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03/07/2015

La spirale terroriste

                       

 

 

 Le moins que l’on puisse dire, c’est que la langue de Manuel Valls fourche souvent lorsqu’il commente les drames qui secouent notre monde. Samedi dernier, en réaction aux attentats terroristes à Sousse et à Grenoble, le premier ministre a parlé « d’une guerre de civilisation », sans qu’on sache exactement s’il accordait ce dernier mot au pluriel ou au singulier. La question n’est pas anodine et plus d’un cacique socialiste est monté au créneau pour le lui rappeler. Car s’il y a présentement un combat de la civilisation contre la barbarie nihiliste  - quelles que soient les raisons dont elle se pare -, on ne saurait rationnellement parler d’une guerre des civilisations, par référence au traité de Samuel Huntington – que, d’ailleurs, très peu de politiques ont lu dans le détail. Reste qu’il y a quand même des causes objectives à cet affolement du langage. Car depuis plusieurs décennies, le monde n’avait pas connu une telle succession de massacres et d’attentats. Même le terrorisme d’inspiration révolutionnaire, extrêmement actif dans les années 70, ciblait mieux ses attaques, réclamait des rançons, versait le sang avec plus de parcimonie. Alors qu’avec Daech et ses affidés, toute forme de négociation est suspendue. La mort et la destruction, pour peu qu’elles soient filmées, semblent être leurs seules propositions face à l’ensemble des nations libres. Et là comme ailleurs, il s’agit de faire du chiffre. Les 37 tués de Sousse en sont la terrible évidence.   

Au delà des effets d’annonce et des déclarations martiales de nos dirigeants, la question est bien de savoir s’ils vont enfin tirer les conséquences juridiques qu’impose une telle menace. Par exemple la déchéance de nationalité pour les français qui vont rejoindre les rangs de l’état islamique et le rétablissement de tribunaux d’exception pour ceux reconnus coupables de crimes contre l’humanité. Aux grands maux, pas de grands mots, mais surtout de grands moyens. 

 

                       Bruno DA CAPO

30/06/2015

Les Trissotins européens

 

La Grèce, mauvais élève de l’Europe ? Peut-être. J’avoue avoir toujours eu un faible pour les mauvais élèves. Pourquoi ? Parce que très souvent, ils sont les révélateurs d’un système qui ne marche plus très bien. Bien souvent, nos maîtres préfèrent s’occuper des bons élèves, délaissant les autres qui, eux, ont besoin d’être guidés. L’Europe, comme hélas l’Education chez nous, bat — on le sait depuis longtemps — de l’aile. La Grèce, certes, n’a pas toujours été à la hauteur mais l’Europe et ses maîtres es—économie n’ont rien fait pour intervenir quand il l’aurait fallu. Ils ont sciemment fermé les yeux, préférant mettre un mouchoir sur sa dette devenue aujourd’hui abyssale. Les Grecs devraient maintenant la rembourser illico, alors qu’on sait qu’une telle chose est impossible. On parle de « restructurer » la dette : eh bien, faisons-le ! Que la Grèce rembourse, pourquoi pas, mais sans qu’on la presse ou la pressure. Pourquoi ne pas concevoir un calendrier plus long, qui s’étendrait sur une bonne décennie, voire plus ? Un calendrier, certes rigoureux , mais qui serait plus souple sur le long terme ? L’Angleterre, première puissance économique au XIXème siècle, était endettée elle-même jusqu’au cou. Elle a jugulé sa gigantesque dette avec le temps. Alors, que cherche-t-on à nous jouer, FMI en tête avec une Lagarde moulée dans une chape de fer ? Une tragédie antique avec fatum où la Grèce devrait mourir, immolée sur l’autel de l’Argent-Roi ? Ou une farce moliéresque où les bons docteurs sont trois fois sots comme Trissotin et plus hypocrites que Tartuffe ? Je laisse à chacun le soin de cocher l’une des deux cases !

 

                            Yves CARCHON

14:51 Publié dans numéro 15 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : grèce, europe, dette, lagarde

26/06/2015

La folie Waterloo

                         

 

Pim pam poum ! En car, en train, par avion, ils sont venus, ils sont tous là dès qu’ils on entendu ce cri : Waterloo. Ils ont loué de beaux costumes rouges, gris ou bleus, se sont même payés des favoris et des barbes postiches pour faire plus authentique, ont ciré leurs bottes et astiqué leurs baïonnettes. Y a même un petit gros, avec un bicorne sur la tête, qui imite dans un coin l’accent corse. Un bicentenaire comme celui-là, pour rien au monde ils auraient voulu le rater.

Pim pam poum ! Waterloo, verte plaine. Quelle belle journée ! Manquerait plus qu’il pleuve et qu’on se prenne les pieds dans la gadoue. On est zélés, mais tout de même…Naturellement les Français sont les plus nombreux. La Garde meurt mais ne se rend pas. Cambronne et ses bons mots. Si les Anglais et les Prussiens nous laissaient gagner, cette fois…Quelle belle revanche sur l’Histoire !

Pim pam poum ! Allez, à l’assaut, vaillants cavaliers ! On va la prendre, cette ferme d’Hougoumont. On va leur mettre la branlée, cette fois, aux coalisés. C’est le maréchal Ney qui vous le dit. Gloire à l’Empereur ! Les chevaux piaffent d’impatience. Ceux-là, au moins, ne risquent pas d’avoir les pattes brisées par les boulets ennemis. La SPA est là qui veille au grain. Y aussi une antenne de Médecins sans frontières pour les premiers soins. Dès fois où on se ferait une éraflure dans un combat au corps à corps. Les hôpitaux de campagne, avec leur gnôle et leurs scies pour amputer les blessés, c’est démodé.

Pim pam poum ! On se tire dessus avec des balles à blanc, on se déchaine, on se tombe dessus, on s’entremêle, Ah, que c’est bon de faire la guerre ! Ah, que ça fait du bien de se battre à nouveau ! On se croirait revenu au bon vieux temps de l’école communale et de la cour de récréation. Oh, toi ! Fais gaffe avec ta baïonnette. Tu vas finir par me crever un œil, à t’agiter comme ça.

Pim pam poum ! Moi je dis qu’on devrait pas attendre encore 100 ans pour se refaire une bataille de Waterloo entre copains. On devrait même en fêter d’autres, puisqu’il y en a plein dans nos livres d’histoire. Bouvines, Azincourt, Fontenoy : tirez les premiers, messieurs les Anglais. Et Verdun. Et Stalingrad. Ils nous ont laissé tellement de jeux de guerre, nos ancêtres. Tellement d’occasions de nous déguiser et de nous éclater en respirant un bon bol d’air. C’est pour ça que je suis membre de trois sociétés d’histoire.

Pim pam poum ! Ah, quelle bonne journée ! Les jeux de rôles, c’est encore mieux que les jeux vidéo. T’as vu, maman : pas une seule goutte de sang sur ma casaque. Je sais, il est tard maintenant. C’est l’heure d’aller faire sagement dodo.

 

 

                       Mister Shake