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05/02/2013

L’Angleterre, cavalier seul ?

 

                

 

 

 La nouvelle est tombée le 23 janvier dernier, faisant l’effet d’un coup de semonce dans le ciel européen : David Cameron, premier ministre britannique, envisagerait, avant 2017,  de lancer un référendum sur le maintien ou la sortie de son pays hors de l’Union Européenne. Au-delà de la stratégie politicienne, évidente à l’approche de nouvelles élections législatives en 2015, cette déclaration -  fut-elle seulement d’intention -  mérite qu’on s’y arrête un peu. Car c’est quand même la première fois qu’un grand pays membre de l’U E envisage de se retirer de l’espace fédéral, notre cadre politique commun désormais. L’Angleterre – on le lui a assez reproché – a conservé sa monnaie nationale, lors du passage à l’euro en 2002. Elle n’est pas, pour autant, dans une position satellitaire vis-à-vis de l’Union, comme la Norvège ou le Danemark. Entre elle et Bruxelles, il y a bien plus que des rapports d’échanges commerciaux mais aussi une importante capacité de décision et de défense ; d’ailleurs c’est une Anglaise, Catherine Ashton, qui est ministre des affaires étrangères de l’U E. Quelles seraient les conséquences de ce retrait pour l’Angleterre ? Elle devrait tout d’abord abandonner sa voix au chapitre de l’Europe. Du coup, la France et l’Allemagne se retrouveraient dans une position de leaders incontestés. Les impôts – importants – qu’elle verse à la Communauté seraient, de fait, suspendus mais, en contrepartie, elle ne bénéficierait plus des subventions généreuses que Bruxelles accorde, secteur par secteur, à ses membres. D’autre part, elle paierait à nouveau des taxes douanières sur ses transactions avec l’Europe (et l’on sait quel poids celles-ci ont fait peser sur les économies nationales avant le marché unique). Car l’Angleterre, pays en très forte récession industrielle, ne peut pas vivre de son seul marché intérieur. Tout cela, David Cameron le sait bien. Mais la crise de la zone euro, sa faible compétitivité vis-à-vis des économies émergentes, l’inquiète. Il n’apprécie guère les contrôles bancaires auxquels l’Europe soumet la City. En outre, il lui faut soigner son aile droite - conservateurs et euro-sceptiques convaincus-  en vue de sa réélection. Alors il tente un coup de bluff, dans le but d’inciter Bruxelles à assouplir ses réglementations -  voire d’alléger les charges communautaires de la Grande Bretagne -  tout en lui conservant les avantages du statut de membre. Vulgairement, cela s’appelle vouloir le beurre et l’argent du beurre. Lui-même n’y croit guère mais il pourra toujours se targuer d’avoir essayé. Comme le disait avec raison Laurent Fabius : « on ne peut pas faire l’Europe à la carte. ».

 

 

                                      Bruno DA CAPO