27/09/2013
Bruissements (26)
Allemagne : Avec un volume d’échanges représentant 28% de l’économie européenne (celui de la France atteint à peine les 19%), l’Allemagne est unanimement regardé comme le bon élève de l’UE. Tout ce qui s’y déroule, à commencer par ses élections, est évidemment très suivi. Mais un pays ne se mesure pas seulement à l’aune de sa réussite économique ; le bonheur et la prospérité de ses membres sont aussi des paramètres qu’il ne faut pas négliger pour son appréciation générale. Et là c’est, outre-Rhin, une autre paire de manches. Réélue sans surprise au poste de chancelière, dimanche dernier, avec 42% des voix, Angela Merkel va devoir prêter davantage l’oreille aux voix discordantes et revendicatrices qui montent de plus en plus autour d’elle. Car tout n’est pas rose au pays de Bach et de Goethe. Malgré ses 80 millions d’habitants, l’Allemagne est menacée par la dénatalisation à moyen terme. Et le SMIC n’y existe pas encore, ce qui permet à bien des patrons de faire travailler des employés sans qualification pour 3 euros de l’heure, voire moins. Allez vivre décemment avec ça ! Voilà une explication au « miracle allemand ». Harmoniser les rémunérations sera certainement l’un des grands chantiers d’ « Angie » pour les quatre années à venir. Taxer un peu plus les grands dirigeants d’entreprise en sera peut-être un autre. D’autant qu’un gouvernement de coalition entre la CDU et le SPD, son rival social-démocrate, se profile – la chancelière ayant raté de peu la majorité absolue. Voilà de quoi rapprocher encore un peu plus l’Allemagne de la France.
Transition énergétique : Hollande va-t’il tenir ses promesses de campagne en matière d’environnement ? Beaucoup, dans ce pays, l’espèrent et ses déclarations, lors de la récente conférence environnementale, laissent penser qu’il ne les a pas tout à fait oubliés. D’ici fin 2014, une nouvelle version de la « taxe carbone », plus progressive, moins pénalisante pour les ménages, devrait entrer en vigueur. La baisse de la TVA – de 10 à 5% - sur la rénovation thermique des logements est une autre mesure qui sera appréciée par un grand nombre de Français. Restent la réduction de la consommation en énergies fossiles – les plus polluantes – et la progressive diminution de la part du nucléaire dans la production énergétique nationale. Là, c’est loin d’être chose faite. On ne sait toujours pas si la vieille centrale de Fessenheim sera fermée en 2017. Cela n’a rien de surprenant quand on sait qu’elle est gérée par EDF et qu’il faudrait, dans ce cas, que l’état dédommage M. Proglio à hauteur de deux milliards d’euros. Voit-on mieux pourquoi les choses sont si longues à débloquer en ce domaine ?
Lobbies : cette affaire repose le problème des lobbies industriels qui interfèrent de plus en plus dans la vie politique européenne. C’est particulièrement inquiétant lorsqu’ils cherchent à contourner les normes sanitaires en vigueur. Ainsi Philip Morris, la tristement célèbre firme de cigarettes, aurait tenté d’influencer les arbitrages des députés européens en ce domaine. Car pour celle-ci, l’UE représente avant tout un marché de 500 millions d’acheteurs potentiels. On voit d’ici les pressions et les pots de vin. Evidemment quand c’est Corinne Lepage qui est au bout du fil, le succès est moins assuré qu’avec d’autres députés. Rappelons quand même que l’on estime à 700 000 le nombre des décès prématurés causés, chaque année, par l’usage du tabac dans l’U E.
GTA 5 : voulez-vous vivre simultanément les aventures d’un braqueur de banques, d’un escroc et d’un psychopathe ? Entrez dans une boutique de jeux vidéo et prononcez seulement ces quatre syllabes : GTA 5. Sorti le 17 septembre dernier, ce cinquième opus de la série Rockstar Games a mobilisé 250 informaticiens pendant 5 ans et a couté la bagatelle de 137 millions de dollars (c'est-à-dire encore plus qu’un blockbuster hollywoodien). Evidemment, ses créateurs escomptent un bénéfice bien supérieur, d’autant qu’il s’arrache comme des petits pains depuis son lancement. Devant un tel succès, la question est bien de savoir pourquoi il y a tant de gens, dans le monde, qui éprouvent le désir de vivre d’autres vies que la leur. Aristote voyait dans l’art dramatique une purgation des passions humaines (la fameuse « catharsis »). Pour le grand public, et surtout les plus jeunes, il semble que ce soit aujourd’hui les jeux vidéo qui assurent cette fonction. A moins qu’ils n’entrainent insidieusement leurs adeptes à confondre la fiction et la réalité, jusqu’à se résoudre dans la violence gratuite. Une vraie question de société, vous dis-je.
