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25/10/2012

Le pire des mondes

 


Hier – mardi 23 octobre -  était diffusé sur Arte « Un monde sans humains ? », émission sur la glorieuse conjonction NBIC (nanotechnologies, biotechnologie, intelligence artificielle et sciences cognitives). Emission inquiétante qui m’a fait froid dans le dos. On nous promet pour demain un monde peuplé de robots capables de ressentir des émotions comme les humains (mais oui !) et peut-être plus intelligents que nous. On nous annonce que le décryptage du processus de la pensée permettra d’ici peu de « connecter directement nos neurones sur Google » et, horreur des horreurs, « la reprogrammation de la nature ». Nous sommes entrés, nous disent certains chercheurs, dans une nouvelle ère appelée « transhumaniste » qui serait peuplée de « cyborgs » immortels. Ce fatras scientiste est orchestré par un « gourou » (il se dit scientifique) nommé Ray Kurzweil qui déclare froidement que la nature humaine est en voie de devenir mi-machine, mi-humaine, qu’on est entré dans une phase d’une « humanité post-biologique ». On apprend que ses recherches sont financées par la droite dure, ultralibérale américaine. A échéance pas très éloignée, il s’agirait de construire, nous dit un philosophe français, « une société fonctionnelle dans laquelle chaque individu dûment connecté serait assigné à une tâche précise ». H.G.Wells aurait donc vu juste ? De là à voir accompagnés par des robots les vieillards des hospices et pour personnel de crèches d’autres censés parler à nos bambins, il n’y a qu’un pas. On voit qu’il s’agit là d’une idéologie visant à déshumaniser le monde, avec l’arrière-pensée de parvenir à une rentabilité maximale et donc porteuse de bonheur, nous assure-t-on. Ces apprentis sorciers sont convaincus qu’ils nous rendront heureux puisqu’immortels. J’invite chaque lecteur à rester vigilant. Cette émission devrait être diffusée dans toutes les écoles avec débats critiques et réflexion sur notre devenir humain.

 

 

                                                  Yves CARCHON

22/10/2012

Vincent, Jean-Marc, Cécile et les autres

 


Beaucoup de flottements dans ce nouveau gouvernement ! Beaucoup de couacs aussi ! Un ministre de la République peut-il parler à titre personnel ? C’est ce que dit, prétend Vincent Peillon, ministre de l’Education Nationale après avoir dû avaler une couleuvre, sermonné par Ayrault, et rentrer dans le rang. Philosophe de formation, il aurait dû penser que l’homo politicus n’est pas à proprement parler un individu libre. Même les sénateurs grecs étaient prudents quand ils parlaient dans l’agora ! L’homme politique – et a fortiori un ministre - se doit de suivre la doxa de son camp, sans barguigner, au risque de créer la confusion et beaucoup d’illisibilité dans l’action gouvernementale. Sur le fond, on est bien sûr d’accord ou non avec Peillon. Ce qui pose problème quand on est à ce rang, c’est qu’en affichant sa propre opinion on engage du coup la parole de l’Etat et donc du président élu. Ce qui est de rigueur, voire un devoir pour qui est citoyen, doit être tenu en laisse pour qui est au service d’une politique. Ou alors, comme disait Chevènement : ...on démissionne ! ». Démissionner, c’est ce que fit le Che à une ou deux reprises. Heureux temps ! Qu’on se rassure : Vincent Peillon n’en est pas là. Mais on voit bien qu’il y a – hélas – ici et là, un peu d’amateurisme autour d’Hollande et que Jean-Marc a du mal à canaliser tout ce monde. Dommage ! Cela dit, je préfère un Peillon à une Cécile Duflot se refusant de se positionner sur le traité européen... Tout cela dira-t-on n’est bien sûr que broutilles. C’est vrai. Mais qui nous dit que les broutilles ne révèlent pas parfois avec plus d’acuité les pas-de-deux de la politique nationale ?

 

 

                                                  Yves CARCHON

19/10/2012

Mort d’un fantasme

 

                           

Dans les années 60 et au début des années 70, on s’arrachait - quoique sous le manteau - un roman érotique signé Emmanuelle Arsan. C’était ce qu’aujourd’hui on nommerait du « porno-chic », récit narrant l’initiation d’une jeune bourgeoise désœuvrée aux mille façons de faire l’amour. Ce petit livre venait un peu heurter, pour ne pas dire décomplexer, les convenances et la raideur d’une France pompidolienne guindée et prude ; il attira un lectorat nombreux grâce à la séduction de l’érotisme littéraire osé (en tout cas pour l’époque) et sans manières qu’il instillait. Le film qu’on en tira fit un triomphe. Et l’interprète qui incarna Emmanuelle, Sylvia Kristel, devint du jour au lendemain une nouvelle déesse. Qui n’a encore en tête cette madone dénudée, installée savamment dans un siège en rotin, aux cheveux courts comme ceux de Jean Seberg et aux seins fermes et accomplis comme les plus beaux des Caravage ? Mais le succès fut tel que l’actrice Kristel dut s’effacer derrière Emmanuelle et qu’elle devint malheureusement l’actrice d’un seul rôle. Elle fut conviée bien sûr de renouveler son exploit dans un « Emmanuelle 2 » plutôt médiocre, pour ne pas dire plus. Le premier n’était pas un chef-d’œuvre, mais il avait donné un coup de pied dans la pudibonderie et donc l’hypocrisie ambiante. Film identique à celui de Vadim (Et Dieu créa la femme) qui n’était pas non plus un très grand film mais dont l’impact marqua l’époque. Le reste de la filmographie de Kristel Sylvia ne vaut pas qu’on en parle, à part peut-être Alice ou la dernière fugue de Claude Chabrol. Puis son nom tomba dans l’oubli. Enfin non, pas vraiment : le simple nom d’Emmanuelle évoqué ça et là nous renvoyait à l’âge où le fantasme règne en maître. A cette France aussi qui sortait des ténèbres et qui jetait déjà les bases d’une société aux mœurs libres et sans pathos. On apprend aujourd’hui qu’Emmanuelle nous a quittés. La nostalgie n’est plus ce qu’elle était. Et, en songeant au frais minois de notre icône, nous devons bien nous incliner devant cette évidence aussi cruelle qu’imparable : même les fantasmes les plus sophistiqués ont aussi une fin !

 

 

                                                Yves CARCHON