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30/12/2016

           Un jugement qui fait débat

Le 19 décembre dernier, la Cour de Justice de la République a reconnu Christine Lagarde coupable de négligence  dans l’arbitrage de l’affaire Tapie en 2008. Rappelons qu’elle était alors ministre de l’économie et qu’elle avait accordé à l’homme d’affaires 405 millions d’euros pour préjudice moral dans le litige qui l’opposait au Crédit Lyonnais. Mais, quoique reconnue coupable, Christine Lagarde n’a écopé d’aucune sanction, pas même d’une amende de 15 000 euros prévue dans ce cas. Certes, sa faute est moins grande que celle d’un Jérôme Cahuzac. Elle ne s’est pas enrichie personnellement avec cet argent. Mais elle a néanmoins accordé avec légèreté une somme colossale prélevée sur les fonds publics.

A l’annonce de cette décision plutôt complaisante, l’opinion s’est enflammée, dénonçant une justice à deux vitesses : selon que vous serez puissant ou misérable…Et Julien Cristofoli, un enseignant révolté par cette décision, a même lancé une pétition – sur Change.org – demandant un vrai procès pour Christine Lagarde. A ce jour, elle a recueilli plus de 225 000 signatures, - chiffre qui est loin d’être clos -, créant une vague de fond médiatique autour de ce jugement mais aussi sur l’impact d’Internet dans la vie publique. Est-ce qu’une pétition peut aller contre les lois en vigueur, voire changer une décision de justice ? Dans le cas de Jacqueline Sauvage, c’est oui. Dans le cas de Christine Lagarde, c’est non. Elle ne sera pas rejugée par une juridiction ordinaire, nous le savons bien. La patronne en exercice du FMI est une personnalité qui jouit d’une réputation internationale ; il est donc stupide de rapprocher son cas de celui d’un SDF condamné, lui, à de la prison ferme pour un vol alimentaire, aussi consternant que cela paraisse. Elle n’est pas pour autant intouchable – l’exemple de son prédécesseur, Dominique Strauss-Kahn est là pour nous le rappeler. Mais en tant qu’ancienne ministre, elle bénéficie du droit d’être jugée par une institution d’état, composée majoritairement de députés et de sénateurs, bref de serviteurs de l’état - d’où un soupçon de complaisance.

Or, c’est justement contre cette fameuse Cour de Justice que s’élève la pétition de Julien Cristofoli, voyant en elle (non sans raison) un privilège insupportable dans un régime prétendument républicain. Et de rappeler que François Hollande, à l’orée de son quinquennat, avait projeté de supprimer cette juridiction un peu trop inégalitaire. Va t’il s’y atteler dans les derniers mois de son mandat ? Pourquoi pas ? On le sent tellement soucieux, ces temps-ci, de rattraper ses erreurs et de laisser aux Français une meilleure image de sa présidence. Réaliser en quatre mois les mesures avortées, les promesses non tenues depuis quatre ans : voilà qui redonnerait des couleurs à la politique et de l’espoir chez ceux qui furent ses électeurs.

 

 

 

 

                    Jacques LUCCHESI    

 

30/06/2015

Les Trissotins européens

 

La Grèce, mauvais élève de l’Europe ? Peut-être. J’avoue avoir toujours eu un faible pour les mauvais élèves. Pourquoi ? Parce que très souvent, ils sont les révélateurs d’un système qui ne marche plus très bien. Bien souvent, nos maîtres préfèrent s’occuper des bons élèves, délaissant les autres qui, eux, ont besoin d’être guidés. L’Europe, comme hélas l’Education chez nous, bat — on le sait depuis longtemps — de l’aile. La Grèce, certes, n’a pas toujours été à la hauteur mais l’Europe et ses maîtres es—économie n’ont rien fait pour intervenir quand il l’aurait fallu. Ils ont sciemment fermé les yeux, préférant mettre un mouchoir sur sa dette devenue aujourd’hui abyssale. Les Grecs devraient maintenant la rembourser illico, alors qu’on sait qu’une telle chose est impossible. On parle de « restructurer » la dette : eh bien, faisons-le ! Que la Grèce rembourse, pourquoi pas, mais sans qu’on la presse ou la pressure. Pourquoi ne pas concevoir un calendrier plus long, qui s’étendrait sur une bonne décennie, voire plus ? Un calendrier, certes rigoureux , mais qui serait plus souple sur le long terme ? L’Angleterre, première puissance économique au XIXème siècle, était endettée elle-même jusqu’au cou. Elle a jugulé sa gigantesque dette avec le temps. Alors, que cherche-t-on à nous jouer, FMI en tête avec une Lagarde moulée dans une chape de fer ? Une tragédie antique avec fatum où la Grèce devrait mourir, immolée sur l’autel de l’Argent-Roi ? Ou une farce moliéresque où les bons docteurs sont trois fois sots comme Trissotin et plus hypocrites que Tartuffe ? Je laisse à chacun le soin de cocher l’une des deux cases !

