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03/04/2012

Le printemps birman

 

                       

 

 

 Aung San Suu Kyi et son parti, la Ligue Nationale pour la Démocratie, ont donc remporté, dimanche dernier, ces premières élections libres en Birmanie. Victoire magistrale puisque 43 sièges de députés – sur 44 à pourvoir – leur sont revenus. Dans les images en provenance de Rangoon, Aung San Suu Kyi semblait heureuse mais fatiguée par toutes ces années de lutte et de privation de liberté. Le chemin fut long et douloureux, mais son courage et son obstination ont quand même fini par faire bouger les pièces de cet échiquier. Certes, la junte militaire reste  aux commandes, mais l’ex-Prix Nobel de la Paix entre, malgré tout, au gouvernement et va pouvoir ainsi exercer une action propre à accélérer la démocratisation complète de son pays. Est-ce que, d’ici là, le peuple birman bénéficiera du retour annoncé des investissements étrangers ? Nous ne pouvons, bien sûr, que l’espérer avec lui. Car nul ne veut croire, devant tant de liesse, que tout cela ne soit qu’une nouvelle couche de maquillage sur un système politique verrouillé.

Mais, au juste, pourquoi parler ici de la Birmanie ? Ce  pays du sud-est asiatique est sûrement le dernier des soucis pour la plupart des Français râleurs que nous sommes. N’avons-nous pas assez à faire et à penser avec nos propres élections, dans quelques semaines ? Sans doute, mais une poussée démocratique, n’importe où dans le monde, reste un augure favorable que chacun doit méditer. C’est une fleur fragile dans un terreau où abondent souvent les mauvaises herbes ; une petite fleur qu’il s’agit de soigner pour amener à une totale éclosion. Aujourd’hui, cette fleur a un visage : celui, beau, doux et grave, de la Dame de Rangoon. Car Aung San Suu Kyi - assurément, la plus grande femme politique de notre temps – rayonne bien au-delà des frontières de son pays. Son parcours et son action méritent d’inspirer tous ceux, hommes et femmes confondus, qui luttent aussi pour une vie meilleure en Occident.

 

                           Bruno DA CAPO

23/03/2012

De quelques dossiers urgents

 

 

                     

 

 

 

 Dans l’effervescence électorale et la valse des drames humains dont nous sommes, chaque jour, les spectateurs indignés, il est touchant et reposant de constater que certains ministres poursuivent imperturbablement leur mission législatrice - mission hautement civilisatrice, cela va sans dire. C’est le cas de Roselyne Bachelot dont le dernier combat en date n’est autre que la suppression du mot « mademoiselle » des formulaires administratifs. Plus exactement, notre Ministre de la Santé s’est faite, une fois de plus, le porte-voix à l’Assemblée Nationale des associations féministes (Osons le féminisme, les Chiennes de Garde) qui la réclamaient à cors et à cris au motif que cette désignation serait une atteinte à la vie privée des femmes. C’était le 21 février dernier, un grand jour certainement pour l’égalité des sexes. Désormais, la case « mademoiselle » devra disparaître des documents officiels et seul sera pris en compte le nom de naissance. Certes, il est juste que les femmes fassent valoir davantage leur patronyme propre plutôt que celui de leurs époux. Mais ce n’est pas seulement ce qui est recherché dans cette suppression lexicale ; ce qui est visé, c’est aussi la sempiternelle galanterie masculine qui entoure l’usage de ce mot presque désuet (Coco Chanel, que je sache, ne s’en plaignait pas). Reste qu’il faudra faire pour un moment encore avec les anciens formulaires toujours en circulation. Que, d’autre part, l’habitude langagière risque fort de survivre à cette mesure ministérielle en présence de très jeunes personnes.

L’autre rapport concerne justement l’hyper-sexualisation des enfants et des adolescentes à travers la mode et la publicité. Il a été confié à la députée UMP Chantal Jouanno par ce même Ministère de la Santé et de la Solidarité que pilote Roselyne Bachelot. Ses arguments contre « des postures et des codes vestimentaires jugés trop précoces » sont cohérents. Et il y a sans doute lieu « d’endiguer ce phénomène en amont », notamment par l’interdiction des concours de beauté aux moins de 16 ans. Mais n’est-ce pas aussi une conséquence de ce modèle de société que leur gouvernement a, en partie, promu, favorisé ? Force est aussi de constater que ce rapport-là vient tard. Pour la petite histoire, nous dénoncions déjà, il y a près de vingt ans, la pédophilie latente d’une certaine publicité déguisant bon nombre d’enfants en adultes pour le plus grand profit des marques qui les produisent.   

Alors, combats d’arrière ou d’avant-garde que ces dossiers qui nous distraient un peu d’une actualité trop lourde, trop éprouvante ? Nous laisserons au temps le soin d’apporter la réponse.

 

                           Erik PANIZZA

21/03/2012

Sous le choc

 


Le carnage perpétré dans l’école juive de Toulouse a comme réveillé les vieilles peurs. Après trois militaires flingués par l’homme au scooter noir, trois jeunes enfants qui n’avaient d’autre tort que d’aller à l’école. Aujourd’hui, à l’heure où j’écris, l’auteur présumé de ces actes déments serait débusqué et cerné. Il se proclamerait disciple d’Al Qaïda. Ancien militaire en Afghanistan, il aurait des comptes à régler avec les exactions commises par les Israéliens sur des enfants palestiniens. Retranché dans un pavillon, il ne veut pas se rendre. On peut penser, s’il est vraiment endoctriné, qu’il tentera le tout pour le tout pour mourir en martyr car le suicide est interdit chez tous les Musulmans et donc chez tous les islamistes. La tension est palpable. Les corps des jeunes enfants rapatriés en Israël, l’inhumation des corps de nos soldats à Montauban aujourd’hui même. Et une campagne électorale en rade, au moins pour deux, trois jours. Oui, mais après ? Le thème de l’insécurité risque de revenir en force dans la campagne. On peut déjà parier qu’il sera savamment exploité par Marine Le Pen et une partie de l’UMP. Sarkozy osera-t-il monter ce cheval de bataille ? Un autre thème, celui de la nécessité de la présence de nos soldats sur le sol afghan, ne manquera sans doute pas d’encombrer nos journaux. Avec un arrière-fond violent, brutal, irraisonné qui donnera une teinte rouge sang à nos débats.


                               Yves CARCHON