Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

09/09/2011

A PROPOS DU 11 SEPTEMBRE 2001…

 

 

 

 

 

 

 

 

« Nous vivons un véritable Retour des temps. Voici plus d’un siècle, devant une situation moins menaçante que celle d’aujourd’hui, Melville écrivit quelques lignes que les Nord-Américains devraient relire et méditer : »

 

Quand les nuages de l’océan survolent les hautes terres

L’orage déferle dans la rousseur tardive de l’automne,

Quand l’horreur sature la vallée inondée

Et qu’avec fracas la tour s’écroule dans la ville,

Je songe aux maux de mon pays.

De la stérile immensité du Temps, voici la tempête qui s’abat

Sur le plus pur espoir du monde allié au crime le plus noir.

De la nature la part de ténèbres est désormais alertée... 

 

* * *

 

L’invitation à méditer  est d’Octavio Paz : Etats-Unis : La démocratie impériale, in Une planète et quatre ou cinq  mondes - Réflexions sur l’histoire contemporaine, Gallimard, 1985.                                                                                    

 

Le poème, étrangement prémonitoire, qu’elle induit est extrait de : Herman Melville, collected poems, éd. HP. Vincent, Chicago, 1947. (N.d.T.). Sa rédaction eut probablement lieu entre 1876 et 1891, c’est à dire 110 ou 125 ans avant la tragédie du 11 septembre 2001.

 

 

Voilà effectivement de quoi méditer, et bien au-delà des doctes rabâchages de nos analystes es catastrophes.

                                                                                                                        

                                                                                                     H.-M. POLVAN

Militer : pour quoi, pour qui ?




Si l’âge adulte passe pour être celui de la résignation aux réalités basiques de la vie, la jeunesse, en revanche, a toujours incarné l’espoir en un monde meilleur, fut-ce au prix de sa transformation violente et de maints sacrifices personnels. Quoi de plus compréhensible, à 20 ans, que de vouloir participer à l’élaboration d’un avenir plus radieux ? Quoi de plus naturel que de vouloir partager avec les autres les fruits d’un changement forcément mélioratif ? Cet enthousiasme généreux se canalisait jusqu’à présent dans l’adhésion aux programmes des partis de gauche. C’étaient eux qui portaient alors les valeurs innovantes, la croyance au progrès social et ils s’appuyaient, pour une bonne part, sur la jeunesse de leurs militants. Mais, en ce domaine, la donne a sensiblement changé et il faut aussi compter avec le militantisme de droite. Nous savons par quels arguments rétrogrades et vindicatifs le Front National peut séduire une (petite) partie de la jeunesse française. Mais quid de l’UMP ? Quelle espérance, quelle vision de l’avenir est soutenue par ce parti pour exercer un attrait sur tous ceux qui, à peine sortis de l’adolescence, s’y sont encartés ces dernières années ? Il n’y a pas, en effet, de formation politique plus étrangère à l’utopie, plus terne et plus axée sur les réalités platement matérielles du monde que celle-ci. Tout le contraire, en principe, de ce qui devrait séduire et mobiliser une jeunesse soucieuse de tracer son sillon. A moins que cet engagement – hypothèse plausible mais ô combien décevante – ne soit dicté que par le souci égoïste et opportuniste de se rapprocher, à travers ce parti présentement majoritaire, des premiers cercles du pouvoir, pour bénéficier un peu de ses divers rogatons. Quoi qu’il en soit, des jeunes, il y en avait pour son université d’été qui s’est tenue à Marseille, les 2, 3 et 4 septembre derniers, dans l’enceinte du Parc Chanot ( où l’on ne pouvait entrer sans montrer sa petite carte). Des jeunes venus par cars entiers de toute la France pour voir et écouter leurs leaders – d’ailleurs bien divisés – débattre interminablement de la crise et des prochaines élections présidentielles, non sans écornifler au passage leurs adversaires socialistes. Et tous, des plus obscurs aux plus connus, de proclamer finalement leur allégeance à l’homme providentiel, le seul qui puisse aider la France à traverser cette période agitée, j’ai nommé l’actuel locataire de l’Elysée qui était d’ailleurs significativement absent de ces rencontres.

