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07/05/2012

Chronique d'une victoire annoncée

 


 

 

On murmurait son nom dès dimanche après-midi dans les coulisses. Toutefois, il fallait quand même attendre 20 heures pour que son portrait et son nom s'affichent sur toutes les chaînes de télévision. François Hollande a donc remporté cette élection présidentielle avec 51,70% des voix. Il devient ainsi, à 57 ans, le 7eme président de la République (et le 24eme depuis la fondation de celle-ci). Avec lui, la Gauche revient au pouvoir par la grande porte, ce qui ne lui était plus arrivé depuis 1988. Si ses électeurs laissaient libre-cours à leur joie du côté de la Bastille, le ton de ses lieutenants – Manuel Valls et Jean-Marc Ayraud en tête – était en revanche plus pondéré sur les plateaux de télé. Pas d'arrogance dans le triomphe: il ne fallait pas refaire les erreurs du camp adverse en 2007, respecter aussi la déception de tous ceux qui ont soutenu jusqu'au bout Nicolas Sarkozy. A la Mutualité, le discours du président désavoué fut d'ailleurs d'une rare humilité, face à des militants oscillant entre la tristesse et la colère: mais le fair-play est encore la meilleur façon de sauver la face. Va-t'il se retirer de la vie politique, comme il l'a annoncé en cours de campagne? Comment l'UMP va faire face, au cours des prochaines semaines, à cette crise majeure? Ce sont des questions qui ne manqueront pas de revenir dans l'actualité de ces prochaines semaines. Quant au vainqueur du jour, c'est à Tulle, dans son fief corrézien, qu'il fit sa première déclaration présidentielle vers 21H30. Là, face à un public de fidèles, il ne dérogea pas au caractère rassembleur de sa campagne, réaffirmant son respect pour son adversaire et sa gratitude à ses électeurs, insistant sur sa volonté de faire avancer l'égalité tout en repoussant l'austérité, rappelant surtout son engagement en faveur de la justice et de la jeunesse. De belles paroles qui seront rapidement jugées à l'aune de ses actes. Car pour Hollande, les choses sérieuses ne font que commencer et il aura bien vite à prendre, dans le cadre de son programme, des décisions qui ne seront guère consensuelles – comme l'augmentation de 25% de la prochaine allocation scolaire de rentrée. Il ne faut pas, non plus, minorer les élections législatives en juin prochain, même si la majorité qui s'en dégagera devrait lui être favorable. Oui, les défis sont, pour lui, nombreux et ses faux-pas sont attendus, y compris dans son propre camp. Bonne chance quand même, monsieur le Président.

 

                                                  Bruno DA CAPO