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19/01/2012

Le show de Mélenchon

                     


 Pluralisme électoral oblige, David Pujadas avait invité jeudi 12 janvier, dans son émission « Des paroles et des actes », le bulldozer de la gauche française, Jean-Luc Mélenchon. Un invité d’autant plus difficile à gérer que l’on connaît depuis longtemps ses différends avec les journalistes. Ce que Pujadas, lutin facétieux, ne manqua pas de lui rappeler d’entrée de jeu avec quelques extraits d’émission triés sur le volet. Qu’importe ! Il en eût fallu bien plus pour décontenancer le patron du Front de gauche venu, pour la circonstance, avec son staff de campagne –  dont, au premier rang, Marie-Georges Buffet et Clémentine Autain. Il était d’ailleurs particulièrement en forme ce soir-là et les différentes personnalités, journalistes sou grand patron, qui l’affrontèrent en direct en prirent toutes pour leur grade. Car sur un plateau de télévision, Mélenchon c’est tout un spectacle.  Qu’il gronde, commente, conteste, provoque ou plaisante, il a l’art de monopoliser la parole et, au final, d’avoir toujours raison. En cela il est le digne héritier de Georges Marchais, à ceci près qu’il est bien plus agile – intellectuellement -  que ne l’était l’ancien premier secrétaire du PC.  Comme Marchais en son temps, Mélenchon a quelque chose d’inactuel, quelque chose qui détonne dans ce landernau politique trop policé, trop technocrate. En lui passe le souffle des grands orateurs et, finalement, on verrait bien sa trogne dans une galerie de portraits d’anciens révolutionnaires, disons entre Danton et Robespierre. Peut-être est-ce pour cela – plus encore que pour ses propositions anticapitalistes - que Mélenchon fait peur à beaucoup. On sent trop en lui l’homme de passion et, malgré ses efforts pour se tempérer, on ne peut que se demander ce que serait son rapport au pouvoir si, par un caprice de Marianne, il accédait à la présidence de la France. Et pourtant, reconnaissons-le, quel adversaire idéal il ferait face à Sarkozy au second tour ! On imagine aisément la tournure musclée que prendrait, avec eux, le traditionnel débat de l’entre-deux tours. Un adversaire autrement plus coriace que François Hollande- même si celui-ci se prépare certainement à cette épreuve. Oui, Mélenchon est, présentement, le candidat le plus authentique, le plus représentatif de la gauche française. Il a une énergie et une clarté programmatique que n’a pas – encore – Hollande. Mais il n’a pas ce qu’Hollande a : un grand parti derrière lui et un important capital de sympathie.

                                                 Bruno DA CAPO    

03/01/2012

VOTER N’EST PAS JOUER

 

                                  

 

Nicolas Sarkozy, lors de la liturgie des vœux pour 2012, avec le masque fermé de qui a su combattre le fatum n’a pas caché qu’on devrait tous se serrer la ceinture durant cette bonne année qui vient, même s’il garde « espoir » pour la sortie de crise. Vu le ton adopté, celui d’un matamore fripé, on peut émettre quelques doutes quant à l’espoir dont il nous parle. L’espoir pour qui ? Pour ceux qu’il a servis durant son quinquennat ? Je veux parler des riches qu’il ne voulait taxer et qu’il a protégés avec son bouclier fiscal, tant décrié, qu’il a conservé contre vents et marées, aujourd’hui devenu obsolète comme le sera bientôt sa gestion de la crise sur le dos des plus pauvres. On peut gager qu’un retour de bâton viendra frapper la caste dominante en mai prochain. Je l’appelle de mes vœux, même si je sais que la partie est loin d’être gagnée et qu’entre peur et repliement conservateur, la marge reste étroite pour imposer l’accès d’Hollande au faite du pouvoir. Deux écueils sont à craindre pour le candidat socialiste : Bayrou et Marine Le Pen qui peuvent faire un bon score tous deux au premier tour, au point d’être l’un ou l’autre au deuxième tour ou de peser si lourd qu’il faudra faire avec. Avec Bayrou, qui est républicain et démocrate, on peut s’entendre ; avec Marine,  c’est impossible ! La droite sait godiller avec les voix du Front, la gauche ne le peut et surtout ne le doit. Je n’ose penser à un duel genre 2002 : Marine –Sarkozy. Pourtant, il est à craindre que le dépit, l’écœurement, les lunes qu’on promettra et surtout la misère qui frappe une frange toujours plus importante de la population ne mettent en selle dans un duel tragique pour notre beau pays entre champions de droite et d’extrême droite. Alors il nous faudrait choisir, ce qui serait dans les deux cas franchement suicidaire. Mais nous n’en sommes pas là : si Hollande prend enfin la mesure du combat à mener (ce dont je doute encore) il a tout lieu de rassembler assez de forces et d’énergies pour bousculer le triste ordre des choses qui ne tient qu’à un fil et renverser ce que La Boétie nommait « colosse aux pieds d’argile » qui ne tient droit que parce qu’on le soutient.

