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08/02/2013

Tintin au Mali

 


Nous voilà donc en guerre, pour chasser l’islamiste, dans une guerre qui ne dit pas encore son nom puisqu’on nous  parle d’intervention et de remise en ordre du Mali. L’ennui, c’est qu’on ne sait jamais comment ni où nous mène une guerre. Même si elle est fondée, nous sommes bien seuls dans cette galère. Certes nous avons pour supplétifs quelques forces africaines... Nos frères Américains nous gratifient d’une mention spéciale pour cette intervention musclée, mais point de forces sur le terrain. Je crains hélas que nous soyons d’ores et déjà engagés dans un sacré merdier. J’en parle avec d’autant de calme qu’en rentrant de voyage, donc exempt de tout commentaire journalistique, j’ai cru voir à travers moult reportages (commandités par l’Elysée ?) une sorte de vaste opération de propagande comme on bon temps de la période coloniale : et comment notre armée avance sur le terrain, et comment le moral des troupes reste bon, et comment en haut-lieu on travaille d’arrache-pied... Bref, de quoi rassurer le peu d’esprits chagrins qui restent dans ce pays. L’arrivée, le discours d’Hollande à Bamako furent un point d’orgue. Le lyrisme était de la fête. L’ennui, c’est qu’il nous reste à guerroyer sur un terrain hostile et nous devons déjà faire face à une guérilla...Hollande au Mali, c’est un peu Tintin au Congo. Drapé dans son costume de chef de guerre, il fait hélas penser à un personnage de cartoon, ce qui laisse augurer que dans les sables du désert le Bip-bip n’aura de cesse de ridiculiser le Coyote.


                                                    Yves Carchon

14:26 Publié dans 11 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : tintin, congo, mali, coyotte

05/02/2013

L’Angleterre, cavalier seul ?

 

                

 

 

 La nouvelle est tombée le 23 janvier dernier, faisant l’effet d’un coup de semonce dans le ciel européen : David Cameron, premier ministre britannique, envisagerait, avant 2017,  de lancer un référendum sur le maintien ou la sortie de son pays hors de l’Union Européenne. Au-delà de la stratégie politicienne, évidente à l’approche de nouvelles élections législatives en 2015, cette déclaration -  fut-elle seulement d’intention -  mérite qu’on s’y arrête un peu. Car c’est quand même la première fois qu’un grand pays membre de l’U E envisage de se retirer de l’espace fédéral, notre cadre politique commun désormais. L’Angleterre – on le lui a assez reproché – a conservé sa monnaie nationale, lors du passage à l’euro en 2002. Elle n’est pas, pour autant, dans une position satellitaire vis-à-vis de l’Union, comme la Norvège ou le Danemark. Entre elle et Bruxelles, il y a bien plus que des rapports d’échanges commerciaux mais aussi une importante capacité de décision et de défense ; d’ailleurs c’est une Anglaise, Catherine Ashton, qui est ministre des affaires étrangères de l’U E. Quelles seraient les conséquences de ce retrait pour l’Angleterre ? Elle devrait tout d’abord abandonner sa voix au chapitre de l’Europe. Du coup, la France et l’Allemagne se retrouveraient dans une position de leaders incontestés. Les impôts – importants – qu’elle verse à la Communauté seraient, de fait, suspendus mais, en contrepartie, elle ne bénéficierait plus des subventions généreuses que Bruxelles accorde, secteur par secteur, à ses membres. D’autre part, elle paierait à nouveau des taxes douanières sur ses transactions avec l’Europe (et l’on sait quel poids celles-ci ont fait peser sur les économies nationales avant le marché unique). Car l’Angleterre, pays en très forte récession industrielle, ne peut pas vivre de son seul marché intérieur. Tout cela, David Cameron le sait bien. Mais la crise de la zone euro, sa faible compétitivité vis-à-vis des économies émergentes, l’inquiète. Il n’apprécie guère les contrôles bancaires auxquels l’Europe soumet la City. En outre, il lui faut soigner son aile droite - conservateurs et euro-sceptiques convaincus-  en vue de sa réélection. Alors il tente un coup de bluff, dans le but d’inciter Bruxelles à assouplir ses réglementations -  voire d’alléger les charges communautaires de la Grande Bretagne -  tout en lui conservant les avantages du statut de membre. Vulgairement, cela s’appelle vouloir le beurre et l’argent du beurre. Lui-même n’y croit guère mais il pourra toujours se targuer d’avoir essayé. Comme le disait avec raison Laurent Fabius : « on ne peut pas faire l’Europe à la carte. ».

 

 

                                      Bruno DA CAPO

30/01/2013

Florence Cassez : de l’ombre à la lumière

 

 

 

 

 La semaine dernière, Florence Cassez a été libérée de la prison mexicaine où elle croupissait depuis plus de sept ans. Une bonne nouvelle, assurément : personne, dans ce pays, ne dira le contraire. Car si l’on en juge par les explosions de violence, fréquentes dans les prisons sud-américaines – la dernière en date, au Venezuela, a fait plus de 50 morts -, on imagine sans peine par quels moments extrêmement pénibles la jeune femme a dû passer, détenue à quelques 10 000 kilomètres de son pays natal. Elle n’est malheureusement pas la seule Française à avoir vécu ce type de situation. On estime à 2200 le nombre de ressortissants français purgeant une peine de prison dans des pays étrangers, actuellement. Quelles que soient les causes de leur incarcération, lequel d’entre eux peut se flatter  d’avoir vu son affaire aussi médiatisée que l’a été celle de Florence Cassez depuis son arrestation ? Pourquoi une telle inégalité de traitement médiatique ? Rappelons quand même qu’elle a été à l’origine d’une brouille diplomatique et de l’annulation, en 2011, de l’Année du Mexique, en France. Et qu’elle a été quasiment reçue comme un chef d’état par François Hollande, vendredi dernier, à l’Elysée. Retour de la fille prodigue au bercail ? Le bon sens s’insurge en secret contre un tel éclairage, une telle prolixité sur la libération d’une prisonnière de droit commun, même victime d’une injustice flagrante. Ou alors, il faudrait se soucier pareillement du sort des autres prisonniers français à l’étranger.

Un parallèle s’impose, bien sûr, entre l’affaire Cassez et l’affaire Betancourt. Toutes deux ont vécu une longue privation de liberté en Amérique du Sud. Toutes deux ont bénéficié d’une forte mobilisation de l’opinion publique en leur faveur (peut-être parce que ce sont des femmes et qu’on est toujours plus sensible, dans ce pays, à la détresse d’une femme que d’un homme). Mais alors qu’Ingrid Betancourt, femme politique franco-colombienne, a été enlevée et séquestrée par une organisation paramilitaire (les  FARC), Florence Cassez a été jugée et condamnée – certes abusivement – par une juridiction légale, précisément pour complicité d’enlèvements. Ce n’est pas exactement la même chose, même avec un commun happy-end. Elle n’a d’ailleurs pas été acquittée pour les crimes qu’on lui reprochait ; simplement, son jugement a été « cassé » pour des vices de forme et c’est encore une différence qu’il ne faut pas occulter trop vite. Gageons que sa biographie est, à l’heure qu’il est, déjà aux trois quarts rédigée et que la France entière saura, d’ici quelques semaines, toutes les raisons, toutes les justifications, de sa tourmente mexicaine.   

 

                                          Erik PANIZZA

13:42 Publié dans 11 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cassez, mexique, betancourt, farc