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17/04/2015

Sécurité ? Non, liberté !

 

Allo, j’écoute ? Silence... Allo ? Allo ?... On m’écoute peut-être ? Oui, mais c’est pour notre sécurité à tous. Ah bon ! Il n’y a pas si longtemps, l’affaire Snowden avait révélé des écoutes massives aux Etats Unis et la vieille Europe s’était récriée : «  Comment ça ! On ne peut mettre sur écoute un pays entier ! » A l’époque, nous donnions  des leçons démocratiques, arguant que la lutte contre le terrorisme ne devait produire de loi liberticide. Aujourd’hui, alors qu’Hilary Clinton propose pour sa prochaine élection à la Maison Blanche de revenir sur l’atteinte aux libertés du Patriot Act, aujourd’hui donc, en France, on semble oublier les recommandations faites à nos amis américains, sachant que les bons conseils sont toujours donnés aux autres et jamais à soi. Notre loi Renseignement est bien sûr montrée du doigt par Amnesty International, Reporters sans frontière et bien d’autres. En réponse de quoi, le gouvernement regarde ces irréductibles démocrates comme des inconscients se moquant de la sécurité. On voit bien où est le piège que nous tendent les terroristes : en renonçant à nos libertés dites fondamentales, on fait le jeu du fondamentalisme religieux basé sur le crime et l’intimidation. Certes, des sondages nous disent que nombreux Français sont prêts à renoncer à leur vie privée pour faciliter la lutte contre le terrorisme. Mais en renonçant à notre liberté, on accepte les diktats des terroristes. On se plie aux exigences de la terreur. Aux dernières nouvelles, un régime spécial serait accordé aux avocats, notaires, journalistes, parlementaires qui craignent de ne plus pouvoir faire leur métier correctement. Voilà qui est bien. Mais qu’en sera-t-il pour le citoyen comme vous et moi ? Devra-t-il vivre sous surveillance constante ? Privilégier la sécurité à tout crin sera toujours accepter de perdre tout ou partie de sa liberté.

 

                      Yves CARCHON

 

 

14/08/2014

Snowden reste en Russie

 

 

 Il y a un an de ça, le monde entier apprenait l’existence d’Edward Snowden, un informaticien américain de 29 ans, consultant à la NSA, qui avait dénoncé les écoutes généralisées de la puissante agence de renseignements qui l’employait. Il y révélait, notamment, que l’Allemagne et la France, pourtant alliées des USA, étaient espionnées sans vergogne. L’affaire avait alors provoqué quelques remous diplomatiques et mis le lanceur d’alerte dans l’inconfortable situation d’un proscrit : car ce qui est moral n’est pas forcément légal et vice-versa. Commençait pour lui une errance aérienne dont on se demandait quand elle prendrait fin. Le temps d’une escale en France, le gouvernement  lui avait fait comprendre que sa présence sur notre territoire n’était pas la bienvenue. Finalement Snowden, qui espérait trouver refuge en Amérique Latine, avait obtenu – comme d’autres avant lui -  l’asile politique en Russie. Une occasion, pour Vladimir Poutine, de redorer son blason démocratique (bien terne) à peu de frais ; d’adresser aussi un pied-de-nez au sempiternel adversaire de la Russie que sont les USA. Le 7 août dernier, la Russie a donc renouvelé le visa de Snowden pour trois ans. Tant mieux pour Snowden dont la probité ne méritait sans doute pas un tel ostracisme (une grande partie de l’opinion occidentale lui est d’ailleurs favorable). Il pourra ainsi continuer à apprendre le Russe et mettre ses connaissances en informatique au profit de sa patrie adoptive. Depuis, les tensions internationales se sont encore accrues ; la guerre civile en Ukraine et le soutien logistique qu’apporte la Russie aux rebelles pro-russes n’en finissent pas d’inquiéter l’Europe. Pour pallier à l’impossibilité d’une intervention militaire, ses dirigeants, en accord avec Washington, multiplient les protestations et les menaces de sanctions économiques contre Poutine et ses proches. Peine perdue au vu des filières d’approvisionnement dont il dispose en Amérique du Sud et en Asie. Dans ce contexte qui rappelle de plus en plus celui de la guerre froide des années 60, Snowden reste plus que jamais un symbole et un enjeu. Un symbole pour tous ceux qui voient – et ils sont nombreux – dans la Russie une alternative au modèle occidental affaibli par ses dissensions : les ennemis de mes ennemis sont mes amis. Un enjeu car, si le vent venait à tourner, il y a gros à parier que l’ardent défenseur des libertés qu’est Poutine pourrait utiliser Snowden comme monnaie d’échange. Nous n’en sommes pas là et Snowden peut continuer à mener une vie discrète mais paisible en Russie. Avec, toutefois, la  certitude qu’il ne pourra plus réitérer ici son coup de force communicationnel de mai 2013. Vous avez dit liberté…

