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02/01/2012

Quelques vœux pour 2012

 

            

 

 

 

Ah ! La cérémonie des vœux présidentiels, le soir de la Saint Sylvestre, avec le drapeau tricolore (mais aussi la bannière européenne étoilée) en fond d’écran et l’hymne national qui ouvre et ferme son allocution. C’est une intervention qui exige une bonne dose de tact et à laquelle aucun président ne peut se dérober.  Nicolas Sarkozy s’est donc livré une nouvelle fois – et peut-être la dernière – à cet exercice délicat. Comme il fallait s’y attendre, il n’est pas sorti de sa posture présidentielle et pseudo impartiale. Il a ainsi présenté l’année 2012 comme « celle de tous les risques, mais aussi de tous les défis et de toutes les espérances ». S’il est revenu sur la crise, ce fut pour exalter les Français au courage mais aussi pour les rassurer : Soyez sans crainte, je tiens fermement la barre et je vous guide dans la tempête. On connaît la chanson….

En espérant ainsi qu’un autre que lui apparaisse dans la lucarne bleue l’année prochaine à la même date, je voudrais moi aussi, au nom du Franc-Tireur marseillais, formuler quelques vœux à l’orée de cette nouvelle année. En premier lieu, je souhaite que les Français s’impliquent davantage dans leur Rès Publica. Contrairement à bien des pays où la démocratie n’est qu’une apparence (et qui voteront, eux aussi, en 2012), contrairement à ceux qui sont obligés de faire leur révolution dans le sang et les larmes, nous pouvons activer un renouvellement pacifique par les urnes et il ne faudrait surtout pas s’en priver. L’a-quoi-bonisme et le « tous pourris » sont les signes certains d’une paresse intellectuelle, la porte ouverte à toutes les dérives aussi, et il faut s’efforcer de les chasser des esprits. Non, toute les politiques ne se valent pas et même si aucune ne peut garantir des lendemains paradisiaques, il y en a qui sont pires que d’autres. Parmi tous les évènements qui ont marqué l’année écoulée, le mouvement des Indignés – l’ampleur mondiale qu’il a pris – nous a délivré une leçon qu’il convient, plus que jamais, de méditer. Oui, nous pouvons secouer le joug de la rigueur et de la morosité, nous pouvons retrouver le chemin de la croissance et, avec lui, de l’enthousiasme, mais ce n’est pas gagné d’avance. Alors essayons de mettre un peu plus de générosité et de solidarité dans nos vies et travaillons, chacun à son niveau, à éclaircir un peu notre horizon commun.

Concernant la planète et ses trop nombreuses disparités, les motifs d’indignation sont, hélas, quasi quotidiens. Il y a ceux, notamment, qui n’hésitent pas, au nom de leur vérité et de leur bien, à perpétrer des actes abominables : nous l’avons encore vu, à Noël, avec les attentats dans des églises du Nigéria. La répression – que dis-je, le massacre – des opposants au régime en place qui se poursuit en Syrie me semble particulièrement scandaleuse et préoccupante. Sans ignorer la complexité des alliances politiques dans cette partie du monde,  il faudrait peut-être  une intervention internationale, comparable à celle qui a fait chuter Kadhafi, pour enfin mettre un terme à l’ignoble pouvoir de Bachar El Assad. Encore faudrait-il que ne viennent pas, après lui, d’autres ennemis plus insidieux  de la démocratie. Ce qui est toujours le risque lorsqu’on renverse un tyran.

Si tout cela advient au cours des prochains mois, si le despotisme et le désespoir reculent un peu au profit de la liberté et de la joie, alors 2012 sera, vaille que vaille, une bonne année pour la France comme pour le monde. C’est, du moins, les vœux que je formule avec, je le sais, beaucoup d’autres.

 

 

                                    Bruno DA CAPO    

07/02/2011

Les plaies d’Egypte


Dans un dernier billet à propos de l’Egypte, je parlais d’un hypothétique bain de sang si Moubarak restait au pouvoir. On y est. Neuf jours ont passé et le raïs, comme l’arapède sur son rocher, s’agrippe au pouvoir. Il veut mourir en terre d’Egypte, autrement dit il ne quittera pas Le Caire et son pouvoir. Du coup, les pro-Moubarak ont envahi aussi la rue. Les dernières images qui nous sont parvenues (images qui risquent de devenir plus rares, voire nulles si on s’en prend aux journalistes)  nous montrent que c’est d’une guerre civile dont il s’agit. Moubarak a tenté de reprendre la main, y compris par la force et en usant de ses nervis, agents de la police et des services secrets infiltrés dans la foule pour brouiller la partie et retourner le peuple. Pari funeste et dangereux ! Les Américains les premiers, suivis par l’Europe dont la France, avancent la solution d’une transition qui serait assurée par le premier ministre de Moubarak. Mais l’exigence des Egyptiens dans leur grand nombre est claire : ils ne veulent plus de la clique au pouvoir, même pour une transition qui mènerait à une éventuelle démocratie. Ils savent qu’en occupant la rue aussi longtemps qu’ils le pourront, ils ont toutes les chances d’installer la démocratie et de chasser la corruption. L’ennui, c’est qu’une révolution est souvent sanguinaire, rarement de velours ou décorée d’œillets. Qu’on se souvienne de 1793 qui succéda à 1789 ou de tant d’autres révolutions. C’est presque une loi physique : quand il y a incandescence, il y a hélas destruction. La journée d’aujourd’hui est une journée cruciale : plus le temps passe, plus Moubarak risque gros dans cette affaire ; et plus l’Egypte aura de plaies qu’il lui faudra soigner.

Yves CARCHON

25/01/2011

Dignité recouvrée


Les Tunisiens ont relevé la tête. Il n’est que de les voir défiler dans les rues, parler à haute voix sur la place publique, exiger le départ de la clique au pouvoir –celle qui soutint durant plus de vingt ans le cynique Ben Ali - pour comprendre ce représente de facto une révolution en marche. Exulter ! Voilà ce dont un peuple longuement opprimé a besoin ! Et il est clair que là, en Tunisie, l’exultation est à son comble. On redécouvre le parler vrai, ce qu’est sourire, revendiquer, rêver. On ose enfin se regarder sans honte et sans tristesse.  Finis les sombres jours où l’on rasait les murs (qui avaient des oreilles), où l’on baissait les yeux par peur de la police, où l’on parlait à demi-mot en épiant son voisin. Désormais, on se lâche, exprimant ce qu’on pense, ce qu’on sent, ce qu’on veut. Et bien sûr on veut tout quand tout nous a manqué ! En observant ces turbulences, on craint bien sûr le pire : excès, épuration, liquidations aveugles. Mais le moteur de toute révolution est le désir de mettre fin au sentiment d’humiliation que ne supporte plus un peuple. Plus que le pain, le travail qui manquait, il s’agit bien de dignité blessée et bafouée dont les Tunisiens ont pâti. Dignité rétablie qu’ils comptent bien conforter, dussent-ils le payer cher. Un flou demeure pourtant dans les esprits chagrins. Tout paraît beau, trop beau. Pour l’après Ben Ali, après toutes ces années de dictature - donc de parti unique -, y a-t-il une relève politique capable de porter à bout de bras les aspirations de la rue ? Une opposition structurée, alors même que l’on sait que toute tentative démocratique a été minutieusement liquidée ? On sait que se préparent des élections, qu’on tiendra compte de toutes les mouvances (y compris islamiste). Espérons qu’elles accouchent du meilleur, non du pire. C’est en tout cas le vœu sincère et optimiste que je veux adresser au peuple tunisien.

 

                                           Yves CARCHON