09/09/2016
Bruissements( 66)
G20 : une bonne nouvelle pour la planète : lors du G20 qui se tenait à Hangzou (Chine) le week-end dernier, Barack Obama et son homologue chinois Xi Jinping ont décidé d’avaliser le traité de Paris qui propose aux états , depuis décembre dernier, de réduire significativement leurs émissions polluantes. Il faut quand même avoir à l’esprit que la Chine et les USA génèrent à eux deux 40% des gaz à effet de serre dans le monde. Soit, respectivement, 10 milliards et 5, 2 milliards de tonnes de gaz carbonique.
Paris : dans le même temps, c’était une partie de la communauté chinoise française qui manifestait à Paris. Que réclamaient-ils, au juste ? Plus de liberté ? Non, plus de sécurité car, depuis quelques temps, les asiatiques subissent une recrudescence d’agressions crapuleuses. De petits malfrats croient, en effet, que tous les Chinois sont riches à présent. Tiens, tiens, ça ne vous rappelle rien ? Les clichés ont la vie dure.
Ouigours : on pensait un peu vite que la Chine était épargnée par le terrorisme islamique qui sévit en Europe et aux USA. On se trompait. Car dans le Xinjiang, à l’est du pays, une communauté musulmane turcophone, les Ouigours, est très engagée dans la lutte contre l’état central. 140 d’entre eux ont d’ailleurs rejoint les rangs de Daesh au Moyen Orient. Aussi Pékin, qui redoute des attentats sur son propre sol, a-t-il décidé de s’investir davantage dans la lutte contre l’EI. Et si les Chinois passent à l’attaque, les djihadistes ont du souci à se faire.
Islamophobie : en ces temps extrêmement troublés, il est difficile pour certains de faire une juste part des choses. Ainsi ce restaurateur de Tremblay-en-France (Seine Saint-Denis) qui a refusé, dimanche 28 août, de servir deux femmes voilées au motif que, selon lui « tous les musulmans sont des terroristes ». L’affaire a fait grand bruit et a valu à l’homme (qui s’est depuis excusé pour ses propos malheureux) une enquête pour discrimination raciale. Son procès – très attendu – devrait s’ouvrir le 24 novembre prochain.
Ménard : s’il y en a un, au moins, qui est à la fête dans ce contexte explosif, c’est bien Robert Ménard. On sait que le maire de Béziers ne recule devant rien quand il s’agit de faire entendre ses opinions racistes. Sa dernière provocation en date ne manque pas de saveur – ni, d’ailleurs, de ridicule. Pour lui, « être Français, c’est être européen, blanc et catholique ». Et de placer son assertion sous les auspices de De Gaulle. Cette fois, la riposte et l’action en justice pourraient bien lui venir des protestants français.
Internet : pédophilie, films gore, propagande de l’EI : on sait très bien que l’on peut voir sur Internet les pires saloperies. Est-ce cependant une raison pour limiter la liberté de navigation et de choix des internautes ? Le BEREC – l’organe des régulateurs européens pour les communications électroniques – a clairement réaffirmé, ces jours derniers, sa volonté de maintenir un Web neutre et ouvert. Non sans quelques conditions d’encadrement pour certains services spécialisés. Pas besoin de vous faire un dessin.
Adultère : alors que l’Italie peine à relancer sa natalité, même avec des campagnes publicitaires assez dirigistes, l’Allemagne vient d’adopter un projet de loi visant judiciariser l’aveu d’adultère dans le cas d’une paternité douteuse. Cette loi, qui vise à donner plus de droits aux pères putatifs, ne va sûrement pas œuvrer pour la paix des ménages. Car désormais, les maris teutons bafoués pourront, en toute légalité, demander à leurs épouses volages le nom – ou les noms – de leur(s) amant(s). Dans le cas d’une naissance adultérine confirmée, ils pourront également demander aux géniteurs avérés d’assumer les frais d’entretien des enfants pendant deux ans. Entre 1 et 2% des couples allemands seraient concernés par cette mesure.
Requins : nouvelle attaque de requin à la Réunion, le 27 août dernier. Cette fois c’est un jeune homme de 21 ans qui a eu un bras sectionné. Son crime : faire du surf avec des amis dans une zone censément munie de filets anti-requins. Depuis cinq ans, pour la seule île de la Réunion, on dénombre 19 attaques de squales, dont 7 ont été mortelles. On se demande ce qu’on attend pour lever l’interdiction de chasser ces fauves des mers. Car – n’en déplaise aux écologistes - si l’on en tuait un peu plus dans cette zone, il est à peu près certain qu’ils ne s’aventureraient plus aux abords de nos plages. La protection bien ordonnée des espèces doit commencer par la sienne.
