Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

18/10/2020

Marseille rend hommage à Samuel Paty

Le sordide assassinat de Samuel Paty, enseignant d'histoire-géo dans un collège de Conflans-Sainte Honorine, vendredi 16 octobre, a généré partout en France une vague de manifestations pour la défense de la liberté d'expression et de la laïcité. Celle organisée à Marseille, dimanche 18 octobre, a rassemblé la foule des grands jours, comme le montrent nos photos. Plusieurs élus locaux, à commencer par la nouvelle maire Michèle Rubirola, étaient venus se mélanger aux nombreux manifestants massés sur le Vieux Port. Mais au delà des hommages compassionnels et des déclarations généreuses, de la Marseillaise entonnée en choeur et de la traditionnelle minute de silence, quelques voix discordantes s'élevaient pour réclamer des actes forts, et non des paroles, envers l'hydre de l'islamisme radical qui est loin d'être vaincu au pays de Voltaire. Souhaitons qu'elles soient davantage entendues en haut lieu. J L

05/07/2019

      Tempête dans une piscine

 

                              

 

 

 Depuis quelques années maintenant, l’été ramène avec la canicule et le besoin pressant de se rafraîchir, des polémiques insidieuses sur les tenues de bain acceptables dans l’espace public. Ceux qui les orchestrent, sous couvert associatif, jouent habilement sur les ambigüités de notre laïcité pour tester les limites de la tolérance commune vis-à-vis de codes vestimentaires relevant d’une autre culture que la notre. C’est ainsi que, dimanche 23 juin, une dizaine de femmes ont voulu se baigner en burkini dans une piscine grenobloise. Rappelons au passage que le burkini est la version aquatique de la lugubre burqa, ce qui en fait l’exacte antithèse du monokini. Evidemment, elles se sont vu interdire l’entrée malgré leurs protestations et certaines ont même  écopé d’une amende de 35 euros.

Cependant la polémique enflait sur les réseaux sociaux et, deux jours plus tard, la piscine a été momentanément fermée pour des questions de sécurité. Le maire EELV de Grenoble, Eric Piolle, a évidemment réagi à cette provocation, condamnant une stratégie du choc et une atteinte au règlement intérieur. Quant à Marlène Schiappa, la secrétaire d’état à l’égalité des femmes et des hommes, elle a dénoncé dans cette intrusion une atteinte au droit des femmes à porter un maillot normal- c’est dire dévoilant plus le corps qu’il ne le cache.

 Tout cela serait aussi risible qu’un canular de potache s’il n’y avait derrière l’ombre d’une idéologie menaçant nos valeurs démocratiques. Du reste, comment peut-on logiquement s’indigner d’être reflué(e) d’un espace de baignade où la semi-nudité est de règle quand on s’y présente vêtu(e) de pied en cap ? Car comment, dans ces conditions, pouvoir bénéficier des bienfaits de l’eau et du soleil conjugués, ce qui est quand même le but recherché quand on va dans une piscine ou à la plage ? Et, accessoirement, montrer ainsi qu’on ne porte rien de douteux sur soi.

 Le motif d’islamophobie est parfaitement hypocrite et déplacé ; car c’est d’abord une simple question d’hygiène.  Si un homme - ou une femme – voulait entrer dans une piscine avec un pantalon de jogging et un tee-shirt, personne ne s’étonnerait qu’il ne soit pas accepté. On ne verrait là qu’une forme d’excentricité de sa part. Alors pourquoi devrait-on arguer un pseudo droit à la liberté religieuse quand il s’agit de femmes musulmanes qui se comportent de façon aussi provocatrice ?

 Personne n’est astreint à se baigner en été et on peut très bien rester chez soi, dans la tenue de son choix, si on estime que se dénuder en public est immoral. Mais de grâce, mesdames, ayez la décence de ne pas imposer vos critères de vertu à une société qui leur est parfaitement étrangère. Respectez, si vous voulez vous-mêmes être respectées, toutes celles et ceux qui ne font que vivre selon la norme commune lorsqu’ils exposent leurs corps à la lumière. Et rappelez-vous qu’en France, la santé publique prime sur toutes les guéguerres de valeurs.

 

Jacques Lucchesi

12/12/2014

Les crèches de la discorde

                  

 

 

 

Au départ, il y a la décision du tribunal administratif de Nantes qui, saisi par l’association La Libre Pensée, a enjoint le conseil général de Vendée de retirer sa crèche de Noël dans le hall de l’hôtel du département. Décision sans doute un peu trop rigoriste, même justifiée par l’article 28 de la loi de 1905 sur la séparation de l’église et de l’état (qui interdit les signes religieux dans l’espace public). Néanmoins, le conseil général de ce département – pourtant de forte tradition catholique – s’y conforme, tout en promettant d’introduire un recours. Ce n’est pas le cas à Béziers, sous le coup aussi de la même injonction. Là, Robert Ménard, maire apparenté FN de la cité bitérroise, se cabre et conserve la crèche installée dans l’hôtel de ville. Il est rapidement suivi par l’ensemble des autres édiles du FN dans leurs communes respectives. La fronde gronde contre les valeurs de la république, soutenue par des personnalités aussi différentes que Nadine Morano (UMP) et Julien Dray (PS). On peut les comprendre. Car  il n’est nul besoin d’être encarté à l’extrême-droite pour vouloir préserver, en cette période de l’année, un peu d’enfance et de merveilleux  au sein de notre société si mercantiliste. Ce qui est, par contre agaçant, c’est la récupération politique quasi instantanée d’une coutume porteuse de paix et d’universalité. C’est aussi la duplicité du FN, si prompt à brandir le principe de laïcité quand il estime que l’Islam le viole par ses manifestations publiques et, à l’inverse, de le piétiner lorsqu’il met un bémol à des traditions d’inspiration chrétienne. Il est vrai que, dans cette affaire, le sénateur UMP Bruno Retailleau a introduit la distinction entre fait religieux et fait culturel – la crèche relevant, selon lui, de ce deuxième point. Du pain bénit pour le FN qui a sans doute oublié que la loi de 1905 visait avant tout – et pour cause ! – la religion chrétienne jugée alors trop influente. Les mœurs ont bien changé, depuis, dans ce pays ; la laïcité y est devenue plus tolérante. Et on peut aujourd’hui, sans crainte du ridicule, s’affirmer laïcard tout en continuant à fêter Noël et même Pâques.  

 

                     Bruno DA CAPO