Honnêteté : l’honnêteté paierait-elle ? Ce serait assurément une nouvelle surprenante – mais une bonne nouvelle, quand même – dans ce monde où la corruption semble régner à tous les étages. C’est, en tous les cas, l’expérience qu’a faite un SDF américain de 54 ans en ramenant à la police de Boston un sac à dos égaré qui ne contenait pas moins de 42 000 dollars en liquide et en chèques. Son propriétaire, un jeune comptable de Virginie, a aussitôt lancé, pour le remercier, une collecte de fonds sur Internet. A ce jour, elle a rapporté quelques 100 000 dollars, ce qui va permettre à l’honnête SDF de repartir d’un bon pied dans la vie. Certains jours, on voudrait croire aux contes de fées…
Erik PANIZZA
17:26 Publié dans numéro 12 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : allemagne, énergie, lobbies, gta 5
05/08/2013
Bruissements (24)
Energie : il y a belle lurette que la hausse régulière des tarifs d’EDF n’étonne plus personne. Dommage. D’ici 2017, l’augmentation – toujours justifiée, bien sûr, par les coûts de production – pourrait atteindre 30%. Ainsi, de plus en plus de Français peinent à payer leur facture énergétique et renoncent – c’est un comble ! – à se chauffer correctement durant l’hiver. Au total, huit millions de nos concitoyens seraient forcés à de telles restrictions. Face à la multiplication des cas de paiement difficile – voire impossible -, le gouvernement Ayrault envisage d’élargir l’accès aux tarifs sociaux de l’énergie. A l’extrême, un fournisseur de dernier recours serait envisagé. Voilà ce qui ressemble à une mesure de gauche. Faut-il dire qu’il est très attendu sur ce sujet et que celui-ci pourrait se révéler brûlant dans quelques mois ?
Stages : la multiplication des stages, en France, est un autre sujet d’indignation. Sous couvert d’assurer une formation à des jeunes arrivant sur le marché du travail, de plus en plus d’entreprises les font travailler gratuitement, ce qui les dispense de créer de nouveaux CDD, voire des CDI. Une main d’œuvre parfaite pour les employeurs qui peuvent la renouveler tous les trois mois, et cela sans la moindre indemnité. Dans ces conditions, on n’est pas près de résorber le chômage des jeunes. Avec un tel système, il y aura ainsi une bonne partie de la population qui n’aura d’autre expérience professionnelle que celle de stagiaire. Et pourtant des lois existent, qui régissent ce type de contrats. Il est notamment « interdit d’employer à une tache régulière correspondant à un poste d’activité permanent, de l’employer pour faire face à un accroissement d’activité, de ne pas lui verser d’indemnités s’il a travaillé plus de deux mois ». A propos, quels sont les secteurs qui emploient le plus de stagiaires en France ? La culture et les médias…
Auto-entrepreneurs : les auto-entrepreneurs sont maintenant dans le collimateur de Bercy. On se souvient sans doute que ce statut- fiscalement très avantageux – avait été créé par le précédent gouvernement comme une incitation au retour à l’emploi. Concrètement, c’était un traquenard, puisque l’auto-entrepreneur devait jongler entre plusieurs taches au sein de son activité pour un salaire souvent inférieur au SMIC. Si beaucoup jetèrent vite l’éponge, certains parvinrent malgré tout à trouver leurs marques. Et voilà que Sylvie Pinel, ministre de l’artisanat en charge de cette réforme, a fixé à 19 000 euros annuels le plafond pour continuer à exercer sous ce statut. Le motif invoqué est la volonté de ne pas faire une concurrence déloyale aux petites entreprises – qui, elles, sont lourdement taxées. Cela relève sans doute d’un souci d’équité, mais 19 000 euros, toutes charges déduites, c’est à peine un SMIC mensuel. Qui osera dire, après ça, que le travail enrichit son homme ? D’où la légitime colère des auto-entrepreneurs survivants, eux qui, après avoir galéré des années, parviennent à peine à une rémunération normale. Les « poussins » ne veulent pas être étouffés à peine nés, et comment leur donner tort ?
Amende : sale temps pour les automobilistes. Tout semble fait pour les décourager de prendre la voiture, tout au moins abusivement, dans nos villes. Mais l’habitude du volant – hélas - reste très forte chez la plupart d’entre eux. La dernière mesure gouvernementale en date a donc libéré le montant unique des amendes pour stationnement interdit. Jusqu’ici fixé partout à 17 euros, il est désormais laissé à l’appréciation des édiles locaux. Ainsi, mal se garer à Vénissieux ou à Palaiseau pourrait vous couter plus cher qu’à Paris. Il est vrai que les parkings sont plus nombreux dans les grandes villes, mais ils sont chers et pris d’assaut.
Erik PANIZZA
14:36 Publié dans 11 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : énergie, stages, auto-entrepreneurs, amende