Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

12/09/2012

Bruissements(10)

 


 

Marseille : dix-neuf assassinats par balles depuis le début de l’année. Marseille n’en finit pas de faire parler d’elle, mais c’est à nouveau pour de mauvaises raisons. Oubliés la préparation de 2013, année européenne de la culture ; oubliée la perspective des municipales en 2014. Non, ce qui fait la une des journaux, ce sont les règlements de compte entre gangs liés au trafic de la drogue. Cette situation a pris des proportions qui débordent les capacités d’action des élus locaux (La députée PS Samia Ghali demandait l’intervention de l’armée dans les cités). Aussi, un comité interministériel, sous la présidence du Premier Ministre Jean-Marc Ayrault s’est réuni en urgence, jeudi 6 septembre, dans les salons du palais du Pharo. Rien que du beau monde, de Manuel Valls à Marie-Arlette Carlotti, sans oublier Arnaud Montebourg. Concrètement, ce nouveau plan anti-délinquance va déboucher sur l’envoi de 204 policiers supplémentaires à Marseille. Leur présence sécurisera davantage les Marseillais honnêtes mais il y a gros à parier qu’ils ne seront d’aucun effet pour régler les problèmes de gangstérisme évoqués plus haut. Car il y a, depuis sa fondation, quelque chose qui rend cette ville rebelle au pouvoir central. Ici, le grand principe c’est la « débrouille ». Il s’agit de s’arranger avec les lois, voire de les contourner quand elles sont trop contraignantes. Ainsi le bien privé prime toujours sur le bien public. On  retrouve ce principe à tous les niveaux de la vie marseillaise, depuis le non respect des stationnements interdits jusqu’aux trafics en tous genres dont la criminalité violente est la conséquence. Barons de la drogue ou petits dealers, ces gens-là ont choisi de vivre parallèlement à la société légalement instituée (c’est ce qu’on appelait avant le « milieu »). Ils ont leurs propres codes, leurs propres règles, leur propre justice. Forcément ils ne se reconnaissent pas dans les valeurs de l’état de droit, car ils ne parlent pas la même langue que lui. Comment trouver dès lors un terrain d’entente ? Doit-on  multiplier les actions « coup de poing » en sachant que la tête de l’hydre repoussera toujours ? Il faut d’ores et déjà chercher ailleurs des solutions pour enrayer ce fléau social.

 

Tabac : sur le versant légal, le tabac est un autre problème d’addiction et de santé publique qui se pose à tous les gouvernements. En France, il est  la cause de 73 000 décès chaque année. Et l’on sait ce que coutent à la Sécurité Sociale les maladies qu’il provoque ou entretient. En contrepartie, les taxes sur l’industrie du tabac constituent une manne importante pour les états. D’où cette situation ambiguë, faite de mises en garde, de limitations et d’augmentations périodiques, qui n’en finit pas. La dernière en date sera encore de 6% et prendra effet le 1er octobre prochain. Désormais, les fumeurs paieront 40 centimes de plus chaque paquet de cigarettes acheté chez un buraliste. Le paquet de Malboro – la marque la plus demandée – passera ainsi de 6,20 euros à 6,60 euros. Mieux vaut limiter sa consommation si l’on ne veut pas trop creuser son budget. Parmi les autres mesures de lutte annoncées, le design de moins en moins incitatif des paquets et le lancement d’un nouveau patch gratuit de désaccoutumance au tabac : le combat, là aussi, se déroule sur plusieurs fronts. Quels effets produisent tous ces efforts ministériels ? Si, au niveau global, la chute des ventes est sensible depuis une dizaine d’années, cette situation fait naturellement les choux gras de la contrebande. On estime qu’un paquet sur cinq échappe ainsi au contrôle de l’état. Là encore, les fumeurs invétérés se « débrouillent » et les trafiquants s’enrichissent. Vieille histoire.     

 

Fiscalité : François Hollande pourra-t’il tenir son annonce phare, durant la campagne présidentielle, à savoir taxer les plus hauts revenus – un million d’euros annuels et plus - à 75% ? La plupart des observateurs en doutent de plus en plus depuis quelques jours. Le chiffre de 67%  serait plus vraisemblable, après la suppression du bouclier fiscal limitant à 50% le taux d’imposition des plus riches. Déjà, les plus gros contribuables (footballeurs, personnalités du showbiz) trainent des pieds, faisant valoir le caractère bref ou aléatoire de leurs carrières. Et un super patron comme Bernard Arnault (LVMH) déclare vouloir prendre la nationalité belge – puis, peut-être après, celle monégasque – pour échapper au moins en partie à ce nouveau barème d’imposition. Quid du « patriotisme financier » prôné par le président ? S’il y a une baudruche appelée à se dégonfler sitôt lancée, c’est bien celle-là. Car l’argent a ceci de particulier qu’il délie ceux qui en ont beaucoup de tous liens moraux comme territoriaux. Etre riche, c’est l’assurance de pouvoir vivre mieux que les autres n’importe où sur cette planète. Le problème, pour les très grosses fortunes, est simplement de les  conserver, donc de continuer à s’enrichir le plus possible. Et là aussi c’est le règne de la « débrouille ».

