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19/03/2012

Variations sur le mot « race »

 

                   

 

 

 Réunion plutôt houleuse, mardi 13 mars, sur le plateau de « Ce soir ou jamais », l’émission hebdomadaire de Frédéric Taddéi. L’animateur y recevait, entre autres invités, l’ex footballeur Lilian Thuram et la journaliste Elisabeth Lévy pour commenter une récente affirmation de François Hollande – selon laquelle le mot « race » doit disparaître de notre Constitution. La directrice de « Causeur », on le sait, est prompte à la répartie: c’est même ce que l’on apprécie chez elle. Mais prendre à la lettre la proposition – manifestement au second degré – du candidat socialiste montre, une fois de plus, que l’on a souvent les défauts de ses qualités ; et que la parole, chez elle, est plus rapide que la pensée. Car qui pourrait vouloir, rationnellement, supprimer du lexique un mot aussi fondamental que le mot « race » ? Qui pourrait d’ailleurs croire qu’en le supprimant, on pourrait supprimer avec lui le racisme ?  Face à elle, l’auteur de « Mes étoiles noires » s’efforçait de camper sur sa position angélique.  Selon Lilian Thuram, il n’y  aurait tout simplement pas de races chez  les hommes, ou plutôt il n’y en aurait qu’une : la race humaine. Si  Elisabeth Lévy avait beau jeu de le tacler sur sa double postulation – ses références à la négritude et sa croisade anti-raciste -, il est quand même affligeant qu’elle ait pu, soumise à la question par son interlocuteur, entériner une thèse aussi ingénue. Dire qu’il n’y a « que la race humaine » relève, en soi, d’une confusion entre race et espèce. Quiconque s’est penché sur ce sujet avec un minimum d’ exigence scientifique sait qu’il y a trois groupes humains : la race jaune ou mongoloïde, la race noire ou africanoïde et la race blanche ou circo-caucasienne. Pas question ici de confondre race et ethnie ou de nier la part immémoriale du métissage dans cette approche de l’humanité. Il n’y a pas de race pure, c’est entendu, mais il y a néanmoins des différences (biologiques, morphologiques) qui font que l’ont peut parler sans fausse honte de « race » à propos de ces trois principaux groupes humains. Le racisme consiste – c’est sa mauvaise foi profonde – à les hiérarchiser, au bénéfice bien entendu de la race blanche. Aucun esprit éduqué ne doit logiquement céder à cette tentation. Mais aucun esprit éduqué ne doit, non plus, avaliser ce catéchisme abêtissant du « politiquement correct » qui ne sert, finalement, qu’à donner du grain à moudre aux ennemis de la démocratie.

 

 

                                 Bruno DA CAPO   

17:44 Publié dans numéro 9 | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : thuram, lévy, race, lexique

15/03/2012

Bruissements (5)

 

 

 

 

 

Bayonne : Nicolas Sarkozy pensait-il déguster une tranche du fameux jambon en se rendant à Bayonne, le 1er mars dernier ? Hélas pour lui, la saison était plutôt aux œufs brouillés - ceux lancés directement sur sa voiture avec force sifflets et lazzis. Il faut dire que le comité d’accueil, composé en grande partie de séparatistes basques, n’était pas, cette fois, à sa botte. Et son état-major – NKM en  tête – d’accuser les socialistes d’avoir ourdi cet attentat contre sa royale personne. Comme si François Hollande avait accusé l’UMP d’avoir commandité son enfarinement à Lille, le mois d’avant. Comme si le locataire de l’Elysée, malgré ce qu’il peut déclarer, vivait depuis cinq ans une histoire d’amour sans nuages avec la France.

 

Adoubement : quand les soutiens manquent chez soi, pourquoi ne pas aller les chercher à l’étranger ? C’est ce qu’a fait notre cher président en appelant à la rescousse tout ce que l’Europe compte en dirigeants droitistes, d’Angela Merkel à David Cameron. Une façon de se faire adouber, par ces temps de fédéralisme européen, ou un simple aveu de faiblesse ? Seulement ces chefs de gouvernement sont aussi les représentants d’une majorité politique et, à ce titre-là, ils ne peuvent avoir le statut de sages. D’autre part, ils ne représentent pas, bien sûr, la seule politique possible en Europe. Leur prise de position en faveur de Sarkozy est parfaitement illégitime. François Hollande a eu beau jeu de rappeler que cette élection présidentielle est d’abord celle du peuple français. Et celui-ci, moins que jamais, n’a pas l’intention de se la faire confisquer par des instances extra-nationales.  

