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28/09/2012

Comment être hollandais ?

 


La crise est toujours là ! Plutôt que de parler de crise, peut-être vaudrait-il mieux parler de longue maladie. On a changé de médecin pour remédier aux maux qu’un autre médecin n’avait soignés qu’à coups de purges et de saignées diverses. Un Diafoirus qui avait mis les Français sur la paille, excepté ses amis qui avaient engraissé... Hollande, lui, fait dans la médecine douce, ou peut-être même dans l’homéopathie. Il sait que les Français sont tous hypertendus. A priori, c’est d’origine nerveuse puisqu’ils connaissent les vaches maigres depuis longtemps... Donc, pas de prescriptions hâtives. Surtout, pas de régime drastique qui pourrait stopper la croissance (du malade) et donc son appétit (qui se traduit par la consommation). Pas non plus de réformes miracles. On en parle, ça oui ! Ne brusquons pas les choses ! Il est urgent d'attendre ! On attend la réforme fiscale, la loi sur le mariage homo et sur le vote des émigrés... On semble beaucoup attendre de remèdes à venir qui ne disent pas encore leur nom... En attendant, on est toujours aussi patraque, on se méfie du lendemain. L’Europe ? Angela se défie de François comme d’un médecin douteux... Les Européens même se défient de l’Europe... Pour l’International, on prépare un repli stratégique des montagnes afghanes, sans - si possible - trop d'effusion de sang. Mais avec le Mali, on frôle le coup de sang ! La fièvre monte dans les états-majors ! Sans parler de cette guerre israélo-iranienne dont plus personne ne parle, qui semble programmée si, par malheur, le candidat républicain l’emporte sur Obama... Hollande, homme de l’art, sait tout cela mieux que personne. Voilà pourquoi il met des gants pour nous parler, avant d’en porter d’autres pour bientôt, mais cette fois-là qui seraient en latex afin de procéder à une opération chirurgicale.


                                                   Yves CARCHON


10/09/2012

La démocratie des sondages

 


 

L’opinion pèse lourd aujourd’hui sur l’action gouvernementale au point que même le Président ne peut négliger les sondages. C’est ce qui semble être arrivé durant l’été à notre tout nouveau gouvernement socialiste. Durant le quinquennat de Sarkozy, l’Elysée se shootait aux sondages ; on voulait tout savoir à tout moment de ce que pensaient les citoyens. Par mimétisme, comme gavé de sondages, Sarkozy même avait fini par nous parler comme on commente au café du Commerce. C’était à s’y méprendre le gars du coin, accoudé au comptoir, prêt à boxer qui le cherchait. L’équipe Hollande a cru  s’abstenir de commandes de sondages : mal lui en a pris. Le Président en chute libre, une rentrée contestée, quelques bévues ici ou là, flou artistique dans les propos : il a fallu dare-dare monter au créneau TF1 pour recadrer les choses. Ouf, c’est fait ! Mais pour combien de temps ? On semble être tombé (cela depuis longtemps déjà) dans une démocratie qui ne fonctionne qu’en tenant compte de l’opinion. Une démocratie avançant par à-coups, selon les sautes d’humeur de nos concitoyens. Mais l’opinion a-t-elle toujours raison ? Et un gouvernement doit-il suivre à tout coup l’opinion générale ? Oui, au risque de devenir impopulaire, et donc de ne pouvoir mener l’action gouvernementale pour laquelle il a été justement nommé. Non, s’il juge que le bien du pays transcende les caprices de l’opinion. On voit combien le fil est très infime, qu’à tout moment l’équilibriste peut tomber. C’est peut-être là que nous frayons avec ce que Debord nommait société du spectacle. Les Jeux du cirque voulaient que les vaincus soient mis à mort. Et maintenant on veut que notre équilibriste crève l’écran, qu’il nous rassure ou nous convainque, avec l’arrière pensée – humaine, trop humaine - qu’à tout moment il puisse chuter. Du coup, la forme l’emporte sur le fond. Peut-être n’y a-t-il plus de fond puisque l’on doit communiquer. Dans cette logique, je crains qu’Hollande n’en sorte pas grandi, quelle que soit l’ambition qui semble l’habiter de restaurer les vraies valeurs de solidarité et de partage nécessaires au pays.


                                           Yves CARCHON

 


07/05/2012

Chronique d'une victoire annoncée

 


 

 

On murmurait son nom dès dimanche après-midi dans les coulisses. Toutefois, il fallait quand même attendre 20 heures pour que son portrait et son nom s'affichent sur toutes les chaînes de télévision. François Hollande a donc remporté cette élection présidentielle avec 51,70% des voix. Il devient ainsi, à 57 ans, le 7eme président de la République (et le 24eme depuis la fondation de celle-ci). Avec lui, la Gauche revient au pouvoir par la grande porte, ce qui ne lui était plus arrivé depuis 1988. Si ses électeurs laissaient libre-cours à leur joie du côté de la Bastille, le ton de ses lieutenants – Manuel Valls et Jean-Marc Ayraud en tête – était en revanche plus pondéré sur les plateaux de télé. Pas d'arrogance dans le triomphe: il ne fallait pas refaire les erreurs du camp adverse en 2007, respecter aussi la déception de tous ceux qui ont soutenu jusqu'au bout Nicolas Sarkozy. A la Mutualité, le discours du président désavoué fut d'ailleurs d'une rare humilité, face à des militants oscillant entre la tristesse et la colère: mais le fair-play est encore la meilleur façon de sauver la face. Va-t'il se retirer de la vie politique, comme il l'a annoncé en cours de campagne? Comment l'UMP va faire face, au cours des prochaines semaines, à cette crise majeure? Ce sont des questions qui ne manqueront pas de revenir dans l'actualité de ces prochaines semaines. Quant au vainqueur du jour, c'est à Tulle, dans son fief corrézien, qu'il fit sa première déclaration présidentielle vers 21H30. Là, face à un public de fidèles, il ne dérogea pas au caractère rassembleur de sa campagne, réaffirmant son respect pour son adversaire et sa gratitude à ses électeurs, insistant sur sa volonté de faire avancer l'égalité tout en repoussant l'austérité, rappelant surtout son engagement en faveur de la justice et de la jeunesse. De belles paroles qui seront rapidement jugées à l'aune de ses actes. Car pour Hollande, les choses sérieuses ne font que commencer et il aura bien vite à prendre, dans le cadre de son programme, des décisions qui ne seront guère consensuelles – comme l'augmentation de 25% de la prochaine allocation scolaire de rentrée. Il ne faut pas, non plus, minorer les élections législatives en juin prochain, même si la majorité qui s'en dégagera devrait lui être favorable. Oui, les défis sont, pour lui, nombreux et ses faux-pas sont attendus, y compris dans son propre camp. Bonne chance quand même, monsieur le Président.

 

                                                  Bruno DA CAPO