Parmi tous les slogans qui fleurissaient sur les tee-shirts et les calicots de cette sémillante jeunesse, l’un a particulièrement capté mon attention. Sur le tricot rouge porté par une jeune Bretonne s’étalaient les mots suivants : « militant de la liberté ». Devant quoi, je dois dire que je me suis retenu de rire, tellement l’absurdité de cette proposition m’apparaissait évidente. Car comment associer la défense de la liberté à un parti qui, depuis dix ans, n’a cessé de réduire les libertés publiques et individuelles en France ? Un parti dont les dirigeants ont systématiquement sacrifiés les Droits de l’Homme sous le rouleau compresseur de l’économie mondialisée. Un parti qui a, à maintes reprises, tenté de bâillonner la presse chaque fois qu’elle menaçait ses intérêts. Est-ce que cette jeune personne ignorait tous les crocs-en-jambes que son cher parti a pu faire à cette vieille dame répondant au beau nom de Liberté ? Sans doute car, autrement, comment aurait-elle pu véhiculer avec autant de désinvolture un tel slogan ? Dans les années 70, Jean Ferrat se demandait en chantant « ce qui peut justifier en notre temps/ un jeune républicain indépendant ». Et moi, je me demande, en 2011, ce qui peut justifier un jeune militant de l’UMP dans le paysage politique français.


Erik PANIZZA

07/09/2011

Poupée de cire, poupée de son




J’écoutais il y a peu la courte interview de  Carla Bruni Sarkozy nous parler de choses et d’autres d’une voix de flûte. Tout en l’écoutant, j’observais son fin visage lisse, net comme un visage de cire. Un visage presque asiatique. Ce qui conférait à ses propos un côté lointain et mystérieux, presque évanescent. Pourtant, elle alignait doucement avec la sérénité qu’on lui connaît truismes et banalités les plus navrantes. Il s’agissait là, apparemment, d’un plan Com commandité, joué (voire peut-être sur-joué) dans un lieu douillet, où tout ce qui filtrerait serait dit sur un ton mesuré, feutré, quasi-confidentiel censé nous inviter gentiment dans l’intimité de la dame. Et de quelle intimité s’agit-il ? Eh, c’est qu’elle est grosse de notre Président, Carla ! C’est qu’on n’en reste pas moins humain quand on habite l’Olympe ! N’est-ce pas l’événement (heureux) pour 2012 ! Tout en la regardant jouer de ses grands yeux, de son sourire glacé (mais comme peut l’être le sourire d’un magazine de mode), en la voyant montrer son front et ses pommettes qui captent la lumière comme un Vermeer, j’imaginais le pipelet Saint-Simon qui assistait jadis aux selles matinales du Roi et qui vécut fidèlement presque en direct toutes les grossesses de ses multiples favorites. Aujourd’hui, avec la télé, nous voilà pour tout dire sommés de devenir des Saint-Simon au petit pied, mais sans le style, sans la méticuleuse observation qui donne au grand mémorialiste le sel qui nous fait tant défaut ! Nous sommes comme lui contraints au voyeurisme et à l’affût (quoiqu’on en dise) du secret révélé. Secret story se joue aussi à l’Elysée, quand il ne se joue pas à Washington ! Avec le président qui sera bientôt père, nous sommes hélas souvent lancés dans un étrange jeu de rôles. Hier, il s’invitait à déjeuner avec les camionneurs ! Demain qui sait avec les échangistes ! Et quand ce n’est pas lui qui joue les premiers rôles, c’est son épouse qui, de poupée de cire, devient poupée de son le temps d’une interview. Ce qui est bien avec Carla, c’est qu’elle sait prendre la lumière. Et ça, quoiqu’on en ait, vaut tout les beaux discours !

Yves Carchon