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23/03/2012

De quelques dossiers urgents

 

 

                     

 

 

 

 Dans l’effervescence électorale et la valse des drames humains dont nous sommes, chaque jour, les spectateurs indignés, il est touchant et reposant de constater que certains ministres poursuivent imperturbablement leur mission législatrice - mission hautement civilisatrice, cela va sans dire. C’est le cas de Roselyne Bachelot dont le dernier combat en date n’est autre que la suppression du mot « mademoiselle » des formulaires administratifs. Plus exactement, notre Ministre de la Santé s’est faite, une fois de plus, le porte-voix à l’Assemblée Nationale des associations féministes (Osons le féminisme, les Chiennes de Garde) qui la réclamaient à cors et à cris au motif que cette désignation serait une atteinte à la vie privée des femmes. C’était le 21 février dernier, un grand jour certainement pour l’égalité des sexes. Désormais, la case « mademoiselle » devra disparaître des documents officiels et seul sera pris en compte le nom de naissance. Certes, il est juste que les femmes fassent valoir davantage leur patronyme propre plutôt que celui de leurs époux. Mais ce n’est pas seulement ce qui est recherché dans cette suppression lexicale ; ce qui est visé, c’est aussi la sempiternelle galanterie masculine qui entoure l’usage de ce mot presque désuet (Coco Chanel, que je sache, ne s’en plaignait pas). Reste qu’il faudra faire pour un moment encore avec les anciens formulaires toujours en circulation. Que, d’autre part, l’habitude langagière risque fort de survivre à cette mesure ministérielle en présence de très jeunes personnes.

L’autre rapport concerne justement l’hyper-sexualisation des enfants et des adolescentes à travers la mode et la publicité. Il a été confié à la députée UMP Chantal Jouanno par ce même Ministère de la Santé et de la Solidarité que pilote Roselyne Bachelot. Ses arguments contre « des postures et des codes vestimentaires jugés trop précoces » sont cohérents. Et il y a sans doute lieu « d’endiguer ce phénomène en amont », notamment par l’interdiction des concours de beauté aux moins de 16 ans. Mais n’est-ce pas aussi une conséquence de ce modèle de société que leur gouvernement a, en partie, promu, favorisé ? Force est aussi de constater que ce rapport-là vient tard. Pour la petite histoire, nous dénoncions déjà, il y a près de vingt ans, la pédophilie latente d’une certaine publicité déguisant bon nombre d’enfants en adultes pour le plus grand profit des marques qui les produisent.   

Alors, combats d’arrière ou d’avant-garde que ces dossiers qui nous distraient un peu d’une actualité trop lourde, trop éprouvante ? Nous laisserons au temps le soin d’apporter la réponse.

 

                           Erik PANIZZA

29/08/2011

Haro sur la publicité

 

                        

 

 

 

 Alors que de plus en plus de sociétés proposent aux particuliers d’héberger des panneaux publicitaires dans leurs jardins (pour peu que ceux-ci soient bien situés), un homme a récemment pris le contrepied de ces méthodes envahissantes de marketing. Il s’agit de Pierre Kung, 56 ans, un énergique viticulteur d’Agen. Pour 3000 euros, il a fait créer et monter sur 25 panneaux sa propre affiche, celle-ci disant sans détour : « la publicité vous manipule. Réagissez ! ». Inspiré par les Situationnistes, Pierre Kung entend ainsi dénoncer les excès de la publicité et inviter les passants à se poser des questions sur notre environnement médiatique. Souhaitons que son message soit largement entendu. Cette originale initiative fait écho à une autre affaire – en Angleterre, celle-là – visant deux publicités douteuses pour des cosmétiques. Dans le collimateur de la députée Jo Swinson les fonds de teint de Lancôme et Mayberline (filières de L’Oréal), respectivement vantés par Julia Roberts et Christy Turlington. Une enquête fit rapidement apparaître que leurs images avaient été retouchées à l’ordinateur, ce qui jette une ombre sérieuse sur l’efficience anti-rides de ces produits. Si les deux maisons concernées ont, en retour, insisté sur le sérieux de leurs recherches, elles n’ont pas pu taire qu’elles avaient eu recours à des techniques de post-production pour parfaire les images de leurs modèles. Et ont été, à juste titre condamnées à les retirer du marché.   

Citoyenne ou parlementaire, on ne peut que se réjouir de ces deux attaques contre la pieuvre publicitaire. Car dire d’une publicité qu’elle est mensongère n’est ni plus ni moins qu’un pléonasme. Peu ou prou, toute publicité l’est. Elle crée autour d’un produit donné une aura fictive pour le faire désirer. Ainsi, le discours publicitaire met en scène un monde idéal, quasi magique, qui n’a rien à voir avec la réalité quotidiennement vécue par les hommes et les femmes de notre temps. A l’heure actuelle, la publicité est l’un des plus sûrs vecteurs de l’aliénation collective par la consommation. Mais c’est à chacun d’entre nous de prendre ses distances avec le système d’exploitation et de profits insensés dont elle est l’un des noms.

 

                                          Charles CIGALA