 

                            Yves CARCHON

14:51 Publié dans numéro 15 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : grèce, europe, dette, lagarde

28/06/2013

Affaire Tapie : vers la fin du feuilleton ?

 

      

 

 Bernard Tapie, c’est l’histoire d’une énergie dont il est momentanément le nom. C’est l’histoire d’un joueur aux ambitions insatiables, toujours changeantes : chanteur, homme d’affaires, dirigeant d’un club de football, homme politique, comédien, animateur…Les Français vivent maintenant depuis plus de trente ans avec cette personnalité provocante qui se joue de tous les codes. Ils suivent l’évolution de sa vie publique comme un feuilleton à rebondissements, avec la fascination que le peuple porte à ceux qui osent défier les normes. Vie pour le moins sinusoïdale, où l’abime n’est jamais loin du sommet.

Sa dernière affaire en date l’illustre assez parfaitement ; elle pourrait bien mettre un frein sérieux à la volonté de puissance de ce corsaire de la république (qui, depuis, a fait main basse sur la presse quotidienne de la PACA). Car sa richesse retrouvée, voici cinq ans, repose – plus personne n’en doute à présent – sur un nouveau coup de poker ; l’une de ces décisions politiques scandaleuses qui contribuent à ébranler un peu plus la confiance, déjà bien fissurée, entre le citoyen et l’état. Imagine-t’on ce que représente, pour tant de gens qui peinent à joindre les deux bouts dans ce pays, l’octroi de 403 millions d’euros de dédommagements à un particulier, fut-il Bernard Tapie ? Que signifie un préjudice moral estimé à 45 millions d’euros quand la justice française n’en accorde que le centième, ou guère plus, à des innocents qui ont purgé de longues peines de prison? On comprend bien, dans cette nouvelle loterie nationale, que les dés sont étrangement pipés. Pour continuer de filer la métaphore, cette affaire évoque le jeu bien connu des dominos, chaque pièce entrainant la suivante dans sa chute.  Il y a d’abord eu Christine Lagarde, entendue par les juges en qualité de témoin assisté, pour la procédure exceptionnelle d’arbitrage qu’elle a avalisée lorsqu’elle était ministre des finances. La justice a eu moins d’égards avec Pierre Estoup – l’un des trois arbitres avec Pierre Mazeaud et Jean-Denis Bredin -, mis directement en examen malgré son grand âge (87 ans). Mise en examen aussi pour Jean-François Rocchi, ex président du CDR et Stéphane Richard, alors directeur de cabinet de Christine Lagarde et actuel PDG d’Orange. L’enquête devait forcément remonter jusqu’à Bernard Tapie lui-même, mis en examen, mais dans un cadre hospitalier, depuis lundi dernier. Au terme des quatre jours d’audition réglementaires, il est ressorti libre ce matin, quoique la justice n’en ait pas encore fini avec lui. La dernière pièce du jeu pourrait bien être Nicolas Sarkozy, déjà impliqué dans d’autres affaires non moins douteuses et qui devrait, dans ce cas, s’expliquer sur les rapports qu’il entretenait avec Bernard Tapie, alors fréquemment invité à l’Elysée. Selon toute vraisemblance, la procédure  d’arbitrage de 2008 risque d’être annulée par l’actuel gouvernement et Tapie sommé de rembourser le pactole empoché. Reste qu’une nouvelle procédure pourrait être alors engagée par l’homme d’affaires avec, à la clé, des prétentions financières encore plus exorbitantes.

                           

                                         Bruno DA CAPO                               

15:34 Publié dans 11 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : tapie, lagarde, arbitrage, pactole