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22/04/2011

La dernière c… de Roselyne Bachelot



       


La question de la prostitution turlupine singulièrement Roselyne Bachelot depuis quelques temps. On se souvient, début janvier, de sa foucade à l’encontre d’un projet gouvernemental de services sexuels aux handicapés - à l’instar de ceux qui fonctionnent déjà dans plusieurs pays de l’Europe du nord. La voilà qui récidive avec un autre projet de loi, d’inspiration nordique lui aussi mais autrement plus répressif : la pénalisation des clients des prostituées.
Pour madame Bachelot les choses, en ce domaine particulièrement mouvant, semblent toutes simples. Puisqu’on ne peut pas éliminer radicalement le proxénétisme – le seul à constituer véritablement un délit jusqu’ici - ; puisqu’on ne peut pas toujours taper sur les prostituées, surtout en les considérant comme des victimes à la base, alors il faut se tourner vers le troisième acteur de ce drame millénaire : le client. Car, dans cette optique, il est aussi un vecteur d’immoralité publique. C’est lui, par sa demande, qui entretient et perpétue ce commerce honteux. Pas question ici de se soucier de sa psychologie ou même d’établir une typologie. Qu’importe si c’est un homme seul, disgracié, malheureux, qui n’a pas d’autre recours possible pour avoir des rapports sexuels. La notion de misère sexuelle n’a jamais effleuré l’esprit de madame Bachelot. Non, à partir du moment où il donnera de l’argent à une femme contre un moment de plaisir, il sera considéré comme un suborneur et, à ce titre-là, coupable et condamnable. Pourquoi, dans ces conditions, ne pas réactualiser le supplice du pilori  et les défilés de pénitents dans les rues?
Dire que ce projet est foncièrement stupide relève de l’honnêteté morale et intellectuelle. D’abord parce qu’on ne peut ignorer que les relations sexuelles dans la société humaine, comme chez  bien des espèces animales, se doublent la plupart du temps de rapports d’intérêts, et cela depuis les origines. Le pur amour entre un homme et une femme, chère madame Bachelot, demeure extrêmement rare en ce monde. En ce sens, la prostitution ne fait que révéler un état de choses latent dans bien des unions respectables. Ensuite, parce qu’on touche là à un point fondamental de la vie : la pulsion sexuelle.  Et celle-ci n’a jamais manqué de ruses pour parvenir à ses fins. A moins de mettre un flic derrière chaque homme de 13 à 93 ans, les prostituées et leurs clients parviendront toujours à déjouer ce dispositif répressif, quitte à être encore plus sur le qui-vive qu’à présent. C’est ce qui s’est passé en Suède – pays initiateur de cette loi malsaine -    et ça se passerait forcément de la même manière en France si elle venait à être votée.
Du reste, les trois quarts des rencontres tarifées se font aujourd’hui par le Net, donc échappent de fait à une visibilité qui permettrait de les sanctionner sans équivoque. En plus d’être stupide, cette loi serait également injuste puisqu’elle n’affecterait guère que les clients les plus pauvres, ceux dont les maigres moyens ne leur permettent que de s’adresser aux « pierreuses » (dont les prix sont sans commune mesure avec ceux pratiqués par leurs cyber-consoeurs). Rappelons au passage que ce sont ces prostituées de rue qui furent aussi les premières touchées par la loi Sarkozy de 2003 faisant passer les amendes pour racolage à 3600 euros. Comprend- t’on mieux ainsi le caractère profondément inégalitaire et liberticide de ce nouveau projet ?
On peut finalement se demander à qui profiterait une pareille loi. Sûrement pas aux prostituées qui ne demandent rien d’autre, dans leur immense majorité, qu’à poursuivre leur activité, aussi moralement répréhensible qu’elle paraisse. Pas davantage à l’Etat Français qui a tout intérêt à ce que celles-ci continuent de lui verser des impôts parfois élevés, sans même – faut-il le rappeler ? – la contrepartie d’une reconnaissance sociale et d’une assurance maladie. Non, cette idée de projet de loi repose sur la conviction – erronée – que la prostitution ne peut être un travail librement consenti et qu’il s’agit, en la combattant par un bout ou par un autre, de redonner une dignité nouvelle, moins à des femmes qui ne la réclament pas, qu’aux femmes en général (car il n’est pas question ici de la prostitution des hommes). C’est la sempiternelle protestation féministe contre la prétendue domination masculine, avec son puritanisme obsessionnel, qui s’exprime par la voix de la ministre des solidarités et de la cohésion sociale. Elle ne fait que confirmer le caractère mesquin et partisan de son action politique.

