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29/08/2011

Haro sur la publicité

 

                        

 

 

 

 Alors que de plus en plus de sociétés proposent aux particuliers d’héberger des panneaux publicitaires dans leurs jardins (pour peu que ceux-ci soient bien situés), un homme a récemment pris le contrepied de ces méthodes envahissantes de marketing. Il s’agit de Pierre Kung, 56 ans, un énergique viticulteur d’Agen. Pour 3000 euros, il a fait créer et monter sur 25 panneaux sa propre affiche, celle-ci disant sans détour : « la publicité vous manipule. Réagissez ! ». Inspiré par les Situationnistes, Pierre Kung entend ainsi dénoncer les excès de la publicité et inviter les passants à se poser des questions sur notre environnement médiatique. Souhaitons que son message soit largement entendu. Cette originale initiative fait écho à une autre affaire – en Angleterre, celle-là – visant deux publicités douteuses pour des cosmétiques. Dans le collimateur de la députée Jo Swinson les fonds de teint de Lancôme et Mayberline (filières de L’Oréal), respectivement vantés par Julia Roberts et Christy Turlington. Une enquête fit rapidement apparaître que leurs images avaient été retouchées à l’ordinateur, ce qui jette une ombre sérieuse sur l’efficience anti-rides de ces produits. Si les deux maisons concernées ont, en retour, insisté sur le sérieux de leurs recherches, elles n’ont pas pu taire qu’elles avaient eu recours à des techniques de post-production pour parfaire les images de leurs modèles. Et ont été, à juste titre condamnées à les retirer du marché.   

Citoyenne ou parlementaire, on ne peut que se réjouir de ces deux attaques contre la pieuvre publicitaire. Car dire d’une publicité qu’elle est mensongère n’est ni plus ni moins qu’un pléonasme. Peu ou prou, toute publicité l’est. Elle crée autour d’un produit donné une aura fictive pour le faire désirer. Ainsi, le discours publicitaire met en scène un monde idéal, quasi magique, qui n’a rien à voir avec la réalité quotidiennement vécue par les hommes et les femmes de notre temps. A l’heure actuelle, la publicité est l’un des plus sûrs vecteurs de l’aliénation collective par la consommation. Mais c’est à chacun d’entre nous de prendre ses distances avec le système d’exploitation et de profits insensés dont elle est l’un des noms.

 

                                          Charles CIGALA   

25/08/2011

Solidarité sociale : les riches aussi ?

 

  

 

 

 Dans la longue liste des mesures prises par le gouvernement, en ce fatidique mois d’août, pour ramener le déficit public à 3%, la taxe spéciale des riches est sans doute celle qui a été le plus remarquée. En gros, elle concerne tous ceux qui déclarent un revenu fiscal d’au moins 500 000 euros annuels (ce qui ne va pas faire la joie des « petits » riches). Il est vrai qu’elle avait été précédée, voici quelques jours, par la déclaration de 14 personnalités, parmi les plus grosses fortunes de France,  de participer à l’effort commun en acquittant volontairement une contribution exceptionnelle. Leur demande avait de quoi surprendre et faire sourire. Quoi ! Voilà des contribuables plutôt habitués à soustraire des capitaux au fisc qui voudraient à présent être imposés davantage ! Voilà que, saisis par quelque mystérieux scrupule, ils sortiraient de leur tour d’ivoire et chercheraient ainsi à sympathiser avec le peuple qui souffre et trime ! Des riches pleins de bons sentiments qui montreraient à la nation le chemin de la rédemption économique. Quelle image exemplaire! De mémoire de prolétaire, on n’avait encore jamais vu ça. Serait-ce là un phénomène social nouveau à mettre au compte du quinquennat Sarkozy – qui en fait surgir d’autres de son chapeau- ?  Quelque chose serait-il en train de changer au « royaume » de France? En réalité, il y a fort à penser que cette demande vise surtout à faire en sorte que rien ne change (ou pas trop). Mieux vaut, comme on dit, prendre les devants par ces temps de crise, payer un peu plus pendant deux ans et peut-être éviter ainsi des ponctions et des pertes autrement plus sévères. C’est ce qu’on appelle populairement lâcher du lest ; et ces PDG et autres super-actionnaires de grandes entreprises peuvent bien en lâcher un peu avec les « cadeaux » offerts par le bouclier fiscal depuis quatre ans. Quelque soit le montant – proportionnel à leurs revenus– de cette fameuse taxe, il ne risque pas de bouleverser leur train de vie, soyons sans crainte pour eux. Néanmoins, cela n’empêche pas certains patrons, comme Charles Beigbeder,  de réclamer à l’Etat, en contrepartie de cette taxe exceptionnelle, encore plus de réductions des dépenses sociales (qui, elles, pourraient bien durer davantage). Difficile, après ce genre de déclarations, de croire que nous sommes entrés dans une grande période d’unanimisme social. Mais cette posture pleine de magnanimité aura eu au moins l’avantage de nous amuser un moment.

