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23/06/2015

La leçon de Philae

 

 

Qu’on se souvienne : en novembre 2014, Philae, après un atterrissage acrobatique sur la comète Chury, avait cessé de transmettre ses données. Arrimé dans un recoin mal exposé au soleil, ses panneaux solaires n’avaient pu recharger correctement les batteries de l’audacieux casse-cou. Samedi 13 juin, Philae s’est réveillé. Excellente nouvelle pour nos scientifiques et pour les gamins rêveurs que nous sommes restés ! Les données transmises sont maigres, plutôt brèves, mais nous voilà renseignés sur la bonne santé de Philae. Ayant retrouvé son énergie, il va délivrer comme il était prévu de nouvelles connaissances. Brave soldat Philae ! Certes, nous aimerions qu’il aille un peu plus vite et qu’il soit plus prompt à retrouver toute son activité. Mais Philae prend son temps quand nous, nous tuons le nôtre, constamment à la poursuite de quelque nouvelle lune. Ce vaillant aventurier nous donnerait-il une leçon ? Prendre son temps ne veut pas dire : perdre son temps ! Et si nous faisions comme Philae : nous dorer d’abord au soleil avant de nous jeter dans la réflexion ou dans l’action. Peut-être y gagnerions-nous en force et en sagesse...

 

 

                      Yves CARCHON

19/06/2015

Opération Nutella

                          

 

 

 On peut reprocher beaucoup de choses à Ségolène Royal mais certainement pas de manquer de franchise. La ministre de l’écologie n’a pas la langue dans sa poche et cela embarrasse souvent le gouvernement auquel elle participe. Après le désherbant Round-Up qu’elle souhaite faire interdire, elle a failli créer un incident diplomatique  en appelant au boycottage du Nutella. Selon elle, non sans raison, la célèbre pâte au chocolat, pleine de sucre et d’huile de palme, a tout ce qu’il faut pour favoriser l’obésité et l’élévation du mauvais cholestérol. En outre, par les ingrédients qui entrent dans  sa composition, elle accroît considérablement la déforestation. Si cette « sortie » lui a valu le soutien des écologistes et des diététiciens, elle n’a pas du tout été au goût de la société italienne Ferrero, productrice de la pâte à tartiner. A tel point que son PDG est intervenu pour demander des excuses publiques à la ministre française. Ce qu’elle a fait sans tarder, sans doute taclée en coulisse par le chef de l’exécutif. Prenant à cœur sa fonction, Ségolène Royal a tenu des propos qui s’imposaient d’eux-mêmes. Seulement elle a oublié un peu trop vite les accords commerciaux entre la France et l’Italie. Sous l’angle éthique, au moins, elle est irréprochable, ne faisant qu’exprimer une vérité partagée par de plus en plus de gens en lutte contre la « malbouffe ».

Mais voilà, nous vivons dans une drôle d’époque. Une époque où les capitaines d’industrie se permettent de s’adresser directement aux dirigeants politiques pour leur intimer ce qu’ils doivent dire et faire. Une époque où l’intendance ne suit plus le politique mais le contraire. Cette situation avilissante, négation des valeurs républicaines, ces sont ces mêmes responsables politiques qui l’ont créée, avec ce culte de la performance économique qui transforme nos chefs d’état en représentants de commerce. On comprend mieux ainsi l’arrogance des grands patrons. Ils auraient bien tort de se gêner dans un monde qui déroule le tapis rouge à chacune de leurs apparitions, à commencer par l’Union Européenne et ses directives en faveur des multinationales. Reste heureusement que nous autres, citoyens des pays occidentaux, nous ne sommes pas soumis à la prudence tacticienne de nos dirigeants. Nous pouvons, par différents moyens, exprimer notre désaccord avec ce système, voire dire ouvertement que tel ou tel produit – comme le Nutella – n’est que de la merde en bocal. Encore faut-il que nos opinions soient reflétées par nos actions et modifient sensiblement nos choix de consommateurs !

 

                             Bruno DA CAPO

12/06/2015

Quel changement ?

                   

 

 

 Un premier ministre qui intervient directement dans les affaires des socialistes, confondant exécutif et militantisme. Qui, en plein congrès de son parti, prend un avion d’état pour aller voir un match de football en Allemagne (en y emmenant, au passage,  deux de ses enfants). Des policiers qui évacuent manu militari un campement de migrants africains en plein cœur de Paris. Une loi de surveillance généralisée sur le web, véritable Patriot Act à la française – au moment où les USA renoncent au projet de vouloir tout contrôler chez eux. Une libéralisation accentuée des transports publics  et du travail dominical. Des députés qui contournent l’interdiction de la publicité sur les alcools au profit des sociétés de spiritueux et de vins. Des retraités qui verront leurs pensions baisser de 5% au cours des quinze prochaines années. 20% des enfants de ce pays qui vivent dans des conditions de précarité, sans possibilité de vacances. Des impôts et des taxes plus élevés encore que sous la présidence Sarkozy. On peut, à juste titre, se demander ce qui a changé en France depuis l’accession des socialistes au pouvoir. En voici déjà quelques éléments de réponse. Si changement il y a eu, c’est celui des priorités de la gauche elle-même. C’est celui du sens du mot « socialisme » transformé insidieusement en social-démocratie. C’est le progressif gommage des différences avec le programme de la droite républicaine. Rien, en tous les cas, du changement espéré par les électeurs de gauche en 2012. Oui, cela va être très dur, pour ce gouvernement, de trouver dans deux ans un slogan de campagne qui puisse illusionner une nouvelle fois les Français.

 

                         Erik PANIZZA