 

 

                     Bruno DA CAPO      

29/07/2013

Grandes oreilles ou bonnet d’âne ?

 


 

 

 Avec l’accession d’Obama à la maison Blanche, beaucoup en Europe ont naïvement pensé que les USA étaient entrés dans une nouvelle ère, faite de paix et de transparence. A la logique militariste et paranoïaque d’un George W Bush aurait succédé celle des Droits de l’Homme et de la défense des opprimés. On sait, à présent, qu’il n’en est rien et que les USA ne sont pas prêts de renoncer à leur leadership mondial, notamment en matière de technologie militaire (comme nous le montre l’usage, de plus en plus fréquent, des drones). En révélant au monde entier l’activité d’espionnage illimité à laquelle se livre la NSA  - la puissante Agence de Sécurité américaine -, Edward Snowden n’a pas fait que rendre service à la démocratie ; il l’a aussi faite trembler sur ses bases. Nous savons tous que l’informatique a banalisé l’espionnage des citoyens par leurs instances dirigeantes à l’intérieur des frontières nationales : en cela les « fuites » concernant la DGSE, début juillet, n’ont pas vraiment été une surprise. Mais qu’une super-puissance mette sur écoute les centres décisionnaires de ses propres alliés, en Europe, est autrement plus scandaleux, nous ramène quelques cinquante ans plus tôt, à l’époque de la guerre froide. Face à ce qui aurait été, autrefois, un casus belli, les réactions des dirigeants européens ont été d’une dérisoire timidité, sans commune mesure avec l’importance de cette affaire. On songe à Laurent Fabius déclarant avec flegme: « Si ces faits étaient avérés, ce serait très grave. ». Avérés, ils le sont – ô combien ! -, mais aucune sanction, pas même économique, ne suivra les révélations intempestives d’Edward Snowden. Pire! Il est traité depuis comme un chien galeux par ceux-là mêmes qu’il a voulu éclairer sur les méthodes de leur « grand frère ». Aucun état, à commencer par la France, ne veut prendre le risque de l’accueillir sur son territoire ; si c’était possible, on le livrerait pieds et poings liés aux USA qui le réclament comme un dangereux criminel. Cette attitude pusillanime  - qui fait finalement le jeu de la Russie de Poutine – en dit long sur notre faiblesse structurelle et la dépendance quasi viscérale de l’U E vis-à-vis des Etats-Unis. Il est d’ailleurs symptomatique que la France, revenue dans l’OTAN avec Sarkozy, n’en soit pas ressortie avec Hollande. Nous sommes fiers – à juste titre – quand nos soldats repoussent la menace islamiste au Mali ; et beaucoup, parmi nous, aiment encore les voir parader sur les Champs Elysées, le 14 juillet. Mais nous savons aussi que les capacités d’action et de défense de nos armées sont plus que jamais limitées. Pas question, dans ces conditions, d’en remontrer aux USA et prendre nos distances vis-à-vis d’eux. Nous en aurions trop besoin en cas de coup dur. Ils peuvent continuer à scanner nos mails et nos communications téléphoniques en toute impunité. Puisque c’est seulement de l’espionnage commercial. Puisque, finalement, c’est pour la même cause.   

 

                       Bruno DA CAPO

16:23 Publié dans 11 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : snowden, espionnage, dgse, otan