faudrait pourtant un champion à la Gauche, si elle veut l’emporter. Lequel aura assez de poids face à Fillon ou à Marine ? Valls a des chances de l’emporter mais pour faire quoi ? Autant de conjectures pour la Gauche qu’il lui faudra résoudre.

 Yves CARCHON

 

 

09/12/2016

Bruissements (69)

 

 

Hollande : « Aujourd’hui, je suis conscient des risques que ferait courir ma démarche – la mienne – qui ne rassemblerait pas largement autour d’elle. Aussi, j’ai décidé de ne pas être candidat à l’élection présidentielle. ». C’est par ces mots que François Hollande, plus grave que jamais, a conclu son allocution télévisée, jeudi 1er  décembre, sur le perron de l’Elysée. Aussitôt l’information a tété reprise, durant toute la soirée, sur presque toutes les chaînes. Certes, on attendait sa décision, mais ce n’était pas celle-là. Pensez donc ! Une première dans l’histoire de la 5eme République, où tous les présidents en exercice ont brigué un second mandat. Elle n’a pas fait que des déçus autour de lui. Manuel Valls a pu se déclarer, quelques jours plus tard, candidat aux primaires de la Gauche (la tâche sera très rude pour lui). Et Bernard Cazeneuve s’est ainsi retrouvé  promu premier ministre pour les cinq derniers mois de ce quinquennat agité. N’en doutons pas : Hollande a fait le bon choix. Il a su, avec humilité et lucidité, opérer une sortie magistrale. De quoi faire taire autour de lui les critiques tous azimuts et rehausser sa cote de popularité auprès des Français. Libéré des pressions de la compétition, il va pouvoir ainsi assumer pleinement son rôle de président, se consacrer à ses fonctions régaliennes et jouer, çà et là, les arbitres inspirés. Peut-être même le verra-t’on réaliser quelques promesses jusque là non tenues (comme la fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim) ? Bref, de quoi se faire regretter par tous ceux qui l’ont vilipendé depuis quatre ans. Car ce qui s’annonce à l’horizon est autrement plus inquiétant que le bilan qu’il va laisser.

 

Abou Dhabi : Dès le lendemain de son annonce si commentée, le président s’envolait pour la capitale des Emirats Arabes unis, où était inauguré le Louvre d’Abou Dhabi en présence de son concepteur, l’architecte Jean Nouvel. Un grand musée européen en terre arabe : voilà une bonne nouvelle et pas seulement sous l’angle diplomatique. Car sa seule concession va rapporter quatre cents millions d’euros au musée parisien éponyme sur les trente années à venir. Un autre projet d’importance attendait aussi François Hollande à Abou Dhabi, puisque une grande conférence sur le patrimoine mondial y était organisée. Conscients des menaces que font peser les guerres et le terrorisme sur les trésors de l’humanité, une quarantaine d’états et d’institutions privées se sont engagés à créer un fonds financier et un réseau de refuges dont le siège sera à Genève. Il s’agit de réunir au moins cent millions de dollars (dont trente seront versés par la France) pour financer des actions de prévention et de restauration. Dès 2017, une nouvelle conférence internationale devrait faire le point sur l’avancée de ce beau et nécessaire projet. C’est ce qu’on appelle, François, faire d’une pierre deux coups. Il y a eu certainement des voyages présidentiels moins agréables que celui-là.

 

Elections : des élections, il n’y en pas, bien sûr, qu’en France. Dimanche dernier, on votait en Europe et c’étaient deux moments très attendus. Le référendum italien, tout d’abord. Dix neuf millions d’électeurs se sont finalement prononcés contre le projet de réforme de la constitution proposé par Matteo Renzi. Tout comme David Cameron après son échec du Brexit, le jeune président du conseil italien a donc remis sa démission au président de la république Sergio Mattarella. Une nouvelle avancée du populisme anti-européen en Italie mais surtout un désaveu personnel pour Renzi qui était, ces temps-ci, un peu trop sûr de lui. (Tiens, tiens, ça ne vous rappelle rien ?). Les choses se sont mieux passées en Autriche pour le candidat écologiste Alexander Van Der Bellen qui s’est largement imposé  - 54% - sur son adversaire, le représentant de l’extrême-droite Norbert Hofer (c’est Marine qui doit être déçue). Il devient ainsi le nouveau président de la république autrichienne - au grand soulagement de Bruxelles. Rappelons que cette élection, qui s’était déroulée une première fois en mai dernier, avait été annulée pour vice de forme. Il n’y a pas que de mauvaises nouvelles pour l’Europe.

 

Commune : dans l’histoire nationale la Commune de Paris reste un grand moment révolutionnaire. Surgie après la défaite de la France contre la Prusse en 1870, elle devait jeter les bases d’un état social avant la lettre puis être impitoyablement réprimée par Thiers et les versaillais en mai 1871. On estime à vingt mille morts le nombre de leurs victimes, et c’est sans compter les  milliers de condamnés à la déportation qui suivirent. Cependant, une loi générale d’amnistie pour tous les communards devait être votée en 1880 par la Troisième République naissante. Ce n’était sans doute pas suffisant pour Patrick Bloche, le président (PS) de la commission des affaires culturelles,  puiqu’il a cru bon de faire mettre aux votes un texte réhabilitant toutes les victimes de la Commune. Celui-ci a été adopté à la majorité par l’Assemblée Nationale, mardi 29 novembre. Il n’a pourtant pas fait l’unanimité dans les rangs de la Droite. Ce qui est une preuve que, même cent quarante cinq ans après ces évènements, les lignes politiques n’ont pas beaucoup bougé dans ce pays. Mais on peut aussi penser que les députés réfractaires n’ont pas voulu avaliser l’instrumentalisation politique du passé par le présent.

 

Erik PANIZZA