 

Fessenheim : la plus vieille centrale nucléaire de France revient au cœur de l’actualité après l’accident survenu mercredi 5 septembre. Deux techniciens y ont été légèrement brûlés par des jets d’eau oxygénée. A priori, rien de bien grave,  sauf que cela relance les scénarios catastrophiques. Il y a, d’autre part, une autre promesse de campagne en suspens pour François Hollande et ses alliés écologistes voudraient bien qu’il la tienne sine die. Il est vrai que lorsqu’on a un ministre du redressement productif qui considère publiquement le nucléaire comme une énergie d’avenir, il est difficile de franchir le pas.

 

 

                                                      Erik PANIZZA

10/09/2012

La démocratie des sondages

 


 

L’opinion pèse lourd aujourd’hui sur l’action gouvernementale au point que même le Président ne peut négliger les sondages. C’est ce qui semble être arrivé durant l’été à notre tout nouveau gouvernement socialiste. Durant le quinquennat de Sarkozy, l’Elysée se shootait aux sondages ; on voulait tout savoir à tout moment de ce que pensaient les citoyens. Par mimétisme, comme gavé de sondages, Sarkozy même avait fini par nous parler comme on commente au café du Commerce. C’était à s’y méprendre le gars du coin, accoudé au comptoir, prêt à boxer qui le cherchait. L’équipe Hollande a cru  s’abstenir de commandes de sondages : mal lui en a pris. Le Président en chute libre, une rentrée contestée, quelques bévues ici ou là, flou artistique dans les propos : il a fallu dare-dare monter au créneau TF1 pour recadrer les choses. Ouf, c’est fait ! Mais pour combien de temps ? On semble être tombé (cela depuis longtemps déjà) dans une démocratie qui ne fonctionne qu’en tenant compte de l’opinion. Une démocratie avançant par à-coups, selon les sautes d’humeur de nos concitoyens. Mais l’opinion a-t-elle toujours raison ? Et un gouvernement doit-il suivre à tout coup l’opinion générale ? Oui, au risque de devenir impopulaire, et donc de ne pouvoir mener l’action gouvernementale pour laquelle il a été justement nommé. Non, s’il juge que le bien du pays transcende les caprices de l’opinion. On voit combien le fil est très infime, qu’à tout moment l’équilibriste peut tomber. C’est peut-être là que nous frayons avec ce que Debord nommait société du spectacle. Les Jeux du cirque voulaient que les vaincus soient mis à mort. Et maintenant on veut que notre équilibriste crève l’écran, qu’il nous rassure ou nous convainque, avec l’arrière pensée – humaine, trop humaine - qu’à tout moment il puisse chuter. Du coup, la forme l’emporte sur le fond. Peut-être n’y a-t-il plus de fond puisque l’on doit communiquer. Dans cette logique, je crains qu’Hollande n’en sorte pas grandi, quelle que soit l’ambition qui semble l’habiter de restaurer les vraies valeurs de solidarité et de partage nécessaires au pays.


                                           Yves CARCHON

 


06/09/2012

Santé : vers un réajustement des honoraires médicaux

 

 


 

 

 Le problème est connu par la plupart des Français. Car nous avons tous eu besoin, un jour, de consulter en urgence un spécialiste pour tel ou tel mal de  dos, de ventre ou de dents. Ces douleurs-là  ne préviennent pas. Surtout, elles semblent prendre un malin plaisir à se manifester lorsque la France entière est en vacances. En l’absence de notre praticien habituel, il a bien fallu se rabattre sur les médecins disponibles. Bien entendu, ils étaient tous saturés de rendez-vous, à l’exception d’un seul, à la voix douce, aux paroles réconfortantes. Difficile, dans ce genre de situations, de discuter et de comparer les tarifs. Ce fut donc lui qui emporta momentanément nos suffrages. Du reste, il nous soigna efficacement ; il n’y avait  rien à redire sur ses compétences. Ce fut différent au moment de passer à la caisse, car ses honoraires étaient de beaucoup supérieurs à ceux pratiqués habituellement dans sa spécialité : « Je suis en secteur 2 et mes honoraires sont libres, vous savez. » Ah ben non ! On ne savait pas, jusqu’à ce qu’on l’apprenne à nos dépens.

Ce n’est pas mieux quand on se tourne vers les hôpitaux. L’inégalité la plus criante s’y étale complaisamment. Soit vous optez pour une consultation publique et vous pouvez attendre plusieurs semaines, voire plusieurs mois, pour obtenir un rendez-vous avec le spécialiste de votre choix. Soit vous prenez un rendez-vous en consultation privée : c’est plus rapide mais ce n’est pas le même tarif. Il faut savoir ce que l’on privilégie dans la vie. Mais qui a dit que la santé n’avait pas de prix ?

C’est pour enrayer ces dérives qui grèvent le budget des usagers modestes que Marisol Touraine, actuelle ministre des affaires sociales et de la santé, a décidé de lancer une grande négociation avec les syndicats de médecins et les complémentaires de santé. Il faut quand même savoir que les dépassements d’honoraires n’ont cessé d’augmenter depuis une dizaine d’années. Ils représenteraient, aujourd’hui, un montant global de 2,5 milliards d’euros annuels. Et tout cela se répercute, évidemment, sur le tarif des mutuelles – 44% d’augmentation en dix ans. Une solution doit maintenant être trouvée rapidement car, autrement, la ministre a annoncé qu’elle pourrait prendre, fin octobre, des mesures unilatérales pour mettre un frein à ces abus. Peut-être le début d’une vraie politique de gauche ?

 

 

                          Christian ILLICH