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09/01/2015

Ils ont tué Gavroche !

 

 

Certes le choc est immense. La rédaction de Charlie abattue froidement, c’est la liberté d’expression qu’on a voulu toucher au cœur. C’est donc nous tous, citoyens d’un pays qui a porté ce beau flambeau de liberté de par le monde. Derrière la cible, le pays de Voltaire et Hugo est visé. C’est l’ironie, l’esprit critique, la gouaille, le rire, la satire, le courage d’affronter la nuit obscurantiste, c’est le génie français qu’on a voulu abattre. C’est cette « petite grande âme » qu’était Gavroche, tirant la langue aux assassins, aux brutes, aux ignorants, aux imbéciles, aux bourreaux de tous poils que les assassins ont tué. Gavroche, c’était Cabu, Charb, Wolinski, Tignous, Honoré et tant d’autres qui, d’un trait de crayon, croquait le ridicule des politiques et religieux et les délires des terroristes. Avec Hugo, Gavroche avait le temps de narguer ses tueurs et d’échapper aux premières balles. L’équipe de Charlie n’en a pas eu le temps. Comme ce gamin de Paris, ils sont tombés parce qu’ils étaient au front. Un peu seuls peut-être... Depuis longtemps, Charlie était dans le collimateur des Islamistes. On savait que l’hebdo avait subi un premier attentat. A-t-on baissé la garde ?... L’enquête nous le dira ou non. Aujourd’hui, après l’effroi d’hier, on les pleure tous, y compris les victimes anonymes qui se sont ajoutés à cette funèbre liste. On sait déjà qu’il nous faudra aider Charlie à renaître de ses cendres, prendre un abonnement pour une année. Charlie doit vivre, survivre ! Gavroche ne peut mourir ! Son bel esprit aura toujours raison des assassins !

 

                                  Yves CARCHON

14/10/2013

Vers la fin de l’Europe ?

 

 

 


 L’Europe est-elle en voie de désagrégation ? Après avoir été « en panne », comme l’ont scandé tous nos commentateurs, la voilà « en sursis ». Certains disent même qu’elle est en état de mort avancée. Une chose est sûre : rien ne va plus entre les citoyens européens et tous leurs eurocrates. Ce projet collectif, qui devait faire du continent européen une puissance économique et politique, et dont les pères croyaient possible, ce grand dessein paraît en 2013 exténué, en bout de course, paralysé par trop de désaccords que partagent ses membres. Son impuissance semble notoire, pointée du doigt par des observateurs aigus et compétents comme Delors, Rocard, voire Attali. Beaucoup – de plus en plus nombreux – s’accordent à dire que l’impuissance qui la ronge lui a fait pondre un œuf de serpent. De partout en Europe les populismes montent, gagnent du terrain, faisant leur nid dans la colère des peuples qui ne supportent plus leurs dirigeants. Pourquoi ? Ces mêmes dirigeants ont trop souvent rendu l’Europe responsable des crises nationales. Juste retour de boomerang : de s’être défaussés souvent et lâchement sur l’Union, ils en ont oublié qu’ils étaient les premiers artisans de l’Europe et que sans volonté de bâtir cet espace, les peuples lassés d’être baladés sont devenus sceptiques, voire plus, hostiles, et qu’une majorité d’entre eux semble se retrouver pour retomber dans le bercail de la sainte Nation, seul antidote au malheur qui les frappe. En France, le FN surfe sur cette colère rentrée du peuple qui voit dans cette funeste Europe l’image de son propre déclin. On craint d’ailleurs que cette même colère ne tarde à s’exprimer dans le secret des urnes, à commencer par les Municipales, voire les Européennes. Si, au niveau européen, une force anti Europe (qui se profile déjà) voyait le jour lors de ces élections, on peut penser qu’elle ferait tout pour saper les fondements de l’Union et que celle-ci ne vaudrait plus très chère. Adieu alors à ce qui était une des plus belles idées du 20ème siècle,  préfigurée par notre visionnaire Hugo !  Si cette aventure advenait, les partis populistes prendraient le pas sur les partis démocratiques rendus à leur déliquescence. Je n’ose imaginer la suite...

                         

                                          Yves Carchon

16:01 Publié dans numéro 12 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : europe, panne, nation, hugo

10/06/2013

C’était la Gauche...

 

 


La nostalgie nous prend quand on regarde ce que la Gauche est devenue. La mort de Pierre Mauroy nous le rappelle cruellement. Avec lui, c’est la Gauche qui s’en va, celle qu’on aimait, qui portait haut et loin les idées progressistes de la France. Avec lui, c’est aussi le courage de tenir ses promesses qui s’en va. Le 10 mai 81, quand Mitterrand accéda au pouvoir, ce fut une grande et belle bouffée d’oxygène pour la France. Nommé Premier ministre, Pierre Mauroy, petit-fils de bûcheron et fils d’instituteur, est un homme du Nord. Jovial, généreux, partageux comme un chti, il est (au sens sartrien) de gauche : culturellement, viscéralement, je dirais même intrinsèquement. Il connaît la souffrance des petits, les difficultés du monde ouvrier, ce que signifie se tuer au travail. Bref, il n’a rien du produit politique-ENA clé en mains ! Il fait partie du peuple et rêve d’une France fraternelle et juste. Y travailler sera son ambition. Porté par ses idées, le socialisme, il entreprend les grandes réformes dès la première année : la cinquième semaine de congés payés, la retraite à soixante, c’est lui. L’’abolition de la peine de mort, la décentralisation, les radios libres, la place de la Culture avec Jack Lang..., c’est aussi lui. Pierre Mauroy, c’est l’histoire qui s’écrit. Porté par des idées, il entame des réformes pour la France. Mais le courage - le cœur - est là, contrairement hélas à aujourd’hui... Pour Pierre Mauroy, qui appartient autant au monde d’Hugo qu’à Jules Vallès, la Gauche, c’était une geste qui devait rétablir l’égalité entre les hommes, la solidarité entre Français. Grand homme d’Etat, il sut convaincre Mitterrand de la nécessité de la rigueur avec un Jacques Delors aux manettes de l’Economie. Il fallait du courage pour prendre une telle décision : il la prit, sachant fort bien qu’un tel tournant serait reçu comme une trahison par les siens. En le perdant, on se prend à se dire : Mauroy, c’était la Gauche. Notre Président (de gauche ?) serait bien inspiré, à la faveur de cette disparition, de faire sérieusement son examen de conscience. Mais le peut-il, sachant qu’on l’assimile plus volontiers au monde du Petit Chose qu’aux barricades des Misérables ?

 

                                                         Yves CARCHON

14:38 Publié dans 11 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : mauroy, chti, bucheron, hugo