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24/07/2012

Coupables, assurément



La rafle du Vel’ d’Hiv, si elle fait polémique aujourd’hui, réveille en nous de vieux démons. Elle reste une des taches indélébiles de notre proche histoire. Ce n’est pas vieux, des survivants encore peuvent en parler. La France, l’Etat français et les Français en sont fautifs. Au mieux d’avoir fermé les yeux, au pire de s’être compromis en dénonçant à la police française – vichyssoise à l’époque – de pauvres gens dont le malheur était d’être nés Juifs. Aujourd’hui on ergote dans le camp de la droite, affirmant haut et fort et qu’n’y eut qu’un seul coupable dans cette sinistre affaire : l’Etat français. Autrement dit, la clique pétainiste, les Doriot, les Laval, tous les collabos de tous poils qui ont déshonoré la France. Pour eux, la France était De Gaulle, la résistance... ect... On sait combien de résistants se sont levés au tout début. Très peu, hélas. Il faut admettre avec Hollande que c’était bien la France qui a failli, la France et les Français, même s’il est dur de l’avouer, même si une poignée d’hommes vaillants et courageux insufflèrent au pays un sain sursaut sauvant l’honneur. Pour argument, on pourrait opposer à l’illustre Henri Guaino que cet Etat français fut adopté par une majorité de députés, que d’une certaine façon ces députés étaient censés représenter la France du moment et donc l’incarner. Mais parler argument serait vain. Il faut, en 2012, regarder le passé sans vergogne, en face, sans le masquer sous une querelle sémantique (l’Etat français, la France) et accepter que dans l’histoire d’une nation – même glorieuse et inventive – il y eut de criminelles périodes. La rafle du Vel’ d’Hiv, quand on se penche sur les images d’archives, fait partie de ces épisodes infamants qu’on ne peut oublier. La résilience s’applique-t-elle aussi aux peuples ? Si oui, affrontons donc nos traumatismes nationaux pour mieux nous projeter dans l’avenir.


                                              Yves Carchon

18/07/2012

Devoir de vacances

 


 

Les chroniqueurs aussi devraient prendre des vacances ! Même prolongées. C’est ce qui s’est passé pour moi depuis le 4 mai 2012 ! Fatigué, courant après l’évènement dont il faut rendre compte au risque de rejoindre son hamac pour rêver, j’en ai pris à mon aise avec tous mes lecteurs du Franc Tireur. On m’assure que je leur ai manqué et qu’ils étaient inconsolables. Qu’ils me pardonnent, je sais que je n’ai pas d’excuse. Si, une. A la fois mince et fallacieuse s’il en est : j’ai pris une sorte de tangente, saturé que j’étais d’infos et de surdose médiatique. Hollande étant passé, m’est arrivé comme en retour une sorte de déprime, comme ces femmes enceintes qui, quoiqu’heureuses d’enfanter, passent par un sas de décompression. J’ai certes voté Hollande en connaissance de cause mais les cinq ans de sarkozysme  m’avaient mis sur le flanc ! Aujourd’hui, je remonte la pente et suis tout prêt, à l’égal de ces grimpeurs du glorieux Tour de France, de remonter les cimes de l’actualité. Mais attention : Hollande - pas plus que Sarkozy- n’abusera de ma confiance. Il nous fallait tourner la page et réunir tous nos compatriotes pour refonder une France solidaire. Apaiser ce qui avait était cassé, brisé en miettes par un matamore mal élevé. C’est chose faite. Avec Hollande, il semble que l’on revienne au comportement gentilhomme, à l’élémentaire courtoisie qu’un dirigeant doit à son peuple. J’oserais dire qu’il n’y a pas de liberté sans bonnes manières. Reste maintenant au Président à arbitrer et à faire des choix justes pour que chacun puisse se sentir appartenir à la communauté dite nationale. Il semble que le nouveau gouvernement soit animé des meilleures intentions... Prenons-en acte. L’eau-de-rose a aussi ses limites...Je gage que mes futures chroniques seront agrémentées de piment de Cayenne !