 

                                                   Erik PANIZZA   

23/08/2011

Des hommes et des chiens

 

         

 

  Les récentes affaires de chiens mordeurs à Boulogne et à Marseille relancent le débat sur les relations qui unissent les humains à leurs animaux domestiques - et aux chiens en particulier. Celui que l’on désigne souvent comme le meilleur ami de l’homme – on devrait dire, en fait, son meilleur commensal – n’est pas que cette peluche vivante toujours avide de caresses et de gâteries alimentaires, mais aussi un carnassier redoutable dont les morsures peuvent être très graves. Ses réactions ne sont pas toujours prévisibles et ce sont bien souvent les enfants, plus petits et moins prudents que les adultes, qui en font les frais. Certes, les animaux échappent, contrairement à leurs maîtres, à la responsabilité juridique ; mais doit-on, pour autant, ne pas tenir compte de leurs antécédents et les laisser tranquillement dans la proximité des humains lorsqu’ils ont commis un acte aussi épouvantable que celui de défigurer un enfant ? Le bon sens le  plus élémentaire ne peut que répondre « non » et l’on peut, dès lors, s’indigner de la sympathie suscitée par Prince, le bull-terrier mordeur de la petite Carmen à Boulogne. Le mouvement de protestation qui s’est constitué pour lui éviter l’euthanasie est une insulte à la raison. Il dit en filigrane que l’on a plus de compassion pour la vie d’un chien que pour celle d’une petite fille qui gardera sur son visage les marques indélébiles de ses crocs. Naturellement, il a trouvé un porte-voix en la personne de Brigitte Bardot dont on connaît depuis longtemps le combat – justifié – pour la cause animale, mais aussi les dérapages stupides qu’il a parfois entrainés. En se souciant davantage des conditions d’enfermement du chien agresseur que du sort de la petite victime, elle montre une nouvelle fois comment les meilleures intentions peuvent se transformer en aberrations morales. Comment peut-on pousser à ce point l’indifférence – sinon le mépris -  envers sa propre espèce et mettre en équivalence la souffrance humaine et la souffrance animale ? Cela me demeure, personnellement, un mystère. Mais à trop vouloir défaire la hiérarchie entre les différents règnes, à trop vouloir traiter les animaux comme nos égaux, on ne pourra plus un jour reprocher aux hommes  de se comporter (parfois) comme des bêtes fauves.    

Osons le dire haut et fort  pendant qu’il en est encore temps : il faut durcir la législation sur les chiens des catégories 1 et 2; il faut éliminer sans état d’âme ceux qui ont commis des agressions graves contre des humains et contrôler davantage les possesseurs de ceux qui sont potentiellement dangereux. Aucun chien appartenant à ces catégories ne devrait être promené sans muselière dans un espace public, comme c’est encore trop fréquemment le cas. Et que l’on n’avance pas la négligence pour diminuer la responsabilité des maîtres de chiens qui passent à l’attaque ! La négligence est une faute aussi grave que peut l’être un acte volontairement criminel et doit être sanctionnée comme tel. Si nous ne prenons pas ce genre de mesures, nous pourrions bien glisser insidieusement dans un monde où l’humain n’aurait plus la première place.    

                                                   Jacques LUCCHESI