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05/08/2013

Bruissements (24)

 


 

 

 Energie : il y a belle lurette que la hausse régulière des tarifs d’EDF n’étonne plus personne. Dommage. D’ici 2017, l’augmentation – toujours justifiée, bien sûr, par les coûts de production – pourrait atteindre 30%. Ainsi, de plus en plus de Français peinent à payer leur facture énergétique et renoncent – c’est un comble ! – à se chauffer correctement durant l’hiver. Au total,  huit millions de nos concitoyens seraient forcés à de telles restrictions. Face à la multiplication des cas de paiement difficile – voire impossible -, le gouvernement Ayrault envisage d’élargir l’accès aux tarifs sociaux de l’énergie. A l’extrême, un fournisseur de dernier recours serait envisagé. Voilà ce qui ressemble à une mesure de gauche. Faut-il dire qu’il est très attendu sur ce sujet et que celui-ci pourrait se révéler brûlant dans quelques mois ?

 

Stages : la multiplication des stages, en France, est un autre sujet d’indignation. Sous couvert d’assurer une formation à des jeunes arrivant sur le marché du travail, de plus en plus d’entreprises les font  travailler gratuitement, ce qui les dispense de créer de nouveaux CDD, voire des CDI.  Une main d’œuvre parfaite pour les employeurs qui peuvent la renouveler tous les trois mois, et cela sans la moindre indemnité. Dans ces conditions, on n’est pas près de résorber le chômage des jeunes. Avec un tel système, il y aura ainsi une bonne partie de la population qui n’aura d’autre expérience professionnelle que celle de stagiaire. Et pourtant des lois existent, qui régissent ce type de contrats. Il est notamment « interdit d’employer à une tache régulière correspondant à un poste d’activité permanent, de l’employer pour faire face à un accroissement d’activité, de ne pas lui verser d’indemnités s’il a travaillé plus de deux mois ». A propos, quels sont les secteurs qui emploient le plus de stagiaires en France ? La culture et les médias…

 

 Auto-entrepreneurs : les auto-entrepreneurs sont maintenant dans le collimateur de Bercy. On se souvient sans doute que ce statut- fiscalement très avantageux – avait été créé par le précédent gouvernement comme une incitation au retour à l’emploi. Concrètement, c’était un traquenard, puisque l’auto-entrepreneur devait jongler entre plusieurs taches au sein de son activité pour un salaire souvent inférieur au SMIC. Si beaucoup jetèrent vite l’éponge, certains parvinrent malgré tout à trouver  leurs marques. Et voilà que Sylvie Pinel, ministre de l’artisanat en charge de cette réforme, a fixé à 19 000 euros annuels le plafond pour continuer à exercer sous ce statut. Le motif invoqué est la volonté de ne pas faire une concurrence déloyale aux petites entreprises – qui, elles, sont lourdement taxées. Cela relève sans doute d’un souci d’équité, mais 19 000 euros, toutes charges déduites, c’est à peine un SMIC mensuel. Qui osera dire, après ça, que le travail enrichit son homme ? D’où la légitime colère des auto-entrepreneurs survivants, eux qui, après avoir galéré des années, parviennent à peine à une rémunération normale. Les « poussins » ne veulent pas être étouffés à peine nés, et comment leur donner tort ?

 

Amende : sale temps pour les automobilistes. Tout semble fait pour les décourager de prendre la voiture, tout au moins abusivement, dans nos villes. Mais l’habitude du volant – hélas - reste très forte chez la plupart d’entre eux. La dernière mesure gouvernementale en date a donc libéré le montant unique des amendes pour stationnement interdit. Jusqu’ici fixé partout à 17 euros, il est désormais laissé à l’appréciation des édiles locaux. Ainsi, mal se garer à Vénissieux ou à Palaiseau pourrait vous couter plus cher qu’à Paris. Il est vrai que les parkings sont plus nombreux dans les grandes villes, mais ils sont chers et pris d’assaut.

 

 

 

                        Erik PANIZZA

29/07/2013

Grandes oreilles ou bonnet d’âne ?

