Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

06/02/2012

LE CUIRASSIER HOLLANDE

 

 

 

Le discours du Bourget, le duel gagné contre Juppé à la télé, le rythme qu’a adopté le candidat Hollande : cette fois ça y est, on est dans la campagne ! En creux, la contre performance de Sarkozy dimanche dernier donne un peu plus de poids au candidat de gauche. Evidemment, rien n’est encore joué et Hollande a raison de se garder de croire que les carottes sont cuites. Ou, tout du moins, de l’afficher. On a senti cette semaine un allant prometteur, une sorte de course au pas de charge menée avec confiance vers les marches du pouvoir, une montée en puissance et une jubilation chez nombre de militants.  La bonne posture d’Hollande est de dire, répéter que « Sarkozy est derrière nous », manière de se positionner dans une alternative conquérante et non d’exister contre. De proposer, ce qu’il a fait, une liste d’engagements qui resteront les bases de sa campagne tout au long du parcours. « Derrière nous » veut aussi dire : tournons la page et allons de l’avant. Dans cette bataille, on peut miser qu’il devra faire face à un tir de barrage des ténors de la droite, avec coups bas, injures et insinuations. Mais Hollande s’est bardé d’une cuirasse (sans bouclier discal), il sait que l’adversaire qui s’agrippe aux  manettes et qui « moment venu, ne se dérobera pas » ne le ménagera pas. Bien au contraire ! Peut-être même rêvera-t-il de le pendre à un croc de boucher ? Sarkozy n’est meilleur que lorsqu’il défouraille, ferraille, bataille. Hollande est exemplaire dans la parade, l’esquive, la contre-attaque. Au deuxième tour, on peut s’attendre à un combat digne du grand Homère. Mais au-delà de « l’esthétique de la campagne », il y a les vrais enjeux. Chômage, misère, logement, éducation, recherche : voilà les gants que le candidat de la Gauche devra vaillamment relever quand il sera élu. Sans oublier les choix énergétiques, la moralisation de la Finance, l’abolition des privilèges, l’immigration sans reconduite brutale à la frontière... tant de chantiers qu’il lui faudra ouvrir. Pour l’heure, ses troupes sont en rang de bataille, avec un Mélenchon sur l’aile gauche qui, n’en déplaise à ceux qui voteront « utile », fait un travail de fond de rabatteur qui servira dans le combat final à donner l’estocade. Et à rendre à la Gauche la niaque qui lui manque !


                                                     Yves CARCHON

 

03/01/2012

VOTER N’EST PAS JOUER

 

                                  

 

Nicolas Sarkozy, lors de la liturgie des vœux pour 2012, avec le masque fermé de qui a su combattre le fatum n’a pas caché qu’on devrait tous se serrer la ceinture durant cette bonne année qui vient, même s’il garde « espoir » pour la sortie de crise. Vu le ton adopté, celui d’un matamore fripé, on peut émettre quelques doutes quant à l’espoir dont il nous parle. L’espoir pour qui ? Pour ceux qu’il a servis durant son quinquennat ? Je veux parler des riches qu’il ne voulait taxer et qu’il a protégés avec son bouclier fiscal, tant décrié, qu’il a conservé contre vents et marées, aujourd’hui devenu obsolète comme le sera bientôt sa gestion de la crise sur le dos des plus pauvres. On peut gager qu’un retour de bâton viendra frapper la caste dominante en mai prochain. Je l’appelle de mes vœux, même si je sais que la partie est loin d’être gagnée et qu’entre peur et repliement conservateur, la marge reste étroite pour imposer l’accès d’Hollande au faite du pouvoir. Deux écueils sont à craindre pour le candidat socialiste : Bayrou et Marine Le Pen qui peuvent faire un bon score tous deux au premier tour, au point d’être l’un ou l’autre au deuxième tour ou de peser si lourd qu’il faudra faire avec. Avec Bayrou, qui est républicain et démocrate, on peut s’entendre ; avec Marine,  c’est impossible ! La droite sait godiller avec les voix du Front, la gauche ne le peut et surtout ne le doit. Je n’ose penser à un duel genre 2002 : Marine –Sarkozy. Pourtant, il est à craindre que le dépit, l’écœurement, les lunes qu’on promettra et surtout la misère qui frappe une frange toujours plus importante de la population ne mettent en selle dans un duel tragique pour notre beau pays entre champions de droite et d’extrême droite. Alors il nous faudrait choisir, ce qui serait dans les deux cas franchement suicidaire. Mais nous n’en sommes pas là : si Hollande prend enfin la mesure du combat à mener (ce dont je doute encore) il a tout lieu de rassembler assez de forces et d’énergies pour bousculer le triste ordre des choses qui ne tient qu’à un fil et renverser ce que La Boétie nommait « colosse aux pieds d’argile » qui ne tient droit que parce qu’on le soutient.

                                                

                                                   Yves CARCHON

21/10/2011

Le Pont d’Arcole

 

                                      

 

Doit-on être satisfait de voir la Droite reprendre du poil de la bête face à la grande leçon démocratique que lui a infligé le PS ? Oui, si elle ne tombe pas dans la démagogie facile et outrancière, non si elle doit prendre à son compte les flèches qu’Aubry a décochées à l’olympien Hollande. L’effet de ces primaires de par certains débordements risque de revenir en boomerang dans le camp socialiste et donner de Hollande une image peu flatteuse. La Droite s’emploie à circonscrire l’impétrant à la Présidence dans un rôle de chiffe molle, caricature qui risque de lui porter grand tort s’il n’y prend garde. Les mots sont importants ; Hollande doit démontrer sans trop attendre qu’il est un homme ferme, qu’il peut trancher sans être inféodé à quelque sensibilité fût-elle de son camp, montrer sous l’apparente jovialité qui est la sienne qu’il peut être sérieux, autoritaire et bourré d’ambitions. Ambitions pour la France bien sûr. Je ne suis pas stratège en communication mais il serait urgent qu’Hollande peaufine son image d’opposant à Sarkozy en ferraillant avec ce Président comme Mitterrand jadis piquait De Gaulle au vif. On n’assied pas une autorité naturelle sans combattre inlassablement l’adversaire. Une fois qu’il sera regardé comme un danger par une Droite qui jusqu’ici est goguenarde, une fois que les Français reconnaîtront en lui l’Opposant légitime au régime sarkozyste, alors le rassemblement qu’il appelle de ses vœux se fera de lui-même. On peut même penser qu’il ne manquera pas un bouton de guêtre dans ses rangs, qu’aucune tête ne dépassera (à part la sienne) pour freiner son élan. On peut surtout imaginer qu’Hollande, pris dans l’effervescence de la campagne, se révélera un grand chef, un tribun inspiré, ne ménageant pas ses coups. Pour l’heure, Hollande et ses amis fourbissent leurs armes rue de Solférino. Nous ne sommes pas encore au Pont d’Arcole mais nous sentons déjà le vent tourner ! Même un nouveau papa ravi ne saurait arrêter la marche du soldat Hollande vers le pouvoir !

 

Yves CARCHON