Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

29/07/2013

Grandes oreilles ou bonnet d’âne ?

 


 

 

 Avec l’accession d’Obama à la maison Blanche, beaucoup en Europe ont naïvement pensé que les USA étaient entrés dans une nouvelle ère, faite de paix et de transparence. A la logique militariste et paranoïaque d’un George W Bush aurait succédé celle des Droits de l’Homme et de la défense des opprimés. On sait, à présent, qu’il n’en est rien et que les USA ne sont pas prêts de renoncer à leur leadership mondial, notamment en matière de technologie militaire (comme nous le montre l’usage, de plus en plus fréquent, des drones). En révélant au monde entier l’activité d’espionnage illimité à laquelle se livre la NSA  - la puissante Agence de Sécurité américaine -, Edward Snowden n’a pas fait que rendre service à la démocratie ; il l’a aussi faite trembler sur ses bases. Nous savons tous que l’informatique a banalisé l’espionnage des citoyens par leurs instances dirigeantes à l’intérieur des frontières nationales : en cela les « fuites » concernant la DGSE, début juillet, n’ont pas vraiment été une surprise. Mais qu’une super-puissance mette sur écoute les centres décisionnaires de ses propres alliés, en Europe, est autrement plus scandaleux, nous ramène quelques cinquante ans plus tôt, à l’époque de la guerre froide. Face à ce qui aurait été, autrefois, un casus belli, les réactions des dirigeants européens ont été d’une dérisoire timidité, sans commune mesure avec l’importance de cette affaire. On songe à Laurent Fabius déclarant avec flegme: « Si ces faits étaient avérés, ce serait très grave. ». Avérés, ils le sont – ô combien ! -, mais aucune sanction, pas même économique, ne suivra les révélations intempestives d’Edward Snowden. Pire! Il est traité depuis comme un chien galeux par ceux-là mêmes qu’il a voulu éclairer sur les méthodes de leur « grand frère ». Aucun état, à commencer par la France, ne veut prendre le risque de l’accueillir sur son territoire ; si c’était possible, on le livrerait pieds et poings liés aux USA qui le réclament comme un dangereux criminel. Cette attitude pusillanime  - qui fait finalement le jeu de la Russie de Poutine – en dit long sur notre faiblesse structurelle et la dépendance quasi viscérale de l’U E vis-à-vis des Etats-Unis. Il est d’ailleurs symptomatique que la France, revenue dans l’OTAN avec Sarkozy, n’en soit pas ressortie avec Hollande. Nous sommes fiers – à juste titre – quand nos soldats repoussent la menace islamiste au Mali ; et beaucoup, parmi nous, aiment encore les voir parader sur les Champs Elysées, le 14 juillet. Mais nous savons aussi que les capacités d’action et de défense de nos armées sont plus que jamais limitées. Pas question, dans ces conditions, d’en remontrer aux USA et prendre nos distances vis-à-vis d’eux. Nous en aurions trop besoin en cas de coup dur. Ils peuvent continuer à scanner nos mails et nos communications téléphoniques en toute impunité. Puisque c’est seulement de l’espionnage commercial. Puisque, finalement, c’est pour la même cause.   

 

                       Bruno DA CAPO

16:23 Publié dans 11 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : snowden, espionnage, dgse, otan

Les commentaires sont fermés.