                                           Jim CLELAND

11/04/2011

Retour des vieux démons


La Côte d’Ivoire que j’ai connue jadis prospère, - c’était en 1970 lors d’un voyage initiatique sur la terre africaine - semble aujourd’hui tombée dans le chaos. J’ai bien connu le dernier carré d’Abidjan – le quartier Cocody perché sur les hauteurs - dont on parle tant aujourd’hui. Quartier huppé et riche qui abritait déjà, il y a quarante ans, les riches villas des  Ivoiriens prospères, des politiques, des ambassades dont la nôtre. C’est là que, retranché derrière de hauts rangs de palmistes, Laurent Gbagbo s’accroche au cocotier terré dans un bunker, vocable qui nous rappelle la fin d’Hitler dans les décombres de Berlin. Evidemment, Gbagbo n’est pas Hitler mais les folies de fin de règne hélas se ressemblent. L’assaut des troupes d’Alassane Ouattara a échoué hier, dit-on. Voilà qui fait désordre ! Il y a pourtant sur le terrain des troupes françaises chargées, dixit Juppé, de protéger uniquement nos compatriotes de là-bas. Ouais, c’est disons chose possible, mais dans un même temps le même Juppé ne cache pas qu’il serait préférable et temps que l’obstiné Gbagbo cède la place. D’ici à dire qu’on fera tout pour que le « préférable » advienne, il n’y a qu’un pas. Ce qui n’empêche de déclarer qu’il ne peut être question d’intervenir dans les affaires internes de la Côte d’Ivoire. On voit bien combien est fallacieux, spécieux un tel discours et que les vieux démons sont de retour. Sarkozy avait pourtant bien juré avec mâle assurance qu’avec lui il en serait fini de ce qu’on nomme suavement la Françafrique. On voit qu’il s’agit là une fois de plus d’un effet de menton ! Donc, pour se résumer, il y a bien - qu’on le présente d’une manière ou d’une autre, ingérence de la France dans les affaires ivoiriennes. On ne fera croire à personne que nos soldats comptent là-bas tous nos ressortissants. Où est donc le problème ? Craint-on que l’opinion soit contre ? Drôle de façons que d’aborder les problèmes, alors qu’il suffirait qu’on en parle franchement sans prendre les Français pour des lanternes !

 

                                                  Yves CARCHON

01/04/2011

Petites affaires en famille

  



 Naguère, le nom des Guérini, à Marseille, était associé au milieu, à la pègre la plus farouche – pègre sur laquelle, rappelons-le, s’est appuyé Gaston Defferre pour asseoir son pouvoir municipal. Aujourd’hui, ce nom-là évoque spontanément la politique, avec la figure de proue du Parti Socialiste local qu’est Jean-Noël Guérini. Autres temps, autres mœurs. Et l’on pourrait penser que l’engagement du second a largement racheté la mauvaise réputation des premiers. Ce serait, comme on dit, pécher par angélisme. Car, s’il n’y a sans doute aucun lien de parenté entre eux, le « système » mis en place par les nouveaux Guérini se rapproche, par bien des points, de celui des anciens. A tel point que, l’an dernier, Arnaud Montebourg a jeté un pavé dans la mare en diligentant une enquête sur leurs méthodes peu orthodoxes. Le résultat fut un rapport accablant où apparaissaient, notamment, des expropriations forcées, des attributions frauduleuses de marchés publics, des votes truqués et des pressions sur d’autres élus socialistes. La conclusion de Montebourg était qu’il fallait mettre la fédération socialiste des Bouches du Rhône sous tutelle, afin de ramener un peu d’ordre dans ce creuset de toutes les corruptions. Peine perdue, car si ce document a bien atterri sur le bureau de Martine Aubry, la première secrétaire du PS a préféré le mettre sous le boisseau pour ne pas accroître les divisions à l’intérieur de son parti, à un an des présidentielles. Une sage décision qui n’en a pas moins donné du grain à moudre à ses nombreux adversaires politiques.
Est-ce que, malgré tout, Jean-Noël Guérini pourrait être rattrapé par les « affaires » et devoir s’en expliquer à la justice (tout comme son frère Alexandre, actuellement en prison) ? La question, comme on dit, est sur toutes les lèvres, mais on imagine aisément la difficulté d’une telle procédure, au vu des soutiens dont il dispose encore. Le 30 mars dernier, il a même été réélu à la présidence du Conseil Général du département (poste qu’il occupe depuis 1998). Réélu « à l’africaine », avec 84,6% des suffrages exprimés, étant le seul candidat de son camp à sa propre succession, malgré bien des protestations. Bon prince, il a annoncé qu’il renoncerait à son poste de premier secrétaire de la fédération socialiste des Bouches du Rhône – un cumul parfaitement illégal mais effectif depuis six mois. C’est beau, la démocratie. 


                                            Bruno DA CAPO