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03/02/2011

Et pendant ce temps-là, en Côte d’Ivoire…







La Côte d’Ivoire, ça vous dit quelque chose ? En décembre dernier, on ne parlait que d’elle dans l’actualité étrangère. Un président battu – Laurent Gbagbo – qui refuse de céder le pouvoir à son rival légitimé par les urnes – Alessane Ouattara -, ça fait quand même du remous dans la communauté internationale ; c’est même un cas d’école en matière de gouvernance à l’africaine. Et les médias de s’emballer, à l’amble des exactions et des massacres perpétrés par les partisans de Gbagbo.
Mais voilà ! Une révolution chasse un coup d’état du devant de la scène. On oublie, du coup, ses passions de la veille. C’est ce qui s’est passé lorsque la colère du peuple tunisien a précipité la chute de Ben Ali à la mi-janvier. Eclipsé, le bras de fer pour le respect de la légalité en Côte d’Ivoire. Du reste, « la révolution du jasmin » est, elle-même, en passe d’être occultée par la flambée de protestations, en Egypte, contre le pouvoir absolutiste du Raïs Moubarak. Un clou en chasse un autre. Du pain bénit pour les journaux.  Mais ça finit par devenir agaçant, cette surenchère médiatique. 
Pour revenir à la Côte d’Ivoire, le malheur se porte bien, merci. Les affrontements sanglants continuent, les banques sont au bord de la faillite et Abidjan est à peu prés désertée par ses élites intellectuelles – qui prennent, après les ressortissants étrangers, le chemin de l’exil. Néanmoins, c’est le black-out dans les grands médias et seul Internet continue à assurer un peu d’information. A l’heure qu’il est, Laurent Gbagbo est à peu près lâché par tous, y compris par la communauté économique des états d’Afrique de l’Ouest. Mais il s’accroche comme une arapède à son fauteuil présidentiel. La main tendue d’Obama n’a rien fait pour l’en décoller. Dans ces conditions, ce n’est pas un poste d’enseignant dans une université américaine qu’il mérite, mais une cellule capitonnée dans la prison du Tribunal Pénal International de La Haye. Les vieux réflexes autocratiques ont la vie dure en Afrique mais c’est, là aussi, en train de changer.


                                          Erik PANIZZA

31/01/2011

Chronique d’une chute annoncée




Après la Tunisie, l’Egypte. C’est ce qui ressemble fort à une traînée de poudre. Ca sent effectivement la poudre ! Demain l’Algérie, le Maroc ou la Lybie ? Qui sait. Les révolutions n’ont pas de frontières ; elles font des émules pour peu qu’injustice et servitude poussent sur le purin de la misère. Et c’est bien précisément ce qui se passe dans le pays des Pharaons. Aujourd’hui, la momie Moubarak a de quoi se faire des cheveux ! Et peut-être devra-t-il, comme son ex-collègue Ben Ali, affréter l’avion qui lui sauvera la vie. Aujourd’hui, jour de la prière, les Frères Musulmans, premier parti d’opposition dans le pays, interdit depuis des lustres, ont appelé à manifester massivement. Contre Moubarak et son oligarchie. Pour le dit pouvoir, ce jour était décisif puisque les Egyptiens, prière faite, devaient s’emparer de la rue. Ils n’ont pas manqué le rendez-vous, pas uniquement bien sûr pour complaire aux Frères Musulmans, mais surtout, d’abord parce qu’ils en avaient assez de mourir de faim, que leur liberté d’action et d’expression était réduite à moins que rien. Ce soir, (je crains pour la nuit qui vient) l’insurrection a envahi les rues du Caire. En regardant les toutes premières images, on se rend compte qu’une révolution est en marche. Trop d’années de misère pour le peuple égyptien ! Trop d’années de pouvoir pour le raïs Hosni ! Trop de morgue, de cynisme distillé par la classe dominante ! L’Egypte n’est pas la Tunisie, chacun le sait. Les Américains les premiers qui, par la voix de son ministre des Affaires Etrangères, Hilary Clinton, appellent Moubarak à une certaine retenue, ce qui naturellement est une formule diplomatique. Pour eux, il était un allié, un rempart contre l’islamisme (comme Ben Ali l’était pour nous, du moins le croyait-on). Il pesait lourd dans la région en qualité d’intercesseur dans le conflit israélo-palestinien... Rédigeant ce billet, je m’aperçois que l’imparfait s’impose à moi. Comme si déjà notre raïs était dans son avion ! Nous en sommes loin. Je crois pourtant comprendre qu’il a déjà un pied sur le tarmac. En s’envolant, il serait sage et il éviterait un bain de sang !

Yves CARCHON

Chronique d’une chute annoncée




Après la Tunisie, l’Egypte. C’est ce qui ressemble fort à une traînée de poudre. Ca sent effectivement la poudre ! Demain l’Algérie, le Maroc ou la Lybie ? Qui sait. Les révolutions n’ont pas de frontières ; elles font des émules pour peu qu’injustice et servitude poussent sur le purin de la misère. Et c’est bien précisément ce qui se passe dans le pays des Pharaons. Aujourd’hui, la momie Moubarak a de quoi se faire des cheveux ! Et peut-être devra-t-il, comme son ex-collègue Ben Ali, affréter l’avion qui lui sauvera la vie. Aujourd’hui, jour de la prière, les Frères Musulmans, premier parti d’opposition dans le pays, interdit depuis des lustres, ont appelé à manifester massivement. Contre Moubarak et son oligarchie. Pour le dit pouvoir, ce jour était décisif puisque les Egyptiens, prière faite, devaient s’emparer de la rue. Ils n’ont pas manqué le rendez-vous, pas uniquement bien sûr pour complaire aux Frères Musulmans, mais surtout, d’abord parce qu’ils en avaient assez de mourir de faim, que leur liberté d’action et d’expression était réduite à moins que rien. Ce soir, (je crains pour la nuit qui vient) l’insurrection a envahi les rues du Caire. En regardant les toutes premières images, on se rend compte qu’une révolution est en marche. Trop d’années de misère pour le peuple égyptien ! Trop d’années de pouvoir pour le raïs Hosni ! Trop de morgue, de cynisme distillé par la classe dominante ! L’Egypte n’est pas la Tunisie, chacun le sait. Les Américains les premiers qui, par la voix de son ministre des Affaires Etrangères, Hilary Clinton, appellent Moubarak à une certaine retenue, ce qui naturellement est une formule diplomatique. Pour eux, il était un allié, un rempart contre l’islamisme (comme Ben Ali l’était pour nous, du moins le croyait-on). Il pesait lourd dans la région en qualité d’intercesseur dans le conflit israélo-palestinien... Rédigeant ce billet, je m’aperçois que l’imparfait s’impose à moi. Comme si déjà notre raïs était dans son avion ! Nous en sommes loin. Je crois pourtant comprendre qu’il a déjà un pied sur le tarmac. En s’envolant, il serait sage et il éviterait un bain de sang !

Yves CARCHON