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12/10/2020

      Elections américaines : l'invité de la dernière heure

 

 

 

  Après des mois passés à minimiser l'importance de la pandémie de Covid-19, des mois passés à critiquer les états fédéraux qui ont pris des mesures sanitaires strictes (comme la Californie), des mois de meetings à visage découvert, Donald Trump a été finalement rattrapé par le coronavirus. Lui et son épouse Mélania ont été testés positifs et astreints à l'isolement dans la Maison Blanche.Il devient ainsi le troisième chef d'état « corona-sceptique », après Boris Johnson et Jaïr Bolsonaro, à être confronté à cet ennemi invisible – qui a déjà tué plus de deux-cent mille Américains. 

Cette infection, qui arrive un mois à peine avant les élections de novembre, n'est certes pas un bon augure pour lui. Elle va forcément ralentir son programme de campagne et accroître, dans l'opinion publique, le discrédit qui frappait déjà son action et ses déclarations douteuses. Elle est, en revanche, du pain bénit pour ses adversaires, à commencer par Joe Biden, son adversaire démocrate, avec lequel il a violemment ferraillé lors du premier débat télévisé, lundi dernier. Beaucoup, parmi eux, vont certainement se réjouir de cette contamination qui arrive à point nommé. Peut-être même y verront-ils une forme de justice immanente vis à vis d'un président qui a privilégié la santé de l'économie américaine sur la santé de ses concitoyens ? 

Quoiqu'il en soit  ce virus a une incontestable dimension politique. Après avoir infléchi gravement l'économie mondiale et bouleversé tous les codes sociaux, il est en passe de devenir un acteur à part entière de ces élections américaines (dont la portée internationale n'est plus à démontrer). C'est un peu l'invité surprise, l'étranger qu'on n'attendait pas, même s'il ne cesse d'obnubiler tous les dirigeants du monde.

Deux possibilités se dégagent à présent. Soit Trump, - septuagénaire en surpoids – voit sa santé se dégrader et, astreint à des soins intensifs, se retrouve mis à l'écart de la vie publique, ce qui rendrait quasiment impossible sa réélection en novembre. Soit, en bon asymptomatique, il guérit rapidement et repart en campagne, transformant cet épisode infectieux en un argument favorable à sa réélection, puisqu'il prouverait le bien-fondé de son attitude désinvolte jusqu'ici. Si l'on ajoute que Joe Biden peut lui-même se retrouver dans cette situation au cours des prochaines semaines, on mesurera à quel point ces élections américaines présentent une configuration inédite. Ce qui accroît certainement leur caractère passionnant.  

 

Jacques LUCCHESI

22/08/2017

Bruissements (75)

 

 

Barcelone : alors que l’EI recule partout en Irak et en Syrie, voyant s’évaporer son rêve de califat, il trouve toujours de jeunes imbéciles pour faire son sale boulot en Europe. On se demande jusqu’à quand des gens à peine sortis de l’adolescence accepteront de mourir pour une vision aussi étriquée et obscurantiste du monde. Mais, après tout, c’est le propre de tous les esprits fanatisés. On a vu encore, le week-end dernier, ce que leurs convictions ont causé à Barcelone et à Cambrils. Et leur inexpérience aussi, puisque deux d’entre eux sont morts en maniant les explosifs qu’ils destinaient à la capitale de la Catalogne. Une sorte de justice immanente. C’est évidemment plus facile de prendre une voiture et de foncer sur la foule qui se promène sur les Ramblas à la fin de la journée. Beaucoup plus ignoble, aussi. Au total quinze personnes, de différentes nationalités, ont ainsi perdu la vie et une centaine d’autres ont été blessées. Quant aux terroristes, ils ont finalement tous été abattus ou arrêtés par la police. Reste que devant un tel carnage, on ne peut qu’éprouver le sentiment d’un immense gâchis. C’est d’autant plus absurde que toutes ces morts, d’un côté comme de l’autre, ne changeront rien à la marche du monde moderne.

 

Trump : mais la tactique de la voiture-bélier n’est plus le triste privilège des terroristes islamistes : elle fait aussi des émules chez des malades mentaux (comme à Sept-Sorts) et les militants d’extrême-droite, comme à Charlottesville (Virginie, USA) voici maintenant deux semaines. Cette violence émanant de suprématistes blancs avait de quoi déranger Donald Trump, puisqu’il leur doit en partie son élection à la Maison Blanche. Du coup, le président américain s’est empêtré dans des déclarations contradictoires, là où l’on attendait une ferme condamnation de ces groupuscules fascistes. Il a ainsi fâché ses soutiens républicains, tout comme Wall Street et les grands groupes industriels qui se sont un peu plus éloignés de lui. Rien à dire : Donald est nettement meilleur quand il s’agit d’en remontrer à un dictateur mégalomane comme Kim Jong Un.