                                                

                                                   Yves CARCHON

02/01/2012

Quelques vœux pour 2012

 

            

 

 

 

Ah ! La cérémonie des vœux présidentiels, le soir de la Saint Sylvestre, avec le drapeau tricolore (mais aussi la bannière européenne étoilée) en fond d’écran et l’hymne national qui ouvre et ferme son allocution. C’est une intervention qui exige une bonne dose de tact et à laquelle aucun président ne peut se dérober.  Nicolas Sarkozy s’est donc livré une nouvelle fois – et peut-être la dernière – à cet exercice délicat. Comme il fallait s’y attendre, il n’est pas sorti de sa posture présidentielle et pseudo impartiale. Il a ainsi présenté l’année 2012 comme « celle de tous les risques, mais aussi de tous les défis et de toutes les espérances ». S’il est revenu sur la crise, ce fut pour exalter les Français au courage mais aussi pour les rassurer : Soyez sans crainte, je tiens fermement la barre et je vous guide dans la tempête. On connaît la chanson….

En espérant ainsi qu’un autre que lui apparaisse dans la lucarne bleue l’année prochaine à la même date, je voudrais moi aussi, au nom du Franc-Tireur marseillais, formuler quelques vœux à l’orée de cette nouvelle année. En premier lieu, je souhaite que les Français s’impliquent davantage dans leur Rès Publica. Contrairement à bien des pays où la démocratie n’est qu’une apparence (et qui voteront, eux aussi, en 2012), contrairement à ceux qui sont obligés de faire leur révolution dans le sang et les larmes, nous pouvons activer un renouvellement pacifique par les urnes et il ne faudrait surtout pas s’en priver. L’a-quoi-bonisme et le « tous pourris » sont les signes certains d’une paresse intellectuelle, la porte ouverte à toutes les dérives aussi, et il faut s’efforcer de les chasser des esprits. Non, toute les politiques ne se valent pas et même si aucune ne peut garantir des lendemains paradisiaques, il y en a qui sont pires que d’autres. Parmi tous les évènements qui ont marqué l’année écoulée, le mouvement des Indignés – l’ampleur mondiale qu’il a pris – nous a délivré une leçon qu’il convient, plus que jamais, de méditer. Oui, nous pouvons secouer le joug de la rigueur et de la morosité, nous pouvons retrouver le chemin de la croissance et, avec lui, de l’enthousiasme, mais ce n’est pas gagné d’avance. Alors essayons de mettre un peu plus de générosité et de solidarité dans nos vies et travaillons, chacun à son niveau, à éclaircir un peu notre horizon commun.

Concernant la planète et ses trop nombreuses disparités, les motifs d’indignation sont, hélas, quasi quotidiens. Il y a ceux, notamment, qui n’hésitent pas, au nom de leur vérité et de leur bien, à perpétrer des actes abominables : nous l’avons encore vu, à Noël, avec les attentats dans des églises du Nigéria. La répression – que dis-je, le massacre – des opposants au régime en place qui se poursuit en Syrie me semble particulièrement scandaleuse et préoccupante. Sans ignorer la complexité des alliances politiques dans cette partie du monde,  il faudrait peut-être  une intervention internationale, comparable à celle qui a fait chuter Kadhafi, pour enfin mettre un terme à l’ignoble pouvoir de Bachar El Assad. Encore faudrait-il que ne viennent pas, après lui, d’autres ennemis plus insidieux  de la démocratie. Ce qui est toujours le risque lorsqu’on renverse un tyran.

Si tout cela advient au cours des prochains mois, si le despotisme et le désespoir reculent un peu au profit de la liberté et de la joie, alors 2012 sera, vaille que vaille, une bonne année pour la France comme pour le monde. C’est, du moins, les vœux que je formule avec, je le sais, beaucoup d’autres.

 

 

                                    Bruno DA CAPO