 


 

 

 Avec l’accession d’Obama à la maison Blanche, beaucoup en Europe ont naïvement pensé que les USA étaient entrés dans une nouvelle ère, faite de paix et de transparence. A la logique militariste et paranoïaque d’un George W Bush aurait succédé celle des Droits de l’Homme et de la défense des opprimés. On sait, à présent, qu’il n’en est rien et que les USA ne sont pas prêts de renoncer à leur leadership mondial, notamment en matière de technologie militaire (comme nous le montre l’usage, de plus en plus fréquent, des drones). En révélant au monde entier l’activité d’espionnage illimité à laquelle se livre la NSA  - la puissante Agence de Sécurité américaine -, Edward Snowden n’a pas fait que rendre service à la démocratie ; il l’a aussi faite trembler sur ses bases. Nous savons tous que l’informatique a banalisé l’espionnage des citoyens par leurs instances dirigeantes à l’intérieur des frontières nationales : en cela les « fuites » concernant la DGSE, début juillet, n’ont pas vraiment été une surprise. Mais qu’une super-puissance mette sur écoute les centres décisionnaires de ses propres alliés, en Europe, est autrement plus scandaleux, nous ramène quelques cinquante ans plus tôt, à l’époque de la guerre froide. Face à ce qui aurait été, autrefois, un casus belli, les réactions des dirigeants européens ont été d’une dérisoire timidité, sans commune mesure avec l’importance de cette affaire. On songe à Laurent Fabius déclarant avec flegme: « Si ces faits étaient avérés, ce serait très grave. ». Avérés, ils le sont – ô combien ! -, mais aucune sanction, pas même économique, ne suivra les révélations intempestives d’Edward Snowden. Pire! Il est traité depuis comme un chien galeux par ceux-là mêmes qu’il a voulu éclairer sur les méthodes de leur « grand frère ». Aucun état, à commencer par la France, ne veut prendre le risque de l’accueillir sur son territoire ; si c’était possible, on le livrerait pieds et poings liés aux USA qui le réclament comme un dangereux criminel. Cette attitude pusillanime  - qui fait finalement le jeu de la Russie de Poutine – en dit long sur notre faiblesse structurelle et la dépendance quasi viscérale de l’U E vis-à-vis des Etats-Unis. Il est d’ailleurs symptomatique que la France, revenue dans l’OTAN avec Sarkozy, n’en soit pas ressortie avec Hollande. Nous sommes fiers – à juste titre – quand nos soldats repoussent la menace islamiste au Mali ; et beaucoup, parmi nous, aiment encore les voir parader sur les Champs Elysées, le 14 juillet. Mais nous savons aussi que les capacités d’action et de défense de nos armées sont plus que jamais limitées. Pas question, dans ces conditions, d’en remontrer aux USA et prendre nos distances vis-à-vis d’eux. Nous en aurions trop besoin en cas de coup dur. Ils peuvent continuer à scanner nos mails et nos communications téléphoniques en toute impunité. Puisque c’est seulement de l’espionnage commercial. Puisque, finalement, c’est pour la même cause.   

 

                       Bruno DA CAPO

16:23 Publié dans 11 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : snowden, espionnage, dgse, otan

22/07/2013

Bruissements (23)

 

E-cigarette : alors que le prix du paquet de cigarettes n’en finit pas d’augmenter - + 40 centimes, ces jours-ci -, le marché de la cigarette électronique profite de ces hausses à répétitions. En France, on estime déjà à cinq cents le nombre de boutiques diffusant cet équipement. D’origine chinois, celui-ci implique un investissement de départ d’environ 100 euros, mais l’économie se fait ensuite sur le montant des recharges par rapport à la durée et au prix moyens des paquets ordinaires. En outre, l’E-cigarette éliminerait, exception faite de la nicotine, la plupart des substances toxiques contenues dans les cigarettes en papier. Si c’est à priori un mieux pour les fumeurs invétérés, elle n’en reste pas moins une incitation à fumer, surtout pour les adolescents – cibles privilégiées de l’industrie du tabac - : car pourquoi se priver d’un plaisir s’il est (presque) exempt de tout risque ? A cette banalisation assumée s’adjoint le problème de ceux qui se croient ainsi dispensés de l’interdiction de fumer dans les lieux publics et c’est, bien sûr, source potentielle de conflits. Pour couper court à la polémique, Marisol Touraine, ministre de la santé, a décidé de bannir l’E-cigarette dans les lieux déjà interdits aux fumeurs. Un geste courageux qui confirme son souci de l’intérêt général des Français et que nous tenons à saluer ici. Reste à savoir comment se fera son application sur le terrain.

