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02/11/2011

Un salut fraternel à Lise

 

 

 

 


 

Une professeur de maths, Lise Bonnafous, 44 ans, s’immole par le feu au lycée Jean-Moulin de Béziers. C’était le 13 octobre dernier. Ce n’est pas vieux mais comme on était dans les Primaires on a certes parlé de l’affaire mais vite et mal. J’aimerais y revenir, non par morbidité ou complaisance, mais parce qu’un tel drame devrait nous amener à réfléchir sur ce qu’est l’état de notre école - qui fut montrée longtemps comme un modèle – et qui n’est plus, il faut bien l’avouer, que l’ombre de ce qu’elle fut. O âme de Jules Ferry, où es-tu donc passée ? Lise Bonnafous était suivie médicalement, nous dit Luc Chatel, ministre de l’Education nationale. Elle était certes en grande souffrance. On dit qu’elle était trop sévère et exigeante. Pour l’exigence, on veut le croire. Elle prenait son boulot pour une véritable mission ? Ce devrait être le cas de tous les enseignants. En un mot, elle hissait son travail au rang du sacerdoce laïc. On pourrait dire bravo si tout n’avait changé : ce qui était la règle hier est devenu une exception. Lise a pris son boulot trop au sérieux, diront d’aucuns. Non, elle prenait son job à cœur, voulait aller plus loin dans la pédagogie, créer un syndicat. L’inertie générale en a fait une martyre. Son désespoir devait être très grand pour s’asperger d’essence et se faire brûler vive dans la cour de récréation et devant ses élèves. J’ai souvenir que l’étudiant Ian Palach s’était jadis immolé par le feu pour protester contre l’invasion russe en Tchécoslovaquie, et que des moines tibétains s’étaient de même exécutés contre l’armée chinoise. Cela avait alors frappé tous les esprits au point que grands penseurs et intellectuels avaient signé articles et pétitions. Aujourd’hui rien ou presque. Le désarroi de ceux qui sont censés former les têtes de nos gamins n’intéresse plus grand monde ! Voilà pourquoi je voulais saluer Lise Bonnafous. Moi, j’aurais bien voulu avoir une prof comme elle !

 

                                                         Yves CARCHON

21/10/2011

Le Pont d’Arcole

 

                                      

 

Doit-on être satisfait de voir la Droite reprendre du poil de la bête face à la grande leçon démocratique que lui a infligé le PS ? Oui, si elle ne tombe pas dans la démagogie facile et outrancière, non si elle doit prendre à son compte les flèches qu’Aubry a décochées à l’olympien Hollande. L’effet de ces primaires de par certains débordements risque de revenir en boomerang dans le camp socialiste et donner de Hollande une image peu flatteuse. La Droite s’emploie à circonscrire l’impétrant à la Présidence dans un rôle de chiffe molle, caricature qui risque de lui porter grand tort s’il n’y prend garde. Les mots sont importants ; Hollande doit démontrer sans trop attendre qu’il est un homme ferme, qu’il peut trancher sans être inféodé à quelque sensibilité fût-elle de son camp, montrer sous l’apparente jovialité qui est la sienne qu’il peut être sérieux, autoritaire et bourré d’ambitions. Ambitions pour la France bien sûr. Je ne suis pas stratège en communication mais il serait urgent qu’Hollande peaufine son image d’opposant à Sarkozy en ferraillant avec ce Président comme Mitterrand jadis piquait De Gaulle au vif. On n’assied pas une autorité naturelle sans combattre inlassablement l’adversaire. Une fois qu’il sera regardé comme un danger par une Droite qui jusqu’ici est goguenarde, une fois que les Français reconnaîtront en lui l’Opposant légitime au régime sarkozyste, alors le rassemblement qu’il appelle de ses vœux se fera de lui-même. On peut même penser qu’il ne manquera pas un bouton de guêtre dans ses rangs, qu’aucune tête ne dépassera (à part la sienne) pour freiner son élan. On peut surtout imaginer qu’Hollande, pris dans l’effervescence de la campagne, se révélera un grand chef, un tribun inspiré, ne ménageant pas ses coups. Pour l’heure, Hollande et ses amis fourbissent leurs armes rue de Solférino. Nous ne sommes pas encore au Pont d’Arcole mais nous sentons déjà le vent tourner ! Même un nouveau papa ravi ne saurait arrêter la marche du soldat Hollande vers le pouvoir !

 

Yves CARCHON

Sale temps pour les glaneurs

 

 

 

 

Qu’un édile se doive d’entretenir l’image de sa ville, surtout lorsqu’elle a la réputation de Nogent sur Marne (« Ah ! Le petit vin blanc…. »), qui pourrait le lui reprocher ? Qu’il sensibilise ses concitoyens à respecter leur environnement – quitte à chatouiller leur porte-monnaie -, voilà qui fait aussi partie de ses missions. Qu’en revanche il inclut, dans cette éducation civique forcée, des sanctions contre ceux – hélas de plus en plus nombreux – qui vont glaner dans les poubelles pleines du soir un peu de nourriture encore consommable, voilà qui est scandaleux. Imagine-t’on, en effet, la criante nécessité qui pousse les glaneurs à cette recherche peu ragoutante ? Cette mesure, pourtant, Jacques J P Martin, le maire UMP de Nogent, l’a prise à la suite d’autres plus justifiées (comme ne pas cracher ou pisser sur la voie publique). Désormais, à Nogent – et bientôt ailleurs, aussi ? -, faire les poubelles est passible d’une amende de 38 euros. Un comble quand on songe à ce que cette somme peut représenter pour celui qui est réduit à cette extrémité ! Oui, le problème est bien dans ce durcissement des élites au pouvoir contre les plus déshérités auquel on assiste depuis quelques temps (et Marseille, avec le récent arrêté contre la mendicité pris par la municipalité Gaudin, en est un autre triste exemple). Il est grand temps que d’autres élus arrivent et entreprennent de lutter contre la pauvreté avec la même énergie que messieurs Martin et consort ont mis à lutter contre les pauvres.

 

                                                Erik PANIZZA