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28/09/2011

Marine en embuscade

 

                         

 

 Plutôt que de s’interroger sur la popularité grandissante de Marine le Pen, peut-être serait-il bon de discerner ce qui la rend si populaire. De tous nos politiques, elle est de ceux qui parlent sans langue de bois. Elle a pour elle la faconde de son père (sans ses tonitruants et assassins excès verbaux, quand ils ne sont pas physiques), le verbe à ras des pâquerettes, audible facilement pour qui l’écoute. Elle mêle et entremêle comme à l’envi les problèmes que nous posent les quartiers, le chômage, la perte des repères, l’immigration, l’immoralité de nos gouvernants, la Bourse, la pauvreté exponentielle... j’en passe, évidemment. Elle agite sans cesse le fameux chiffon rouge qui affole les peuples et les pousse au repli suicidaire sur eux-mêmes. Elle accroche l’oreille par les faciles slogans qu’elle profère. Elle joue sur du velours face une classe politique tournée sur ses soucis d’élections à venir, qui la condamne non tant pour les principes qu’elle incarne que par sa dangerosité à engranger des voix futures qui leur seraient ravies. C’est bien là que réside la faiblesse politique face à Marine Le Pen. De peur de ne pouvoir récupérer des voix acquises pour beaucoup au parti de Marine, ses adversaires font le gros dos et mine de n’être pas scandalisés par ses propos. Certes, ils sont soft (et non pas hard comme ceux du père) mais ils n’en sont pas moins malins et pernicieux. Ils le sont plus même parce qu’habillés d’une sorte de respectabilité de bon aloi. Plus de racisme, plus de complots judéo-franc maçon : rien que de bons discours bien populistes où droite et gauche classiques saignent le pauvre peuple et lui confisquent sa liberté. Nos dirigeants seraient bien inspirés de n’être pas tentés de rallumer la flamme du populisme – ou de la laisser croître. De combattre sans délai le spectre d’un néofascisme qui ne dit pas son nom mais qui est là, au seuil de notre flageolante démocratie. On sait grâce à l’Histoire qu’un incendie est bien vite arrivé, que pour l’éteindre il nous faudra (enfin !) faire montre de courage, après avoir versé du sang, des larmes et retrouver notre âme.

 

                                                     Yves Carchon

Jeux barbares

 

 

                                         

 

 

 Parmi toutes les images que charrient, chaque jour, les nombreuses chaînes d’information, rares sont celles qui sont encore capables de réveiller notre sens moral. Du reste, comment ne pas se blinder face à ce déferlement de souffrances  qui constitue l’essentiel des journaux télévisés ? C’est ce concert de catastrophes que Jean Baudrillard, voici quarante ans dans « La société de consommation », dénonçait déjà comme un conditionnement à la résignation. Nous savons, cependant, que l’indignation n’est pas tout à fait lettre morte en notre époque. Qu’elle peut rejaillir à la façon d’un vieux volcan et c’est plutôt salutaire. Pour tous ceux qui, comme moi, gardent un peu d’espoir dans les valeurs de la civilisation, l’indignation venait, la semaine dernière, d’Angleterre avec la vision d’un combat d’enfants. Deux enfants de 8 et 9 ans qui se battaient à mains nues dans une cage, excités par quelques centaines d’adultes qui avaient payé pour voir ce spectacle et qui étaient, pour la plupart, des parieurs. Deux enfants qui se battaient comme ailleurs des coqs ou des chiens, non pas pour régler un différent mais pour faire gagner un peu d’argent à leurs parents qui, bien sûr, les soutenaient. Deux enfants qui avaient, aux dires de leurs pères, choisi librement de se battre dans cette enclave, fiers de participer à ce genre de compétition. Des justifications qui cachent mal le caractère scandaleux de cette pratique, aussi condamnable que l’exploitation sexuelle de l’enfance. Car l’on peut se demander dans quelles voies s’engageront, d’ici une dizaine d’années, des gamins dûment conditionnés à la violence et au profit, précisément par l’exercice de la force brutale.  Mais n’est-ce pas aussi un symptôme de la crise que l’Angleterre traverse, sans doute encore plus durement que d’autres grands pays européens comme la France ou l’Allemagne ? N’est-ce pas l’une des conséquences de la politique ultra libérale qu’y applique le gouvernement Cameron, insensible au sort des plus pauvres de ses concitoyens ? Quand la pauvreté rencontre le libre-échange, on remet au goût du jour des paris et des spectacles d’un autre temps, d’un autre monde. Tout en s’abandonnant au rêve idiot d’un mariage princier dont le faste insolent et les faramineuses retombées commerciales auraient pourtant du, à eux seuls, révolter la jeunesse britannique.

 

 

                                                   Bruno DA CAPO    

19/09/2011

AGORA DU PS

 

 

 

 


 

Qui ricane à propos des primaires du PS ? Les sceptiques, les grognons et bien sûr l’UMP. A tort, car le parti du président devrait plutôt s’en inspirer...C’est là un exercice de saine démocratie dont on ne peut que féliciter le PS, à commencer par Montebourg qui a été l’ordonnateur de ce projet. Les présentations ont eu lieu dans un premier « débat ». Les guillemets s’imposent car il n’y eut pas à proprement parler de passes d’armes. Et c‘est tant mieux. La crise et le gouffre abyssal de la dette étaient au centre de toutes les préoccupations des candidats. En écoutant Baylet, Aubry, Hollande, Valls, Ségolène – excepté Montebourg – on se disait que notre gauche avait effectué enfin sa mue et qu’elle ne ferait plus dans les dépenses et dans la surenchère sociale. D’une certaine façon, même s’il n’était pas là, la ligne DSK a donc pris l’ascendant. Réalisme, prise en compte du réel, ce qui ne veut pas dire qu’il faut abandonner une plus juste répartition des biens par un impôt plus équitable ou même remiser crédos et idéaux sociaux plus ambitieux. Cette gauche libérale-sociale semble aujourd’hui en bon ordre de marche et sur la même ligne, même si, ici ou là, des différences demeurent (traitement  du chômage, sortie ou non du nucléaire...). Pour ma part, j’étais plutôt content d’apprendre et d’assister presque en direct à cette bonne nouvelle. On me dira qu’il ne s’agissait là que de jeux de miroir, que l’agora PS n’est qu’un attrape-couillons. Que ne dirait-on pas quand on macère dans le marasme et l’autopunition ? Sans être dupe des masques qui font du monde politique un éternel carnaval, je crois tout au contraire qu’en l’occurrence quelque chose a eu lieu du côté de la Gauche : non seulement elle parle d’un même ton (en attendant d’une même voix) mais elle s’est convaincue qu’elle était prête, - capable surtout - de prendre le pouvoir. A elle de nous convaincre, par l’intermédiaire du leader qu’on lui aura choisi, si son programme tient bien la route et si l’espoir a des chances de renaître après cinq longues années de sarkozysme.

 

                                                       Yves Carchon