Monsanto : bonne nouvelle, aussi, pour tous ceux qui ne croient pas à la parfaite innocuité des produits transgéniques. La firme américaine Monsanto a officiellement retiré, le 17 juillet, ses demandes d’homologation pour plusieurs de ses produits en Europe (dont le maïs, le soja et la betterave à sucre). Ce retrait renforce la volonté d’interdiction de la France, mais aussi de l’Allemagne et de l’Italie, qui se sont ainsi opposées en ce domaine aux directives européennes - lesquelles avaient initialement autorisé la culture transgénique dans l’U E. Du reste, le problème continue de se poser en amont, avec les importations de fourrage américain génétiquement modifié par l’Europe. Et jusqu’à nos propres cheptels qui sont déjà nourris avec de telles semences. Chassez le transgénique par la porte, il revient par la fenêtre.

Tchernobyl : une récente étude épidémiologique, effectuée en Corse, a confirmé le lien entre la recrudescence des cancers de la thyroïde et le « nuage » de Tchernobyl, lequel fit alors (avril-mai 1986) une halte durable et remarquée sur le port d’Ajaccio. A l’époque, ses habitants avaient cru à une brume marine et des milliers de gens, au lieu de se renfermer chez eux, avaient continué d’aller et de venir, baignant ainsi dans une atmosphère radioactive. On sait désormais ce qui leur advint par la suite. Si les pouvoirs publics d’alors savaient, les populations concernées ignoraient ce qu’elles savent, presque toutes, aujourd’hui. Malgré tout, l’actuel gouvernement continue de jouer la montre vis-à-vis d’un problème qui exigerait des décisions rapides et courageuses. Ne fut-ce que pour honorer quelques promesses de campagne.

Tricastin: périodiquement, Green Peace se fait un devoir de tester la sécurité de nos centrales nucléaires et d’alerter ainsi l’opinion publique. Cette année, son choix s’est porté sur celle du Tricastin (Drôme) qui alimente en énergie la région lyonnaise et la PACA. Le 15 juillet, au petit matin, 29 de ses militants ont escaladé en toute tranquillité les murs de la centrale et ont passé ainsi trois niveaux de sécurité pour mettre le doigt là où ça fait mal, c'est-à-dire sur les fissures de la cuve du réacteur numéro 1 – dont une de 11 millimètres. Ce n’est que plusieurs heures après que les militants ont été délogés et interpellés par la police: imagine-t’on ce qu’aurait pu faire, en ce laps de temps relativement long, un commando de véritables terroristes? Mais la sécurité n’est pas plus certaine au niveau des structures internes, comme ils l’ont audacieusement montré. En fait, la vétusté de centrale du Tricastin, tout comme celles de Fessenheim, Gravelines, Bugey et Blayais, nécessiterait sa fermeture d’ici 2020. Mais quoiqu’un plan de transition énergétique soit actuellement en discussion, le poids des lobbys pro-nucléaire risque fort de peser sur les décisions gouvernementales. Dans ces conditions, ramener la part du nucléaire à 50% des fournitures énergétiques du pays a de grandes chances de revenir à un autre gouvernement que celui-ci, malgré tout ce qu’avait pu dire le candidat Hollande. C’est contre ce laxisme et ces atermoiements inquiétants que s’insurge, avec raison, Green Peace. Pour remercier l’ONG de ses actions salutaires, on envisage, place Beauvau, un renforcement des sanctions pénales pour ses membres toujours emprisonnés. Il y a quelque chose qui ne tourne pas rond chez nos dirigeants.

 

                             Erik PANIZZA