 

Humilité : une autre astuce présidentielle est de changer, comme on dit, son fusil d’épaule. Oubliées les déclarations fracassantes et volontaristes de sa campagne de 2007 ; voici venu le temps de la repentance et de l’humilité, du moins devant les caméras. Pour peu il se ferait passer pour le protecteur des plus pauvres. Il aimerait bien apparaître aux yeux des Français comme ce président du peuple, ne songeant qu’aux intérêts de la France, sacrifiant sa vie personnelle pour elle. Le loup perd ses poils mais pas ses vices. Et les Français – peuple de  sceptiques s’il en est – ne risquent guère d’être dupes de ses véritables intentions, même s’ils apprécient certainement sa performance de comédien. Sarkozy est allé jusqu’à réaffirmer que, dans le cas où il serait désavoué par les urnes, il abandonnerait la vie politique. Souhaitons qu’il tienne au moins cette promesse dans le cas – probable – où cette hypothèse se réaliserait bientôt. Pour le bien, sinon de la France, du moins des Français. Et peut-être aussi pour son bien propre….

 

Divisions et convergence : il y a des déclarations politiques qui ne manquent pas de saveur. C’est ainsi que ces jours-ci, quelques ténors de l’UMP ont accusé les médias d’être partisans – au profit de François Hollande. Selon eux, journaux et télés n’en n’auraient que pour le candidat socialiste (qui baisse malgré tout dans les sondages), négligeant de répercuter la seule parole qui vaille, c'est-à-dire celle de leur champion. Comme si Nicolas Sarkozy n’avait pas les moyens de se faire entendre quand il le souhaitait. Pour mieux diviser le camp de gauche, on ressort une vidéo vieille de quinze ans où Mélenchon critique Hollande. La belle affaire ! C’est mesquin et signe, à l’évidence, d’un certain désarroi à droite. Heureusement qu’il y a, au moins, une proposition qui fait l’unanimité de l’extrême gauche à l’extrême droite : celle de taxer plus lourdement les évadés fiscaux. Peut-être un début de « mélenchonisation des esprits », selon le mot goguenard du leader du Front de Gauche.

 

Homs : correspondante en Syrie du Figaro, Edith Bouvier n’aura pas connu la triste fin de Gilles Jacquier et de Rémi Ochlik : tant mieux ! Blessée à la jambe, la journaliste a pu, après maintes tractations, être évacuée de la ville martyre de Homs et ramenée dans notre douce France. A ceux qui se demanderaient ce qu’elle était allée faire dans cet enfer syrien, il n’y a qu’une réponse à fournir : son métier. Et si à quelque chose malheur est bon, ces victimes occidentales aideront peut-être à l’accroissement des sanctions internationales – voire à une intervention  militaire – contre le boucher de Damas.

 

 

                                Erik PANIZZA

12/03/2012

Les avatars d’Ulysse

 


La campagne électorale va son train, à coups de petites phrases, de dérapages verbaux, de palinodies calculées et de repentirs impudiques. Il semble qu’on soit entré dans une surenchère de multiples promesses entre les challengers, alors qu’on sait que l’avenir qui nous attend est celui de l’Espagne, de l’Italie et qui sait de la Grèce. Les grands problèmes semblent gommés de la campagne. N’en pas parler surtout, il faut communiquer et rassurer ! Que peut une campagne qui ne dit pas les vrais enjeux qui nous occupent, lesquels très vite nous rattraperont ? C’est très précisément à quoi nous sommes confrontés aujourd’hui même. Même les médias s’enferrent dans leur proximité avec les politiques. Quoique les bons docteurs puissent dire sur notre état chagrin, la crise est grave et loin d’être guérie. Les médecins de Molière sont kyrielle. Mais nous, qui sommes malades, qu’y pouvons-nous ? On ne veut plus de Sarkozy, l’affaire est entendue. Veut-on pour autant de Bayrou, d’Hollande, de Marine et du fier à bras Mélenchon ? Pas plus. La quadrature est là : si l’on veut se débarrasser de l’hôte de l’Elysée, si humble quand il est en campagne, si arrogant quand il est au pouvoir, il faut voter Hollande, qu’on ne sent pas très fiable. Qu’en est-il par exemple de sa stature auprès des autres dirigeants du monde ? Bayrou ? Il y a du Don Quichotte en lui, et les moulins qu’il pourfend vaillamment par son « produire en France » sont les  cours financiers, la pagaille du monde qui n’est, il faut le dire, plus régie par personne. Marine Le Pen veut nous réduire à revenir au franc. Pourquoi pas au denier ? Mélenchon, en tribun convaincu, sait bien que les mots seuls ne peuvent changer le monde... Une telle agitation donne bien sûr le tournis. Il semble que nous, Français, sommes à côté de nos baskets dans ce Monopoly qu’est devenu le monde. Nous n’avons pas encore pris la mesure qu’une élection n’obéit pas aux mêmes règles qu’une téléréalité ou qu’un jeu vidéo. Nos concurrents économiques mondiaux ne seront pas réduits en appuyant uniquement sur un bouton. Mais notre peuple vénère les beaux discours et le chant des sirènes. Je crains qu’Ulysse ne rejoigne son île d’Ithaque déguisé en Français. Pire même : en mendiant bleu-blanc-rouge !

                                             Yves CARCHON