                                               Yves CARCHON

 

03/07/2012

Bruissements (7)

 

                 

 

Egypte :  au terme d’une transition tumultueuse de 15 mois, les Egyptiens ont donc porté au pouvoir le candidat des Frères Musulmans, Mohamed Morsi, un ingénieur de 60 ans, au passé de militant antisioniste. Il est vrai qu’il avait, pour principal adversaire, Ahmed Chafiq, ex- premier ministre de Moubarak, ce qui ne laissait pas beaucoup de latitude aux électeurs. Une nouvelle fois, l’islamisme triomphe dans un grand pays arabe. Quid de la liberté individuelle et du respect des minorités sociales et religieuses (comme les Coptes) ? Se passera-t’il en Egypte ce qui se produit déjà en Tunisie, à savoir les menaces contre tous ceux et celles qui ne s’inscrivent pas dans une stricte obédience islamique ? On peut, hélas, le craindre malgré les déclarations consensuelles de Mohamed Morsi à l’encontre des pays occidentaux. La Charia ou l’armée (encore très puissante en Egypte) : est-ce donc la seule alternative pour les peuples du Moyen-Orient ? Est-ce ainsi que devait s’achever un printemps arabe porteur d’espoir et de démocratie ? A moins de considérer la révolution sous son angle étymologique, comme un retour à un état initial. Dans ce cas….

 

Mesures : mais revenons en France et à ces mesures annoncées qui arrivent à point nommé dans le contexte des hausses annuelles des prix en juillet. On en connaissait déjà quelques-unes – comme l’augmentation de l’allocation scolaire de rentrée. Pour le reste, pas de grandes surprises et même de petites déceptions, avec un SMIC majoré d’à peine 20  euros ou le retour de la retraite à 60 ans – et encore seulement pour ceux qui totalisent 41 annuités. Quant au projet de plafonner le livret A à 30 600 euros, il sera ramené plus modestement à  20 000 dès l’automne prochain. On sent le gouvernement socialiste passablement gêné aux entournures, obligé de composer avec le contexte économique actuel au grand dam de son aile gauche qui crie déjà à la trahison. Néanmoins, Jean-Marc Ayrault, dans son discours de politique générale à l’Assemblée Nationale, a réaffirmé les principaux engagements du candidat Hollande au cours de sa campagne présidentielle : retour à l’équilibre budgétaire en 2017, taxation à 75% des revenus annuels de plus d’un million d’euros, création de 60 000 postes de fonctionnaires sur 5 ans. Car le changement, selon lui, ne peut se faire que dans la durée et sans précipitation. Le ton était sobre mais vibrant et volontaire aussi, durant les 90 minutes de son allocution – ponctuée, c’est de bonne guerre, par le chahut des députés de l’opposition. Beaucoup d’idées et de propositions généreuses, entre patriotisme économique et refus de l’austérité, mais qui ne prendront vraiment sens qu’à l’épreuve de la réalité.

 

Continuité : Notez bien que les ministres socialistes n’entendent pas détricoter systématiquement toutes les mesures de leurs prédécesseurs de droite. Ainsi, Manuel Valls, à l’Intérieur, ne compte pas revenir sur la circulaire Guéant limitant à 30 000 le nombre des sans-papiers régularisés chaque année. Quant à Najat Vallaud-Belkacem, actuelle ministre des droits de la femme, elle compte tout simplement poursuivre l’entreprise d’éradication de la prostitution et la pénalisation des clients commencée par Roselyne Bachelot. Au-delà même de sa naïveté déconcertante vis-à-vis d’un tel phénomène social, comment ne pas dénoncer cette moralisation dirigiste de la vie sexuelle des Français, prévisible de la part d’une certaine droite, insupportable quand elle émane d’une ministre socialiste, fut-ce au nom de la dignité des femmes ? Du reste, sa critique la plus cinglante est venue d’une ex-ministre de droite, Rachida Dati, qui a simplement dit, de Najat Vallaud-Belkacem, « qu’elle ne connaissait rien à la prostitution ». Difficile, pour une fois, de lui donner tort.

 

Minitel : fin de partie pour le Minitel entré dans nos maisons au début des années 80. Ah ! Elle nous aura fait fantasmer, cette petite boite brune, sorte de super- annuaire électronique géré verticalement par France-Télécom. Pas moins de 25 000 services étaient accessibles par lui, ce qui simplifiait déjà pas mal la vie des usagers les plus branchés. Mais, rapidement, ce fut la frange « rose » du Minitel qui l’emporta sur toutes les autres. Avec la floraison des affiches coquines dans nos villes, le 36 15 devint pendant une dizaine d’années le nouveau code des libertins. L’arrivée d’Internet en France, dans les années 90, prit assez vite le pas sur ce petit bijou de la télématique française. Autant en tirer la conclusion qui s’imposait. Aussi, le 30 juin dernier, le Minitel,  désormais sous respiration artificielle, a été définitivement débranché après trente années de bons et loyaux services. La fin d’une époque mais peut-être, aussi, le début d’un de ces « mythes » chers à Roland Barthes.

 

 

 

                               Erik PANIZZA