 

Macron : Est-ce parce qu’il est supporteur de l’OM qu’Emmanuel Macron trouve du charme à Marseille au point de venir y passer ses vacances d’été ? Il est vrai qu’il n’est pas descendu dans un hôtel de la Canebière, mais dans une somptueuse villa du Roucas Blanc mise à sa disposition par le préfet. De là à penser que sa présence, dans les hauteurs de la ville, ferait hésiter les photographes…C’est ainsi qu’il a porté plainte contre un qui troublait son repos, avec les mesures de rétorsion qui s’ensuivent dans ce cas précis. Certes, les paparazzis exercent une activité souvent très agaçante pour qui a acquis un brin de célébrité en ce monde. Mais quand on est chef de l’état, il faut savoir faire preuve d’un peu de magnanimité vis-à-vis d’une profession qu’il n’a pas toujours détestée. Ne serait-il pas, lui aussi, en train  de devenir parano ?   

Médias : avant c’étaient les journalistes qui faisaient de leur profession un marchepied pour « entrer » en politique. Aujourd’hui, c’est plutôt le mouvement inverse avec des hommes et des femmes politiques qui, mis sur la touche, exportent leur sens de la communication vers les  télés et les radios. Cela a commencé avec l’ineffable Roselyne Bachelot sur D8 – 20 000 euros par mois pour débiter des âneries, c’est encore mieux qu’un poste de ministre – et ça a continué avec Jean-Louis Debré, Jeannette Bougrab, Daniel Cohn-Bendit et maintenant Henri Guaino. Après sa défaite aux législatives, celui fut « la plume » de Nicolas Sarkozy va pouvoir déverser son amertume sur les ondes de Sud-Radio, tous les matins pendant cinq minutes. Une sorte de thérapie radiophonique? Mais personne n’est obligé de l’écouter religieusement.

 

Suisse : cela ressemble à une (mauvaise) blague suisse. Elle démontre, si besoin était, que les préjugés raciaux ont la vie dure. Un hôtel des Alpes suisses a osé demander à ses clients juifs de prendre une douche avant d’aller piquer une tête dans la piscine. Evidemment, l’affaire s’est vite ébruitée et à provoqué des remous considérables dans l’opinion politique. L’état d’Israël a demandé des excuses officielles à la Suisse. Quant au centre Simon Wiesenthal, il  réclame la fermeture de l’hôtel et des sanctions contre sa directrice. Commentaire dépité de celle-ci : « si on avait su, on aurait exigé la douche pour tous les clients. » C’est ce qu’on appelle en rajouter une couche. Et la sienne est déjà bien épaisse.

 

Erik PANIZZA

21/07/2017

          Des commémorations sous haute tension

 

 

S’il faut à tout nouveau chef d’état affirmer publiquement son pouvoir, Emmanuel Macron l’aura fait sans demi-mesure le week-end dernier. Il y eût tout d’abord cette invitation lancée à Donald Trump pour le défilé du 14 juillet sur les Champs Elysées – invitation très décriée dans l’opposition. La raison officielle était l’entrée en guerre des Américains, aux côtés de la France et de l’Angleterre voici un siècle ; ce qui nous a au moins permis de comparer les différences entres les véhicules blindés d’hier et d’aujourd’hui. Quant à la raison officieuse, c’était peut-être de chercher à ramener « l’ours » Trump dans le giron des pays signataires de la COP 21 sur le réchauffement climatique. Peine perdue ? Sur le court terme certainement, mais c’était quand même bien joué. Au passage, on notera avec quelle fermeté Macron a recadré Pierre De Villiers, le chef d’état- major des armées, pour sa critique des restrictions du budget militaire : depuis, il a été poussé à la démission.

Dimanche matin, bis répétita. Cette fois, c’était le premier ministre israélien, le non moins contesté Benjamin Netanyahu, qui était l’invité d’honneur des commémorations de la rafle du Vel d’hiv, en juillet 1942. On ne reviendra pas sur ce tragique épisode de notre histoire ni sur le mea culpa prononcé par Jacques Chirac en 1995 vis-à-vis des juifs français. Car c’était plutôt la présence ici du leader de la droite israélienne la plus dure qui faisait débat. Beaucoup, y compris en Israël, ne le tiennent pas pour un interlocuteur respectable – du moins sous l’angle démocratique – depuis qu’il a ordonné la re-colonisation des territoires palestiniens de Gaza et du Sinaï. Pas Emmanuel Macron qui a décidé manifestement de lever le frein moral empêchant le rapprochement avec les chefs d’état les plus discutables de la planète. Qui sera le prochain de ses invités à l’Elysée ? Recep Tayyip Erdogan, le dictateur—président turc, voire Bachar Al Assad, pour peu qu’il s’engage une nouvelle fois à ne plus gazer le peuple syrien ? A ce stade de confusion générale des valeurs, il n’y a plus grand-chose qui pourrait encore nous étonner.

 

Jacques LUCCHESI