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28/09/2011

Jeux barbares

 

 

                                         

 

 

 Parmi toutes les images que charrient, chaque jour, les nombreuses chaînes d’information, rares sont celles qui sont encore capables de réveiller notre sens moral. Du reste, comment ne pas se blinder face à ce déferlement de souffrances  qui constitue l’essentiel des journaux télévisés ? C’est ce concert de catastrophes que Jean Baudrillard, voici quarante ans dans « La société de consommation », dénonçait déjà comme un conditionnement à la résignation. Nous savons, cependant, que l’indignation n’est pas tout à fait lettre morte en notre époque. Qu’elle peut rejaillir à la façon d’un vieux volcan et c’est plutôt salutaire. Pour tous ceux qui, comme moi, gardent un peu d’espoir dans les valeurs de la civilisation, l’indignation venait, la semaine dernière, d’Angleterre avec la vision d’un combat d’enfants. Deux enfants de 8 et 9 ans qui se battaient à mains nues dans une cage, excités par quelques centaines d’adultes qui avaient payé pour voir ce spectacle et qui étaient, pour la plupart, des parieurs. Deux enfants qui se battaient comme ailleurs des coqs ou des chiens, non pas pour régler un différent mais pour faire gagner un peu d’argent à leurs parents qui, bien sûr, les soutenaient. Deux enfants qui avaient, aux dires de leurs pères, choisi librement de se battre dans cette enclave, fiers de participer à ce genre de compétition. Des justifications qui cachent mal le caractère scandaleux de cette pratique, aussi condamnable que l’exploitation sexuelle de l’enfance. Car l’on peut se demander dans quelles voies s’engageront, d’ici une dizaine d’années, des gamins dûment conditionnés à la violence et au profit, précisément par l’exercice de la force brutale.  Mais n’est-ce pas aussi un symptôme de la crise que l’Angleterre traverse, sans doute encore plus durement que d’autres grands pays européens comme la France ou l’Allemagne ? N’est-ce pas l’une des conséquences de la politique ultra libérale qu’y applique le gouvernement Cameron, insensible au sort des plus pauvres de ses concitoyens ? Quand la pauvreté rencontre le libre-échange, on remet au goût du jour des paris et des spectacles d’un autre temps, d’un autre monde. Tout en s’abandonnant au rêve idiot d’un mariage princier dont le faste insolent et les faramineuses retombées commerciales auraient pourtant du, à eux seuls, révolter la jeunesse britannique.

 

 

                                                   Bruno DA CAPO