Erik PANIZZA
14:41 Publié dans numéro 16 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : g20, ouigours, ménard, requins
02/09/2016
Macron prend le large
Fin août 2014, lors de sa passation de pouvoir au ministère de l’économie, Arnaud Montebourg avait dit en substance à Emmanuel Macron qu’il fallait toujours être fidèle à ses convictions, quoi qu’elles coûtent. La leçon a été entendue puisque, à peine deux ans plus tard, son jeune successeur a pris les devants et démissionné de ses fonctions pour mener en solo son aventure politique. Son départ n’est d’ailleurs pas une surprise : il était « dans l’air » depuis plusieurs semaines, suite aux propos peu consensuels qu’il avait tenus en juillet sur la politique gouvernementale.
Mercredi matin, en présence de Michel Sapin (qui a hérité de son ministère), Macron a commenté son départ sur le mode de la métaphore filée, comparant Bercy à une île paisible qu’il lui fallait pourtant quitter. Néanmoins, malgré des ambitions incontestables, on ne sait pas très bien où va aller ce nouvel Ulysse. La mer sur laquelle il s’engage risque fort d’être agitée et son embarcation bien frêle.
Car si Emmanuel Macron s’est constitué, avec son mouvement « En marche », un petit réseau de personnalités politiques, artistiques et patronales, cela reste bien insuffisant pour figurer dans la prochaine élection présidentielle. Qu’importe ! A même pas quarante ans, il a le temps pour lui mais c’est aussi un handicap pour la fonction suprême qu’il convoite. Car si l’âge des locataires de l’Elysée s’est sensiblement abaissé depuis deux élections, il n’en reste pas moins que les Français, dans leur ensemble, ne sont pas chauds pour porter à la tête de leur pays un homme qui n’a pas assez d’expérience. Quant à son principal argument, ni à gauche ni à droite, on sait qu’il est de peu de poids. Les alternatives - ou les synthèses – au système bipartite qui est le nôtre sont toujours aléatoires et n’ont jamais, jusqu’à présent, réussi à convaincre une majorité d’électeurs. C’est dire que les obstacles et les échecs ne manqueront pas sur la voie royale qu’il a choisie.
François Hollande et Manuel Valls ont publiquement déploré son départ. Car Macron était, sans doute à tort, leur ministre le plus populaire et les voix qu’il raflera, au printemps prochain, manqueront forcément au principal candidat du PS. Par une ironie dont la politique est coutumière, François Hollande pourrait bien avoir comme adversaires ses deux anciens ministres de l’économie - aussi différents soient-ils. Lui qui n’est pas pour peu de chose dans leur ascension médiatique.
Jacques LUCCHESI
15:42 Publié dans numéro 16 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : macron, bercy, île, départ
26/08/2016
Ecoles : une rentrée sous haute tension
Chacun de nous le sait bien : il n’y a pas de rentrée scolaire sans stress. Aux grandes vacances et à leur naturel relâchement succède, fin août début septembre, une période d’agitation tous azimuts. Les parents songent aux fournitures des enfants qui, eux-mêmes, ne songent plus qu’aux nouveaux défis qui les attendent. Quant aux enseignants – les premiers sur la brèche -, ils sont accaparés par les nouveaux programmes, les questions de budget et de logistique, sans parler de l’accueil des élèves. Oui, tout ce la ne va pas sans tensions, mais ce sont les tensions normales de cette période de l’année. Rien de tel avec cette rentrée 2016 qui va les multiplier par deux, tellement l’accent est mis sur la sécurisation des établissements scolaires. A juste titre, car le gouvernement prend plus que jamais au sérieux la menace terroriste après les tragédies qui ont ensanglanté l’été. Et personne ne voudrait revivre une intrusion meurtrière comme celle de Mohamed Merah dans une école israélite, en mars 2012. Déjà, dans les 64 000 écoles françaises, on a pris le taureau par les cornes. De tous côtés, on s’affaire à installer de nouvelles alarmes, des vitres opaques ou des portillons de sécurité. On organise des simulations d’attentats et des séances de secourisme pour les élèves du secondaire. Et c’est sans même parler des 3000 réservistes et des 2391 gendarmes qui seront postés aux abords des établissements pour leur protection.
Tout cela, évidemment, va couter de l’argent. En allouant aux collectivités locales une enveloppe de 50 millions d’euros supplémentaires, la ministre de l’éducation s’en tient à la portion congrue. C’est mieux que rien, me dira-t’on. Mais qui rétribuera la surcharge de travail que ces mesures de sécurisation vont entrainer pour les enseignants ? Et comment imaginer que ce climat alarmiste n’ait pas des répercussions sur le moral – et le travail – des élèves ? On ne peut pourtant plus faire autrement, sauf à s’exposer aux pires attaques. Mais on voit, avec ces dispositifs, les changements à grande vitesse qui affectent le vécu quotidien des Français ; les dépenses publiques supplémentaires qu’entraine l’état d’urgence, aussi. On souhaite, plus qu’on espère, que tout cela soit dissuasif. Une chose est à peu près certaine dans ce contexte: aucun candidat sérieux à la prochaine présidentielle ne pourra, au nom de la dette, nous rejouer la complainte de la réduction des fonctionnaires et, donc, de la diminution des investissements publics.
Jacques LUCCHESI
15:54 Publié dans numéro 16 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : écoles, stress, gendarmes, secourisme